X-Men: Le Commencement (X-Men First Class) de Matthew Vaughn

Par Geouf

Résumé: 1962. Alors qu’elle surveille les activités d’un général suspecté de sympathie communiste, l’agent de la CIA Moira MacTaggert (Rose Byrne) s’aperçoit qu’elle est tombée sur un problème bien plus vaste. En effet, elle découvre qu’un ancien nazi, Sebastian Shaw (Kevin Bacon), secondé par une troupe de mutants, tente de précipiter la 3e guerre mondiale entre les Etats-Unis et l’URSS. Impuissante devant ces ennemis d’un genre nouveau, la CIA fait appel au jeune professeur Charles Xavier, expert en mutations génétiques, pour mettre sur pied une unité à même de combattre la menace…

Le remplacement de Matthew Vaughn par Brett Ratner à la barre de X-Men 3 en 2006 a certainement été une des pires décisions du studio Fox, qui a ainsi ruiné une franchise frôlant jusque-là le sans faute. Un déclin artistique confirmé par le ridicule X-Men Origins : Wolverine, qui transformait le personnage iconique en un gentil toutou un peu ronchon. Etonnant donc que Vaughn ait accepté de revenir à la barre d’un film de cette franchise moribonde, surtout après avoir brillamment déconstruit le mythe du super héros avec le génial Kick-Ass. Etonnant, mais néanmoins rassurant pour les fans du genre, qui pouvaient enfin espérer un bon film de super héros, après le mauvais Iron Man 2 et les très dispensables Green Hornet et Thor.

Et en effet, avec ce tout nouveau X-Men, Matthew Vaughn réussit enfin à remettre la franchise sur les rails, en imposant sa personnalité à un projet pourtant surveillé de très près par la Fox. La bonne idée du film, c’est de ne pas tenter de prendre les spectateurs pour des idiots écervelés en proposant un énième reboot. X-Men Le Commencement est certes une préquelle, mais elle n’oublie pas de prendre en compte les autres épisodes de la saga, auxquels elle se réfère constamment (mais pas de façon envahissante), que ce soit au travers de la reprise de la scène d’ouverture du premier film, ou d’un cameo savoureux d’un des personnages emblématiques de la série. Plus surprenant, ce nouveau film prend aussi le parti de respecter les codes de la BD d’origine, notamment en reprenant le design classique des costumes des héros, tout de jaune vêtus. Une idée un peu casse-gueule, mais qui au final passe plutôt bien à l’écran, surtout vu que le film se passe dans les 60’s. Matthew Vaughn a d’ailleurs la bonne idée d’adapter sa réalisation à l’époque à laquelle l’intrigue se déroule, utilisant certains des codes cinématographiques de l’époque (sans toutefois en abuser), comme le split screen lors de l’entraînement des futurs X-Men. De même, vu le contexte géopolitique de l’intrigue (la guerre froide) et sa relecture intéressante de la crise des missiles de Cuba, il donne à son film un petit côté James Bond plutôt bien vu (un méchant mégalomane affublé de gardes du corps spéciaux, gadgets à gogo, notamment un sous marin dissimulé dans un yacht, ou des ailes individuelles pour un des héros).

Fil conducteur du film, la relation entre Charles Xavier, futur Professeur X (James McAvoy, parfait en idéaliste à la fois sobre et plein de facétie) et Erik Lehnsherr, futur Magneto (Michael Fassbender, imposant de charisme et rage contenue) constitue la passionnante épine dorsale de ce nouvel opus. Les deux acteurs rivalisent de charisme et leurs personnages possèdent une réelle épaisseur. Les autres personnages ne sont pas forcément tous logés à la même enseigne, mais quasiment tous ont à un moment ou à un autre leur moment de gloire (mis à part peut-être les deux hommes de main du bad guy, qui sont juste méchants et puis c’est tout). On retiendra notamment la jolie histoire d’amour tragique entre Mystique et Le Fauve, qui permet à Vaughn d’explorer les thématiques déjà mises en place dans les deux opus de Singer (la peur de ne pas être accepté tel que l’on est, le rejet de la différence). Matthew Vaughn offre aussi aux spectateurs un méchant d’envergure avec l’effrayant Sebastian Shaw, incarné par le toujours excellent (et trop rare) Kevin Bacon, un bon point suffisamment rare de nos jours pour mériter d’être signalé.

Enfin, là où le film de Vaughn arrive à surpasser ceux de Singer, c’est au niveau de l’action. Déjà, le réalisateur de Kick-Ass maîtrise bien mieux le découpage des scènes d’action que son mentor, rendant celles-ci fluides, dynamiques et parfaitement lisibles (notamment l’impressionnante attaque sur le QG de la CIA). Il propose en plus quelques bons moments de bravoures, notamment le final, qui possède pas moins de trois climax (deux d’action et un émotionnel).

Alors au final, quels reproches peut-on faire à ce nouveau X-Men ? Tout d’abord des dialogues parfois un peu hasardeux et ridicules, mais heureusement peu nombreux. Ensuite, un manque de sang (spectacle familial oblige) parfois un peu gênant, par exemple lorsque Magneto plante un couteau dans la main d’un ancien nazi, ou lorsqu’Azazel massacre au sabre les pauvres agents de la CIA. Pas forcément un gros problème, mais ce côté aseptisé nuit parfois un peu à la crédibilité du film.

X-Men Le Commencement confirme l’excellente tenue des blockbusters de cette année (après Scream 4 et Fast and Furious 5) et revitalise avec panache une franchise qui en avait bien besoin. Vite, la suite !

Note : 8.5/10

USA, 2011
Réalisation : Matthew Vaughn
Scénario : Ashley Miller, Zack Stentz, Jane Goldman, Matthew Vaughn
Avec: James McAvoy, Michael Fassbender, Kevin Bacon, Rose Byrne, Jennifer Lawrence, Jason Flemyng, January Jones, Nicholas Hoult, Caleb Landry Jones, Lucas Till

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