Chabouté © Vents d'Ouest - 2008
« 50 ans qu’il vit ici, sur ce caillou, dans son vaisseau de granit. Bateau immobile qui ne l’emmène nulle part et qui ne rejoindra jamais aucun port… Et pourquoi quitter ce lieu alors que le monde au-delà de cette satanée ligne d’horizon fait si peur ? Où s’évader lorsqu’on n’a nulle part où aller ? Comment combattre la solitude et empêcher que ce silence perpétuel ne devienne assourdissant ?… Des années passées sur son rocher, avec l’imagination comme seule compagne… » (synopsis Editeur).
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L’accueil est somptueux : presque trente planches muettes nous accueillent dans cet album. Déjà, on est à mille lieues du contexte qu’on avait pu imaginer en observant la couverture de l’album qui nous présente une table, une chaise, une fenêtre qui projette sur le sol l’ombre des barreaux d’une cellule. Je m’attendais à une ambiance quasi-carcérale et c’est la mer, les mouettes et le bruit des vagues qui me happe. Puis, on fait la connaissance de deux hommes chargés de ravitailler le phare chaque semaine, une responsabilité que le Capitaine assume depuis des décennies alors que le matelot pose les questions que nous aimerions poser. Trop peu de questions pourtant… ce qui alimente le suspens de cette histoire et entretient le mystère au sujet de « Tout Seul« , l’habitant du phare.
Rares sont les albums avec aussi peu de personnages intervenants et autant de richesse. Dans cet ouvrage, Christophe Chabouté crée une ambiance atypique, mélange d’un pessimisme ravageur (solitude, rituels…) et d’un ailleurs salutaire (importance de l’imaginaire, représentations…). Je trouve ce cocktail de thématiques détonnant. Un album rythmé par les ravitaillements. On scrute l’horizon à la recherche de la silhouette d’un bateau de pécheur… signe que l’on va en apprendre un peu plus sur cet homme solitaire. Bien qu’il « existe » rapidement dans l’album, il faudra attendre plus de 100 pages pour voir sa silhouette… puis son visage.
Un univers de contrastes superbement illustré par l’auteur et que nous retrouvons également sur la partie graphique. Chabouté joue du silence si particulier de cet environnement où seul le roulement des vagues rompt la monotonie. Des taches d’encre agrémentent le dessin et donnent un effet vieillot, comme si la crasse faisait partie des visuels intérieurs. Une sorte d’artifice visuel au service du réalisme. Je ne les avais jamais remarquées dans les autres albums de Chabouté alors qu’elles y sont bien présentes. Ici, elles m’ont souvent semblé superflues.
La preview sur BDGest
http://www.bdgest.com/preview-426-BD-tout-seul-recit-complet.html
Une lecture que je partage avec Mango et les participants aux
Un album magnifique tant sur le rythme de narration que sur l’intrigue. Une plongée dans un univers mi-inquiétant mi-rassurant. Les personnages sont charismatiques et le fait de savoir assez peu de choses sur eux renforce l’aura qui se dégage d’eux. Ils sont touchant et crédibles.Un dénouement atypique comparé aux autres œuvres de Chabouté qui propose ici une fin ouverte. D’ailleurs, il y a tellement de portes ouvertes dans cet album qu’on s’y ballade très facilement, on se surprend à imaginer un passé, un présent, un futur à « Tout Seul » J’attendais cette fin-là, je la désirais même et le fait que Chabouté nous l’offre est assez perturbant ! Le dernier chapitre de l’album a-t-il été réalisé. Belle réflexion sur l’homme, la vie, la peur de l‘Autre.
Un album (enfin) découvert dans le cadre d’une lecture commune. Je vous invite à découvrir les avis de L’Ogresse, Sara, Véro et Gridou.
Tout Seul
One Shot
Éditeur : Vents d’Ouest
Collection : Intégra
Dessinateur / Scénariste : Christophe CHABOUTE
Dépôt légal : septembre 2008
Bulles bulles bulles…
éé
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