Mike Sanchez au Café Roskam, Bruxelles, le 7 juin 2011

Publié le 07 juin 2011 par Concerts-Review

19:45', tu te décides à quitter ta riante campagne pour t'enfoncer dans la jungle urbaine, deux pas en direction de ta charrette et des trombes d'eau s'abattent sur ton crâne autrefois chevelu.
Ces conditions climatiques ont comme conséquence fâcheuse un trafic des plus chaotiques dans les artères de notre cosmopolite capitale, sans compter que larguer ton antique brouette du côté de la place Sainte-Catherine, même en ayant brûlé 29 cierges au pied de la statue de la patronne des barbiers, n'est pas une sinécure.
A 20h30', trempé jusqu'à la moelle, tu trouves refuge au  Café Roskam, rue de Flandre.
L'endroit est peu peuplé en ce début de soirée ( il sera plein à 22h) et, en fond de salle, tu remarques un piano électrique, un siège, un micro te permettant de subodorer, tout comme Daniel Spirit of 66, une performance solo de Mike Sanchez!

21h10', le gominé Patriiiick Ouchène introduit  Mike Sanchez: one of the most exciting and charismatic performers of Rhythm & Blues and Rock 'n' Roll in the world today...
Jesus Miguel Sanchez s'installe derrière le FP4 Roland et attaque un premier boogie fébrile ' Girls all over the world', les magic fingers en action, quelques mimiques faciales pour amuser la galerie: c'est parti sur les chapeaux de roue et ça va pas s'arrêter pendant un set de plus de 70'!
1953' One scotch, one bourbon , one beer', au boulot, bartender!
Une petite séquence crooning après les libations: 'Hurtin' inside', les bonnes femmes, que des menteuses malmenant ton petit coeur!
Blues & doo wop avec le juteux 'Kiddio' de Benton Brook, au répertoire de John Lee Hooker.
Vous savez, Bruxelles, solo shows I only play once in a while, it's a challenge for me...
Tu parles, ce mec a foulé toutes les scènes de la planète!
Il enchaîne sur un boogie-woogie infernal avant de ralentir le tempo en reprenant le standard popularisé par Fats Domino' Blueberry Hill'.
Ce drôle est tout bonnement colossal, il a le don de nous replonger en plein fifties en te balançant un rock frais, super efficace avec juste les pointes de folie nécessaires pour enflammer une foule.
Pas d'allures de rockstar: simplicité, bonne humeur constante, énergie débordante, un jeu digne du Killer et une voix aux multiples registres, passant sans problèmes du latin lover au raspy shouting à la Little Richard ou au Elvis crooning... la classe!
Le country/blues 'Parchman farm' sera suivi d'une version incandescente de 'Kansas City' en nous narrant que Little Willie Littlefield fut une influence majeure.
J'aime les black blues shouters, Wynonie Harris, par exemple: 'Bloodshot eyes'!
C'est l' Encyclopædia Britannica du rock, Mr Sanchez!
Après un rhythm'n blues huileux... that was the best mistake you ever made... un virage rock avec le speedé 'I'm ready' ...We're gonna rock, we're gonna roll until tomorrow night... il est bien parti pour tenir cette promesse, le bougre!
Tout, il peut jouer: le country ' Blue Boy' de Jimmy Reeves pour continuer en chanteur de charme 'I'm gonna sit right down and cry over you', le King revit par la grâce d'un little Spanish-English boy.
Bruxelles, mes petits doigts me font mal, I need to play something really light: le slow purulent 'Pledging my love'.
Les Stones l'ont piquée à Chuck Berry, qui l'avait pompée à Amos Milburn, l'original date de 1940: 'Down the road a piece' un boogie-woogie de la plume de Don Raye, interprété par le Will Bradley Trio.
Grosse claque dans la poire:' Hello Josephine', suivi de 'Blue Monday', encore un imparable du Fat Man.
Pas le temps d'applaudir, le sauvage a déjà embrayé sur le fulgurant 'I want you to be my baby' scandé par le bistro entier.
Une confession 'I'm mad', grimaces à l'appui et le savoureux 'You never can tell'.
Vingt titres de feelgood music viennent de défiler, c'est pas fini: un ragtime de 1902, 'The Entertainer' de Scott Joplin, inoubliable soundtrack du 'Sting' avec les monstres sacrés Paul Newman et Robert Redford.
Luis Mariano à la rencontre de Dean Martin, un 'Besame Mucho' désopilant pour terminer le set avec le brillant 'Fever'.
Moment fiévreux, une poupée/rockabilly gal se pointe face au pianiste pour l'émoustiller avec un numéro hot, hot, hot.. digne de Rita Hayworth en Gilda, la femme fatale par excellence!

Break: direction le bar, pendant que le crack dédicace ses CD's.
La pause se prolonge, il sera 22h50' avant l'amorce du second set!
Retour au front avec un boogie medley: J L Hooker 'Boom Boom' , Muddy Waters ' You need love' et un doublé Slim Harpo 'I'm a king bee'/ ' Shake your hips', histoire de mettre la barre au dessus du record de Tia Hellebaut!
La soupe tourne rockabilly ..tell me, tell me, baby...qu'est ce qui cloche.. I bought you fine clothes et une chouette bagnole et le reste aussi ... alors, quoi?

On descend profond dans le Sud ' Deep down in the heart of Texas' ( Geraint Watkins) , cruisin dans ma Cadillac, radio branchée!
Asskicking rockabilly, aussi rond que du Dave Edmunds!
Y a pas mal de jeunes gens de moins de 25 ans dans ce troquet! Vous vous dites, il est pas mauvais cet amuseur public, mais je vous rappelle, en toute modestie, avoir foulé les mêmes scènes que Robert Plant, Jeff Beck, Bill Wyman ( le 10 décembre 2007 on jouait en guest au Led Zeppelin reunion show), Gary Brooker (Procol Harum) et les Big Town Playboys, avec lesquels on a amusé Charles et Diana, ce soir je me produis au Roskam, quel honneur!
'I'm gonna tell my mama' suivi d'une superbe heartaching blues ballad composée par Charles Brown... you broke my heart that night you went away...
Que voulez-vous entendre, bonnes gens?
Du boogie, Mike!
Va pour un boogie traitant de problèmes relationnels... tu vas le regretter, baby, the way you mistreat me... tous ces durs n'arrêtent jamais de pleurnicher!
Le slow des années trente,' Bewildered' , plus proche des Notting Hillbillies que de James Brown, sera suivi d'un Jerry Lee Lewis à couper le souffle 'Breathless'.
A fond le caisson, les pintjes sautent en mesure sur le comptoir.
Vamos a Mexico con Trini Lopez!
Une version hargneuse de ' La Bamba', paupières closes, imaginez 2 ou 3 violons et un essaim de trompettes.
Olé!
Non, Patrick, peux pas te jouer ce que tu me demandes, d'ailleurs écoute le téléphone sonne...
C'est pas Claude François... hello, baby, this is the Big Bopper speaking... 'Chantilly Lace', distingué comme la dentelle de Bruxelles.
La belle Imelda: Mike, play me my song!
Elle est pour toi, petite: ' Goodnight, my love', à faire pâlir Nat King Cole ou Jesse Belvin.
On revient au rock avec le bondissant et expressif 'No particular place to go'.
My name is Mike Sanchez, thank you for coming...Aha, aha, vous pensiez que c'était fini, petits crabes!
Un 'Wild One' ( ou 'Real Wild Child') qui cogne dur!
Now it's over, bonne nuit!

Ouchène: 'Do you want more'?
Bête question, Copycat!
Feu: un doublé satanique, ' She's gone away' et 'Red Hot Mama' !
Le responsable rallume les néons pour bien signifier que la fête est finie, il est minuit moins cinq, nous sommes en 2011... bye bye James Dean, Marlon Wild One Brando, les poodle skirts, les ducktails & sideburns, le pigeonnant Lou n°9, les gaines glamour, la Chevrolet Bel Air ou la Ford Fairlane... back to insanity!