Le diktat de la rue reste encore bien présent dans le quotidien des malagasy, que ce soit dans les grandes villes que dans les coins les plus reculés. De plus en plus, des contestations des décisions de justice se font jour au moment où l’on s’y attend le moins. Antalaha par exemple a vu quelques opérateurs économiques se ruer au Parquet du tribunal, avec leurs « partisans », pour exiger la mise en liberté provisoire des trafiquants, présumés, de bois de rose que les autorités ont appréhendé lors de la dernière opération d’envergure contre le trafic de ce bois précieux. Le côté risible de la situation réside dans le fait que ces opérateurs, à défaut d’avoir eu raison ont réclamé ni plus ni moins le départ du procureur suite à leur demande insatisfaite ! Dans cette région donc, ils sont au-dessus des lois ? Ce sont eux qui dictent ce que doivent faire les représentants de la loi ? Pas étonnant que les réseaux de trafic aient été difficiles à démanteler, les représentants de ce qu’on pensait être l’autorité et la loi étaient, et le sont encore peut-être, à leurs bottes. A ce rythme là, on peut dire adieu à tout ce qu’on espérait ardemment protéger, adieu à tout l’écosystème si précieux des forêts, ou du moins ce qu’il en reste, car on n’est pas près de sortir de l’auberge.
Le trafic de bois de rose est en fait doublé d’un trafic d’influence monstre qui touche tous les rouages de l’administration dans toutes les parties de l’ile concernées par l’extraction, l’acheminement, le conditionnement, l’expédition de ces richesses. Comment concevoir que depuis tout ce temps, des bois pesant des tonnes et représentant un volume relativement important puissent passer « inaperçus » aux yeux des représentants de la loi ? Sûr que ces derniers ont été rendu aveugles à bon escient ! Alors, à moins de coffrer tout ce beau monde là, et cela représentera un beau paquet, il serait désuet d frapper des coups sporadiques qui une fois traités sont encore contesté par la rue. Et comme on sait que les mouvements et les contestations de la rue sont d’un certain poids pour le pouvoir, ce ne sera que chimère que de poursuivre les trafiquants, ceux qui se feront chopper ne seront que du menue fretin, les gros poissons eux se prélasseront toujours à l’ombre de leurs vérandas, sirotant tranquillement leurs apéros tout en devisant tranquillement sur la prochaine campagne de … déboisement et les opérations « aveuglements » qui s’y rattachent. Dépitant comme truc mais ainsi va le monde, Madagascar est condamné subir cet état de chose ad vitae aeternam.