A table !
En fait les étoiles de mer sont des opportunistes qui peuvent se nourrir d’à peu près n’importe quoi, il existe des étoiles de mers suspensivores, ou encore dépositivores, s’est à dire absorbant les particules alimentaires en suspension ou déposée sur le fond marin. Mais le plus souvent, les étoiles de mer sont des prédateurs, et ce malgré leur vitesse de déplacement particulièrement lente : 8 cm par minute (à peine plus rapide qu’un escargot)… Conclusion évidente si le prédateur est lent, les proies sont encore plus lentes, citons par exemples certains vers ou crustacés, d’autres échinodermes, ou enfin et surtout des mollusques bivalves quasi-immobiles tels que la moule.
Mais comment fait l’étoile de mer pour ouvrir un bivalve barricadé derrière sa coquille quand nous humains "géniaux" nous éprouvons les plus grandes peines du monde à ouvrir une malheureuse huitre les soirs de réveillons…
Sortez les podia de biches !
La réponse tient en deux mots : la force tranquille ! C’est une sorte de bras de fer sous marin qui s’engage lorsque l’étoile de mer débusque un bivalve. L’étoile de mer est en effet munie dans chaque bras de 4 rangées de podia ou podies ou podions ou pieds ambulacraires ou ...STOP! Ce sont en fait des petits "tentacules" munis d'une ventouse en lien avec un système hydraulique très complexe : le système ambulacraire. Il faut imaginer ce système comme un ensemble de tuyaux et d’ampoules qui peuvent se remplir ou se vider d’eau et ainsi actionner les podia par un jeu de pression différentiel.
Ces podia utiles pour la locomotion [vidéo ci dessus], peuvent également exercer une force étonnante (10 Newtons environs). Sur la durée cette contrainte peut faire céder à peu près n’importe quel mollusque, puisque l’apport en oxygène nécessaire pour faire fonctionner les muscles fermant la coquille dépend de l’ouverture de ladite coquille… A l’instant où le bivalve cède à la fatigue et où la coquille s’ouvre, l’étoile se rue sur l’occasion pour - tenez vous bien - sortir son estomac par la bouche ! Vous pouvez vous imaginer, après avoir ouvert une glacière blindée, vomir votre estomac à l’extérieur de votre corps et le projeter dans cette glacière pour en digérer le contenu… sympathique n’est-ce pas! Bref une fois l’estomac dévaginé (c’est le terme exact) en dehors du corps la digestion externe commence immédiatement et peut durer une dizaine d’heures pendant lesquelles l’estomac reste à l’extérieur. L’estomac est ensuite réintégré et la digestion se termine tranquillement à l’intérieur de l’étoile de mer jusqu’à la prochaine fois.
Autres anecdotes…
- Les étoiles de mers possèdent un fort potentiel de régénération, et la perte de 4 bras sur 5 n’est pas un problème tant qu’il reste un peu du disque central. Ce potentiel régénératif est également valable pour les organes internes qui, lorsqu’ils montrent des signes de faiblesses sont évaginés et abandonnés par l’étoile de mer. On désigne ce phénomène sous le terme de régénération par eviscération.
[Cette "asteroïde", présente une forme dite "comète" avec la régénération en cours de 5 bras (appréciez à leur juste valeur ces jeux de mots de qualité!) ]
- En fait vomir ses tripes un peu partout pour les régénérer semble une pratique courante chez les échinodermes. En effet, certains concombres de mer (Holothuries) peuvent également dévaginer une partie de leur système respiratoire tubulaire via leur anus lorsqu'ils sont menacés. L'objectif étant d'occuper le prédateur qui va s’empêtrer dans ces tubes gluants et éventuellement s'en nourrir, le temps que notre concombre puisse s'enfuir. C’est un moindre sacrifice puisque ces tubes pourront comme les autres organes être régénérés par la suite.
Un peu plus haut je vous précisais chers lecteurs attentifs, que les étoiles de mer peuvent se nourrir de crustacés, mais comment est-ce possible étant donné la mobilité de ces proies, me direz-vous? Stegnaster inflatus imite en se décollant légèrement de la surface des rochers un petit abri, et si une quelconque crevette a le malheur de venir s’y reposer, le piège se referme immédiatement (un peu comme cet article) !
Bref vous l’aurez compris chez les « lents » la course aux armements n'est pas moins lente que pour les autres prédateurs. Au fur et à mesure que les proies s'adaptent par divers moyens de défenses, les prédateurs doivent trouver des solutions et ici elles sont plutôt originales.
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