"Un chef-d'oeuvre mathématique, une grande pureté, cette bibliothèque. Mais à quoi bon, si personne ne vient la malmener ? Moi, j'aime quand une nouvelle personne descend dans ma cave, ça m'aère. Je regarde toujours qui c'est. Chaque fois que j'entends quelqu'un descendre les marches, j'ai le coeur qui palpite. Des sortes de spasmes bizarres."
Quelqu'un s'est laissé enfermer dans le sous-sol de la bibliothèque... De cette personne on ne saura rien, mis à part qu'elle a eu peur, froid, sommeil, et qu'elle s'est demandé si on viendrait la délivrer. En fait, ce quelqu'un n'est là que pour faire parler la bibliothécaire qui le découvre.
Cette bibliothécaire est une jeune-femme qui aime son métier, malgré ses récriminations, qui en admire la structre Dewey, implacable, exaspérée cependant par la disparition au fil du temps de la cote 400 jugée soudain inutile. Elle, elle s'occupe du rayon géographie (bof), cote 910, déteste les duchesses du rayon littérature au-dessus et admire avec dévotion les hommes intelligents, les gens, et la nuque parfaite de Martin, un étudiant chercheur auquel elle n'a pas encore dit trois mots...
Ce petit livre a un attrait bizarre car il nous attache malgré soi. Difficile au préalable d'adhérer aux revendications un peu fermées de la narratrice, franchement anthipathique. Et puis et puis, il est question de livres, encore de livres, et de gens de toutes sortes, et encore de ces livres sagement rangés selon leur cote infinidécimale, et puis de l'ouverture à la culture pour tous... et de ce qu'est finalement une bibliothèque pour tous les solitaires de la vie.
Alors, on se prend à rêver du métier que l'on a un jour voulu faire, de ce que l'on voit bien qu'il est en réalité (entre manutention et foule du samedi à canaliser), et combien on aime y aller au moins une fois par semaine. Alors, bien sûr, chez les Antigone, on emprunte des DVD bêbêtes, des pièces de Sophocle, de la poésie, le dernier roman du Dudule avec un ange sur la couverture, du tout et du rien, des BD, parfois du n'importe quoi... Dans la famille Antigone, en bibliothèque, on cherche, on se prend quelquefois des regards de travers, mais aussi de superbes sourires et des conversations uniques, et souvent... on trouve.
Au final, cette cote 400 est un hymne aux bibliothécaires qui aiment les lecteurs, et avouons-le, au tout départ, elle cachait bien son jeu derrière des atours revêches, on y a vu que du feu... !!