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Les participants importants de la campagne 2007 sont tous confrontés actuellement à un défi commun : comment faire neuf en 2012 ? De façon surprenante, ils peinent actuellement à trouver de nouveaux ressorts. C'est le cas pour Ségolène Royal mais pas exclusivement.
L'année 2012 sera d'autant plus intéressante que deux élections présidentielles vont intervenir à six mois de distance, en France puis aux Etats-Unis.
Dans les deux cas, les sortants seront candidats. A ce jour, tout différencie la stratégie de Nicolas Sarkozy face à celle de Barack Obama pour préparer 2012.
Nicolas Sarkozy semble vouloir revenir sur les bases de 2007 : sécurité, énergie, choc frontal avec la gauche.
Cette logique de "droite décomplexée" qui avait remarquablement réussi en 2007 peut-elle fonctionner de nouveau pour 2012 ? Il y a matière à en douter non seulement par l'impact d'un bilan mais surtout par l'impact de la crise économique de fin 2008.
La France de 2011 ressemble peu à celle de 2006 notamment dans son rapport à la réforme. L'actuel débat sur "l'assistanat" en est une illustration. En 2006, la mode était "à la France qui se lève tôt et au travailler plus pour gagner plus". En 2011, le climat est au "travail sécurisé" avant même de penser à "gagner plus". C'est de protection et de justice (donc d'une forme d'égalité) face à la crise dont l'opinion a besoin. "La chasse aux assistés" inquiète maintenant parce que qui peut désormais dire qu'il n'aura pas besoin demain d'un filet de protection ?
De même sur le calendrier d'engagement de la campagne, Nicolas Sarkozy fait campagne au pouvoir, dans l'exercice même du pouvoir. En 2006, il était le "rebelle de l'intérieur" face au pouvoir présenté comme "endormi". Le bilan était alors pour partie le sien mais l'opinion pensait que demain serait différent une fois que NS détiendrait entièrement le pouvoir. Là, il est détenteur de tout le pouvoir. Comment laisser penser que demain puisse alors être si différent d'hier ?
Du côté d'Obama, les choses sont très différentes :
1) il a déjà installé officiellement son équipe de campagne distincte de celle de la Maison Blanche pour un vote qui intervient pourtant six mois plus tard qu'en France,
2) tout est préparé, construit, assumé autour d'un thème explicite : 2012 ne sera pas 2008 !
3) sur le plan de la logistique, de nombreuses approches changent dans sa préparation :
- en 2008, c'était Internet pour accélérer le message entre un émetteur et un très grand nombre de récepteurs. En 2012, c'est Internet pour une foultitude de campagnes quasi-individuelles partagées dans une logique de one-to-one,
- c'est un recours permanent à Twitter pour faire partager l'info en live et non plus pour signaler un contenu sur un site,
- c'est le recours à de nouvelles techniques pour accélérer la géo-localisation,
- ...
Sans le moindre parti pris partisan, le constat technique dégage deux approches très différentes pour une même question : comment garder un temps d'avance pour deux campagnes qui avaient été remarquablement réussies lors de la première conquête du pouvoir ?
Cette différenciation est-elle provisoire ou demeurera-t-elle ?
Cette même course au neuf est le point de passage pour d'autres prétendants.
Ségolène Royal semble toujours scotchée à la démocratie participative mais pour quel contenu en 2011 ?
François Bayrou est pour le moment réfugié dans le silence. Mais que fera-t-il de différent quand il quittera cette posture ?
C'est surprenant de constater que la course à l'avance et au changement qui avait été le socle des révélations 2007 n'a pas de comparable à ce jour. Pendant longtemps encore ?