C'est LA rumeur du moment. Elle concerne l'entraîneur sans doute le plus emblématique du rugby Français.
Il a suffi que Guy Novès reste un peu à l'écart des siens après le 18ème Brennus conquis de haute lutte face à Montpellier, samedi dernier, qu'il n'exulte pas avec ses joueurs pour que prenne corps la fameuse rumeur : Guy Novès serait le prochain sélectionneur national et lâcherait donc les rennes de son Stade Toulousain chéri pour épouser la cause du XV de France.
Au comportement assez étonnant de Guy Novès, certains observateurs ont ajouté quelques éléments de contexte (le départ de son ami Claude Hélias, membre très influent du conseil de surveillance du Stade, le fait - avéré ou non - qu'il n'ait plus tout à fait la maîtrise complète des recrutements et des transferts) donnant un peu plus de consistance à cette rumeur. Mais, comme le dirait un ex-international et commentateur de talent, "le chat était maigre".
On peut même affirmer que le félin est mort. Le technicien a en effet démenti. Certes, un peu moins catégoriquement que ce à quoi on pouvait s'attendre de sa part. Mais il a démenti.
A dire vrai, la possibilité de voir Guy Novès à la tête du XV de France relève au mieux du fantasme de fan de rugby, au pire de la manie médiatique du temps qui transforme la moindre opinion en information, la plus petite plaisanterie lâchée par un dirigeant en prise de position catégorique.
Reconnaissons que l'idée de voir l'un des meilleurs entraîneurs Européens aux commandes des bleus présente, particulièrement en cette période, les aspects chatoyant de la solution miracle à tous les problèmes de la sélection : absence de fond de jeu, défaut de cohésion, carence de leadership...
Mais Guy Novès restera vraisemblablement comme l'autre Guy, celui du football, l'inénarrable Guy Roux. Une espèce de statue du commandeur, donneur de leçon (mais qui apparaît suffisamment légitime pour en donner) et surtout indéfectiblement attaché à son club. Sans aucun doute, Guy Novès est l'homme d'un club - et quel club. Qui plus est, Il n'est pas certain que ses méthodes de travail soient adaptées à une équipe composée de joueurs sélectionnés et non de salariés, joueurs qu'il n'aurait sous la main que de temps en temps et non à longueur de saison.
De surcroît, dans le monde merveilleurx du rugby professionnel, équipé du tout à l'ego, le poste de sélectionneur requiert sinon des qualités de diplomate, du moins une capacité à ne pas se mettre le monde entier à dos. Difficile de ranger Guy Novès dans la catégorie des "souples de l'échine". Il est d'ailleurs déjà en conflit plus ou moins latent avec tout ce qui arbore un coq sur la poitrine.
Il faudra donc se faire une raison. Il est quasi-certain que l'homme du capitole ne montera pas à la capitale la saison prochaine (sauf, peut-être, pour aller chercher un nouveau Brennus). Il restera l'entraîneur de l'équipe de France...de Toulouse. Car, ne l'oublions pas, le Stade Toulousain demeure le principal pourvoyeurs du XV de France, sans parler de ceux qu'il prépare à devenir internationaux (n'est-ce pas, Monsieur Doussain ?). Et à ce titre, Guy Novès joue un rôle de premier plan dans l'avenir de notre équipe nationale.
A certains égards, la meilleure nouvelle pour tous les supporters Français serait certainement que Guy Novès s'entende parfaitement avec le futur sélectionneur, pas nécessairement qu'il le devienne lui-même.