Pourquoi Mélenchon est-il sous-estimé dans les sondages ?

Avant de commencer à répondre à cette question, il me faut d'abord justifier l'affirmation qu'elle contient, selon laquelle Jean-Luc Mélenchon serait sous-estimé dans les sondages.

Pour penser cela, je me base sur trois éléments. Le premier vient du fait que le Front de gauche a toujours réalisé aux élections des scores supérieurs à ce que lui prédisaient les sondages. Parfois de peu, mais toujours en hausse. Ce fut le cas aux européennes, aux régionales et aux cantonales. Les cantonales, justement, parlons-en. Pour démontrer que le Front national avait réalisé un gros score, on a souvent parlé des seules circonscriptions où il présentait un candidat. Curieusement, une telle démarche n'a jamais été effectuée pour le Front de gauche. Elle aurait pourtant permis de constater qu'il réalisait non pas 8 %, mais dépasser les 10 %, ce qui constituait là aussi une forte progression.

Enfin, il y ces sondages que je qualifierai de curieux, si ce n'est plus. Quand Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot étaient tous les deux candidats, leur cumul oscillait entre 12 et 15 %. A lui seul, Jean-Luc Mélenchon était donné entre 5 et 7 %. Avec le retrait du porte-parole du NPA, on pourrait penser que le score de Mélenchon progresserait, si ce n'est de la totalité, au moins en partie. Pourtant, il n'en est rien. Mieux, inexplicablement il baisse et n'est plus donné qu'entre 3 et 5 %. Etrange, non ?

 On voit donc bien qu'il y a une volonté de sous-estimer les scores du Front de gauche en général, et de Jean-Luc Mélenchon en particulier. J'en reviens donc à ma question initiale, pourquoi ?

 Tout d'abord, constatons que dans le même temps, Marine Le Pen effectue dans les mêmes enquêtes sondagières, une percée spectaculaire. Si je considère que les idées défendues par le Front national sont dangereuses pour la démocratie et la République, je constate aussi que la présence de Mme Le Pen au second tour serait la garantie d'être élu pour le candidat PS ou UMP face à elle. Pour l'instant, qu'elle fasse un score élevé ou pas, Mme Le Pen ne met donc pas en danger le système.

Il n'en est pas de même pour le Front de gauche et pour Jean-Luc Mélenchon. Ce côté là de l'échiquier politique a toujours porté en lui des valeurs de justice, d'égalité et une volonté profonde de changement de la société. On l'a vu dans le passé, quand le Parti communiste réalisait des scores équivalents à ceux du FN aujourd'hui, il était porteur d'espérances et constituait une force d'opposition à tous les échelons de la société, une force capable parfois par les grèves où les manifestations, d'imposer ses vues. Il est donc évidemment qu'un système économique basé sur l'inégalité et soutenu par les deux principaux partis au pouvoir, a donc tout intérêt à juguler et minimiser cette force pour continuer à agir en toute impunité.

Le Front de gauche fait peur. D'autant plus que si le PCF s'est écroulé ces 20 dernières années, il y a encore dans ce pays 3 millions de personnes qui ont voté par un candidat se revendiquant du communisme à la dernière présidentielle. Il existe donc bel et bien un vrai potentiel électoral, mais pour cela, il faut mettre fin à la division et trouver un candidat charismatique. Or, avec le retrait d'Olivier Besancenot, et même si le NPA présente un autre candidat, et avec Jean-Luc Mélenchon, ces deux conditions sont en passe d'être réalisées. Les scores relativement faibles donnés à ce dernier dans les sondages récents n'ont donc qu'un but, créer le doute chez les sympathisants communistes et empêcher le Front de gauche d'avoir une candidature crédible.

Pour moi, il ne fait aucun doute que dès que sa candidature sera validée par les militants communistes, Jean-Luc Mélenchon va se lancer à corps perdu dans la campagne électoral. Et il sera excellent, parce qu'il est le seul à porter une vraie parole politique, à défendre des idées et non pas une image. Il est le seul à faire la connection entre ce qui se passe ici en France, et dans les pays du sud, à avoir une vision d'ensemble de tous les problèmes. Il est donc bel et bien dangereux pour le système, et les sondages seront donc manipulés jusqu'au bout.

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