- Le synopsis :
A Castelcerf, Fitz s'efforce de poursuivre sa mission : former un clan d'Art avec le prince héritier Devoir, un serviteur simple d'esprit, et lui-même. Mais comment parvenir à fondre en un tout harmonieux des personnalités aussi disparates ? Car rien n'est apaisé dans la forteresse ancestrale où la menace des Pie se fait toujours plus pressante. Ceux-ci, pétris de haine, ont réussi à introduire des espions à la cour même. Quant à la reine, elle doit recevoir des représentants du Lignage pour mettre un terme aux persécutions des vifiers. Dans sa vie privée, le malheureux Fitz est également tourmenté : son fils délaisse son apprentissage pour une belle jeune fille qui affronte à cette occasion l'hostilité de son père. Et le vieil Umbre, autrefois si lucide, semble perdre la tête : il dévoile l'ambition dévorante et insensée d'entrer dans l'héritage royal. Entre inquiétude, colère et désespoir, Fitz doit donc constamment jongler pour sauver l'avenir du royaume tant sont nombreux les dangers qui les menacent, lui et la dynastie.
- Mes impressions :
Contrairement au tome 9, qui était placé sous le signe de la réflexion et de l’introspection pour Fitz, dans ce tome-ci, l’histoire avance, pas dans le sens que je pensais, mais elle avance ! En effet, je croyais qu’on verrait nos héros partir à la recherche de Glasfeu afin de sauver la dignité de Devoir devant la nacheska, mais pas du tout, il faudra apparemment attendre le tome suivant pour ça.
Ici, Fitz passe enfin à l’action, et il ne le fait pas à moitié : que de grandes décisions prises ! Comme d’habitude, il a attendu le trop plein pour agir, une accumulation de situations qu’il ne pouvait continuer à gérer sans prendre une décision. C’est comme s’il attendait de ne plus pouvoir faire autrement : il préfèrerait ne pas prendre de décision, mais malheureusement il y est toujours contraint. S’il attend le dernier moment, c’est parce qu’il est sans cesse déchiré entre plusieurs loyautés, entre ses propres sentiments et la sécurité des autres, entre ses désirs « égoïstes » et ceux des Loinvoyant, entre ce qu’il aimerait faire et ce qu’il peut réellement faire, entre ses regrets et l’instant présent.
Et dans ce tome, on a l’impression d’être à un point central de son histoire personnelle : il va prendre le taureau par les cornes et affronter ses problèmes, il est de plus en plus lucide sur les situations auxquelles il fait face, il porte enfin un regard adulte et réfléchi sur sa vie et ses relations avec les autres personnages, notamment le Fou et Umbre. Ceci dit, il conserve quand même la sale manie de mettre de côté les problèmes qui lui font peur, et on se doute que ceux-ci vont lui retomber en pleine face malgré toutes ses bonnes résolutions…
Finalement, on ne peut pas dire que Robin Hobb aime faire souffrir ses personnages. Je pense tout simplement qu’elle leur fait subir ce qui peut arriver à chacun d’entre nous au cours de notre vie, et que c’est pour ça qu’on les aime tant. Car ici, pas de héros dont les pouvoirs sortent de nulle part et sont maîtrisés en quelques jours. L’Assassin Royal, c’est avant tout un monde aussi dur que le nôtre, dans lequel il faut se battre tous les jours pour survivre. Un monde dans lequel les dons peuvent devenir des malédictions, dans lequel il faut travailler dur pour devenir doué dans un domaine, et surtout un monde dans lequel tout a un prix : si l’Art et le Vif sont deux formes de magies fabuleuses avec des possibilités immenses, elles ne sont pas gratuites et leur pratique nécessite des sacrifices et des souffrances. Voilà pourquoi Fitz, malgré tous ses côtés agaçants, est si touchant : c’est un héros, oui, mais c’est avant tout un humain comme les autres, avec ses doutes, ses peines, ses souffrances et ses moments de joie.
J’ai été heureuse de retrouver un peu de la Kettricken du tome 6, j’ai cru défaillir quand Burrich est apparu à Castelcerf et que Fitz s’est forcé à l’ignorer, j’ai désespéré face à la tournure qu’ont pris les choses entre Fitz et le Fou, j’ai vibré lors de la formation du clan d’Art, j’ai été touchée des épisodes entre Heur et Fitz, et j’ai détesté Jinna pour sa réaction, alors qu’on avait tous cru en elles dans les tomes précédents… Bref, ce tome m’a valu toute une palette d’émotions, c’est vraiment ce que j’en retiens.
Pour moi, ce tome comporte beaucoup de passages charnières qui, je pense, auront une grande importance pour la suite. J’ai eu l’impression d’être dans la peau de Fitz, je me suis complètement identifiée à lui tout au long du livre, comme si les épreuves qu’il avait à surmonter trouvaient un écho dans ma propre histoire, que ses décisions auraient pu être les miennes. Et surtout, j’ai eu la sensation que Fitz se trouvait à la croisée des chemins : une sorte de carrefour dans l’Histoire avec un grand H. Comme si toutes les décisions qu’il prenait dans ce tome allaient avoir des conséquences énormes pour la suite. C’est difficile de parler de mes impressions sans spoiler, mais je dois dire que je suis plus qu’impatiente d’embarquer avec nos héros pour l’île où Glasfeu se terre…
- Ce qu'il faut retenir :
Un tome coup de cœur dans tous les sens du terme : j’ai ressenti beaucoup d’émotions à la lecture et je me suis totalement immergée dans le personnage de Fitz. Robin Hobb est une vraie magicienne des mots et arrive à nous entraîner dans une sorte d’histoire universelle, dans laquelle chacun trouvera un écho de son histoire personnelle et pourra s’identifier à un ou plusieurs personnages, ou à des moments d’existences de nos héros. Un tome tout en intensité et en émotions, dans lequel les personnages font des choix décisifs pour la suite de l’aventure.
Et maintenant, en avant pour le tome 11 !
Lu dans le cadre du Big Challenge Livraddict 2011 :
Et dans le cadre d'une lecture commune avec :
Julien le naufragé, Niënor, Minidou et Frankie
- Ma Note : 5/5