Confortable, sophistiqué et pop ! De la musique pour vieux, sans risques, sur son pécule et son quant-à-soi, mais quelle belle lumière ! Cette lumière west-coast, diaprée et amniotique, sans anxiété, rassurante presque, avec tout pour le confort et rien pour l’accident. Je crois avoir déjà parlé quelque part de Nick de Caro, je ne sais plus où, je me fais vieux, en tous les cas en peut le résumer succinctement en disant de lui qu’il était lui aussi un artisan dans l’industrie des sentiments. Débuts dans le bâtiment, chez Spector, puis arrangeur pour l’usine A & M derrière Claudine Longet et Chris Montez, avec Herb Alpert qui soufflette dans sa trompette (Herb Alpert le maître incontesté du lounge Hardcore, ce genre de choses.) Puis il y a son album de 1974 : Italian Graffiti, une montagne de softitude. Ensuite deux trois accommodements pour Ben Sidran et Rickie Lee Jones (beaucoup d’autres) et puis ce disque, là. Il est de prime abord surprenant, puisque destiné au « marché japonais » et essentiellement composé par un « local », ce Yamashita Tatsuro dont j’ignore tout. Il faut bien dire que les chansons de ce Tatsuro n’ont rien de transcendant elles sont toutes un peu identiques, pop et propres, jazz-pop propres presque. L’intérêt est ailleurs, l’intérêt est chez Nick De Caro, le chanteur et arrangeur, qui s’approprie tout ce toutim cotonneux, cette matière centriste et sans risque, et qui l’utilise pour élever de petites cathédrales de bon goût, avec de beaux vitraux et donc de la lumière diaprée, comme ça pour le plaisir. Disons, que ce n’est que du savoir-faire et que le savoir-faire c’est déjà beaucoup. Vous trouverez certainement tout cela suranné, rance comme un cocktail morose qui s’éternise dans la camomille, je n’y vois que le brio et l’attention d’un esprit civilisé, et puis tout cela est tout de même un peu desafinado sur les bords, que voulez-vous on ne se refait pas.
N.B. Pour plus d’information concernant le cas de Caro cette adresse me semble très bien, puisque définitive.