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L’EMPIRE DES OMBRES (Vanishing On 7th Street) de Brad Anderson
Publié le 07 juin 2011 par Celine_dianeBrad Anderson, le réalisateur de The Machinist, démarre son long-métrage dans la cabine d’un projectionniste, fait disparaître les spectateurs d’une salle de cinéma, s’entoure de caméras, fait des références à Demy et Deneuve, et prouve une chose : il aime le 7ème art. Sauf que dans L’Empire des ombres, cela ne se voit pas forcément. Gros échec au box office US (et sortie directement en DVD en France), son film- présenté hors compétition au Festival de Gérardmer 2011, bénéficiait pourtant d’un sacré point de départ. Soit le survival prometteur d’une poignée de personnages (deux hommes, une femme, un enfant) dans un Détroit plongé dans les ténèbres, désert urbain inexplicablement hanté par des âmes en peine et des ombres menaçantes. Sur le papier, des possibles : d’un côté, un mystère à résoudre (et donc, du suspense) ; de l’autre, des perches esthétiques (lumière crépusculaire, jeu clair-obscur) ; au milieu : la peur du noir, les monstres tapis dans l’ombre, le trouillomètre qui s’affole. Au final ? Pas grand-chose.
Si les acteurs (Hayden Christensen, Thandie Newton et John Leguizamo) tentent de sauver les meubles, et que quelques séquences bien senties jouent sur le côté anxiogène de l’ensemble, le film- lui- brasse de l’air, en parfait petit black out scénaristique. Sans enjeux apparents, le récit se tire une balle dans le pied- confinant ses protagonistes dans un lieu unique (le bar) sans jamais lui donner l’occasion d’explorer la ville condamnée à l’obscurité, et donc le pitch de base. Seule solution : tout miser sur la psychologie des personnages. En ne se contentant hélas que d’effleurer des figures banales, le cinéaste s’englue dans un scénario répétitif et sans imagination- qui perd toute crédibilité, à mesure que défilent les symboles poussifs du récit (la scène biblique finale notamment). Lorsque l’on sait que des Je suis une légende ou The Mist sont passés par là auparavant, cela ne pardonne pas.
Sortie DVD: 1er juin 2011.