L'adolescent prendra son train aux alentours de huit heures et ces quelques francs gagnés lui permettront de traverser Paris de long en large, de rive droite à rive gauche, espérant dégotter ce job qui pour lui serait signe d'une vie nouvelle et d'indépendance totale ; et même si avec le temps cela semble plus calme au domicile familial, ce cordon qui le liait autrefois à sa mère semble se détacher filandreusement, sans aucune violence et avec ce désir de ne jamais vouloir meurtrir personne.
L'ambiance au domicile familial est plus calme en effet ; maintenant le père de l'adolescent se saisit plus aisément de son cubi de vin rouge de table et c'est de l'autre main, encore douloureuse, que l'homme penche l'un après l'autre les deux verres à moutarde sous le goulot du tonneau de plastique.
Maryse est de la partie maintenant. Elle s'invite à la table basse, s’assoit sur le canapé près de son mari pour y déguster ce vin âcre et de qualité mauvaise. C'est jusqu'à la dernière goutte que rendra le cubi qu'ils resteront ensemble, assis l'un près de l'autre sur le canapé à tenter de retrouver cet amour qui fit de leur vie un nid douillet parsemé de fleurs et de pétales de roses jusqu'à l'arrivée de mauvaises herbes et de ronces que personne n'aura su débroussailler à temps.