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L'affaire dsk

Publié le 08 juin 2011 par Blanchemanche
Depuis quelques semaines en France, il est devenu presque impossible de parler d’autre chose que de « l’affaire DSK ». Dans un déferlement continu d’informations supposées, ressassées et contradictoires, dont le seul intérêt est de maintenir les taux d’audience, les déclarations les plus saugrenues se succèdent, du macho impénitent qui excuse le viol en le confondant avec la gaudriole, à l’imprécation réduisant allègrement le féminisme au puritanisme anglo-saxon. Les semaines, les mois diront (peut-être) si les rumeurs de coup monté nées des incohérences du récit de l’accusation, et des intérêts internationaux en cause dans l’avenir du FMI ont quelque consistance. Les drames personnels et familiaux de chacun des protagonistes, victime accusatoire et coupable présumé, ne relèvent que de la justice, et de la morale, et sont déjà exacerbés par la fournaise médiatique et ceux, ici et là qui en tirent profit.
Nous ne serons pas hypocrites : l’élimination du jeu politique français d’un politicien de haut vol, ultra-libéral travesti en homme de gauche, responsable direct avec le FMI des vagues d’austérité sociale, de privatisations, qui parcourent l’Europe et le monde, ne nous tire pas une larme. Encore faut-il se poser la question quand un candidat potentiel est mis hors jeu, au profit de quel autre l’est-il ? N’est-ce pas Sarkozy qui se fait ainsi une santé dans les sondages et la droite française avec lui qui peut ainsi montrer plus attaché au fric et au sexe que lui ? Plus grave encore : n’est-ce pas encore une fois un argument supplémentaire pour déconsidérer les politiciens en général, jugés tous corrompus, libidineux, menteurs ; du pain bénit pour la mouvance abstentionniste, et l’extrême-droite de Marine Le Pen…
La seule leçon de bon sens que devraient lire nos concitoyens dans ce maëlstrom m édiatique, c’est découvrir à quel point le discours de la droite actuelle contre la justice française, asphyxiée par manque de moyens, mais héritière encore des principes de la Révolution de 1789, est mensonger. Ils rêvent de supprimer les juges d’instruction, qui enquêtent sans dépendre du pouvoir politique, à charge et à décharge, et voudraient les remplacer par le système en usage aux USA. Nous l’avons vu ici en action, et tout spectateur attaché aux libertés individuelles et collectives arrachées à notre histoire ne peut qu’en être terrifié. C’est aux USA, le seul procureur, avec les policiers à son service, qui mène l’enquête, uniquement à charge. Son seul rôle est de prouver la véracité de l’accusation, du présumé coupable (et non présumé innocent comme en droit français). Ce n’est qu’après plusieurs semaines de procédure que l’accusé pourra, avec ses avocats, tenter de démontrer son innocence, sans avoir connaissance des charges précises d’accusation, sans avoir eu accès à la scène de crime avant que journalistes et curieux n’en aient piétiné les indices. Par ailleurs, procureurs et juges sont élus localement et, de ce fait, totalement soumis aux désirs des médias qui, seuls, assurent leur réélection. Cela explique pourquoi ils livrent volontiers aux photographes de presse et télé (ça fait vendre…) l’image d’accusés hagards, mal rasés, menottés, coupables évidents au sortir de jours et de nuits d’interrogatoires. Ajoutons pour ceux qui l’ignorent que les brutalités policières sont plus fréquentes qu’en France car aucunement contrôlées, que toute interpellation d’automobilistes en goguette relève du western, que le racisme sévit dans la police et les prisons où des milliers de condamnés attendent l’exécution, que cette justice que certains Français croient la même pour tous est totalement inégalitaire par le système des cautions (celui susceptible de dépenser des millions de dollars, comme Strauss-Kahn, est libre inculpé, le pauvre, noir ou latino, croupit en geôle. En fait le système policier et judiciaire des USA est un des plus archaïques du monde, à ne reconnaître ni la présomption d’innocence, ni l’égalité devant la loi, ni l’objectif de réhabilitation des criminels et délinquants, reconnus par le droit français depuis 1792.
Dernière dimension enfin de cette affaire DSK, l’emballement médiatique est un dérivatif bien commode pour occulter les vrais problèmes des Français.
Les palinodies du tourisme sexuel de DSK permettent de ne pas parler d’un programme politique pour les élections de 2012, d’oublier que rien ne changera en France sans nationalisation des grandes banques, contrôle par les citoyens de la monnaie et de l’économie, sans sortie de l’Europe supra-nationale et de l’OTAN.
Ces derniers jours , englué déjà en Afghanistan et en Afrique, le Président français vient de promettre aux séparatistes de Benghazi l’intervention au sol d’hélicoptères bombardiers et transports de troupes, début d’une conquête militaire du pays. On comprend que le dit Président préfère voir les Français spéculer sur les aventures sexuelles de DSK et ses dérapages éventuels.
Serons-nous toujours dupes des manipulations ?
FRANCIS ARZALIER
http://www.collectif-communiste-polex.org/bulletin/bulletin_80_art3.htm

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