La conquête

De : Xavier Durringer.
Avec : Denis Podalydès, Florence Pernel, Bernard Le Coq, Hippolyte Girardot, Samuel Labarthe, Mathias Mlekuz, Grégory Fitoussi, Pierre Cassignard, Saida Jawad, Dominique Besnehard, Michèle Moretti, Emmanuel Noblet, Michel Bompoil, Gérard Chaillou, Nicolas Moreau, Yann Babilee Keogh, Fabrice Cals...
Genre : Biopic - Comédie - Drame - Politique.
Origine : France.
Durée : 1 heure 45.
Date de sortie : 18 mai 2011.
Synopsis : 6 mai 2007, second tour de l'élection présidentielle. Alors que les Français s’apprêtent à élire leur nouveau Président, Nicolas Sarkozy, sûr de sa victoire, reste cloîtré chez lui, en peignoir, sombre et abattu. Toute la journée, il cherche à joindre Cécilia qui le fuit. Les cinq années qui viennent de s'écouler défilent: elles racontent l'irrésistible ascension de Sarkozy, semée de coups tordus, de coups de gueule et d'affrontements en coulisse. La conquête : L'histoire d'un homme qui gagne le pouvoir et perd sa femme.

"La conquête" faisait parti de mes attentes. Non pas que je sois un grand fan de Nicolas Sarkozy mais les premières bandes annonces disponibles m'ont bien fait rire et la manière dont allait être traité ce sujet m’intéressais. Du coup, dès que j'en ai eu l'occasion, j'ai été le voir dans ma salle de cinéma.
Le scénario signé Patrick Rotman à été au delà de mes espérances. On sens que le bonhomme connait son sujet tant le film tient la route et nous embarque avec lui. Entre réalité et fiction, on sens le côté très documenté et à aucun moment on ne se retrouve déconnecté de cette histoire. Bien au contraire, en plus de nous faire rire, le film nous fascine en nous plongeant dans les arcanes du monde politique avec des coulisses peu reluisante. C'est d'ailleurs en ça que le film en devient aussi inquiétant car derrière ses allures de fiction, l'ensemble tient la route et on en es à se dire que derrière cet humour noir, il est quand même assez inquiétant de voir comment un pays peut être dirigé et surtout par qui. Entre guerre d'images et tirs entre amis, "La conquête" est sans doute l'un des derniers films politique les plus passionnants qui m'ait été donné de suivre. C'est aussi parce que le film reste d'actualité qu'il en est encore plus facile d'accès et nous permet de mieux comprendre les différentes magouilles qu'il peut y avoir pour avoir le pouvoir. La partie la plus intéressante reste justement cet attrait au pouvoir qui motive les différents protagonistes mais avant tout le portrait d'un homme aux ambitions démesurés qui va se retrouvé très entouré pour atteindre cet objectifs mais qui paradoxalement se retrouvera tout seul face à lui même. Un homme qui ira jusqu'à perdre sa femme pour devenir ce qu'il à toujours voulu être. Après bien sûr, à part si on s'y connait bien sur le sujet (ce qui n'est pas mon cas ;-) ), il est un peu difficile de démêler le vrai du faux mais l'ensemble m'as vraiment plu surtout que j'ai aimé le fait que le scénario ne tombe pas dans le piège de la diabolisation. Sans non plus l'encenser, on y voit un homme avec ses qualités comme ses défauts et ainsi le spectateur est libre d'avoir son propre avis. Après, ce n'est pas forcément le cas pour tout les protagonistes comme Chirac ou encore De Villepin (qui sont assez hilarant) mais cela contribue aussi à nous apporter une bonne dose d'humour.
Niveau casting, la distribution est juste exceptionnelle je trouve. Sans chercher là aussi à tomber dans le piège de la caricature, chaque comédiens livre une prestation vraiment convaincante qui fait que sans imiter et sans chercher à devenir le parfait sosie, on reconnait tout de suite tout les personnages. Ça passe par la façon de parler, la gestuelle, le regard... ce qui fait qu'on reconnait très vite les personnages sans tomber dans un côté grand guignol qui aurait pu gâcher l'ensemble. C'est ainsi que Denis Podalydès fait un Nicolas Sarkozy saisissant. L'acteur s'est très bien imprégné de son personnage et est loin d'être ridicule. Il sait le rendre émouvant quand cela est nécessaire tout en étant extrêmement convaincant dans sa volonté à conquérir le pouvoir. Un gros travail à été fait également sur la façon de parler et de bouger ce qui fait que c'est crédible sans que ça ne se fasse trop ressentir non plus. J'ai beaucoup aimé aussi Florence Pernel en Cécilia Sarkozy. Principale touche féminine de ce monde d'hommes (avec Saida Jawad en Rachida Dati que j'ai trouvé sympathique aussi même si j'ai pas toujours accroché à ses scènes), Florence Pernel m'as vite fait oublié l'image d'Alice Nevers dans la série "Le juge est une femme" qui restait le seul rôle que je lui connaissais et avec lequel je l'associé automatiquement. Elle m'as bien bluffé et j'ai trouvé son travail très intéréssant surtout vers la fin où elle est très émouvante et où le film nous montre bien qu'elle est avant tout une femme avec ses forces mais aussi ses faiblesses. Autre personnage qui m'as beaucoup marqué, c'est Samuel Labarthe en Dominique De Villepin irrésistible. Comme je l'ai évoqué son personnage tombe peut être un peu vite dans la caricature et la diabolisation mais l'interprétation du comédien est excellente et avec lui on à le droit à de nombreux passages assez drôle. Dans le timbre de la voix on sens aussi que là encore un gros travail à été effectué, chose que j'ai beaucoup apprécié. Bernard Le Coq m'as plu aussi en Jacques Chirac (avec Michèle Moretti en Bernadette ^^ ). Les intonations sont travaillés, la postures également et même si ça n'as pas forcément été l'un des président pour qui j'ai le plus d'affection, le film le rend très sympathique malgré ses défauts (la scène où il est face à Nicolas Sarkozy avec Dominique De Villepin au téléphone est juste énorme :P ) et même si on à quelques clichés le comédien livre un très bon travail.
Le reste du casting fait un sans faute aussi je trouve comme Hippolyte Girardot très bon en Claude Guéant, Mathias Mlekuz en Franck Louvrier ou Dominique Besnehard en Pierre Charon. Chacun reste à sa place est reste dans la continuité de cette œuvre sans jamais être ridicule. Les rôles secondaires ont d'ailleurs beaucoup d'importance dans cette fameuse conquête et on sens que là encore rien n'as été laissé au hasard. Il n'y à pas un acteur que je n'ai pas aimé dans ce film ou qui m'ait particulièrement choqué. Même l'acteur incarnant l'ouvrier qui prend Nicolas Sarkozy à parti dans la scène où il se rend à l'usine m'as convaincu. J'ai vraiment beaucoup apprécié le sérieux avec lequel l'ensemble de l'équipe à pris ce film.
C'est la première fois que je voyais une réalisation de Xavier Durringer et je dois avouer que là aussi j'ai été bluffé. Vu l'importance du sujet et le sérieux avec lequel on à voulu le traiter je m'attendais à une mise en scène agréable et simple mais j'ai vraiment trouvé qu'elle était bien plus que cela. Extrêmement travaillé avec un montage fluide et cohérent qui rend les flashbacks facile à suivre, j'ai beaucoup aimé cette réalisation qui nous colle au plus près des personnages et nous plonge encore plus facilement dans cette intrigue. Les angles de vues sont parfait et les plans bien exploité à l'image par exemple de cette fameuse scène où Nicolas Sarkozy est en train de prendre son petit déjeuner en terrasse devant une horde de journaliste qui vont s'effacer à l'arrivée de Dominique De Villepin faisant son sport juste à côté. Les costumes sont très bien pensés ainsi que les maquillages qui nous permettent là encore de bien reconnaître les personnages sans non plus leur donner un côté de clown. Sur Denis Podalydès par exemple c'est frappant quand on voit qu'en fonction de l'angle on reconnait tantôt l'acteur et tantôt on à l'impression de voir le Président de la république (je pense notamment à la scène où il prononce un discours de face et que derrière on le voit de profil sur un écran géant). Je pourrais aussi parler du travail des maquilleurs sur Samuel Labarthe qui fait un Dominique De Villepin plus vrai que nature sans non plus tomber dans le potache. Visuellement c'est vraiment parfait et à aucun moment on ne se retrouve perdu. Bien au contraire, certaines affaires comme la désormais mythique affaire Clearstream est expliqué avec une facilité déconcertante quand on voit comment les chaînes d'informations avaient pour leur part tendance à nous perdre un peu. Quoiqu'il en soit, la mise en scène montre très bien les différentes facettes des personnages tout en n'oubliant pas son sujet principal avec cette ascension fulgurante au pouvoir de quelqu'un qui reste avant tout un homme avec ses failles. La bande originale signée Nicola Piovani est d'ailleurs excellente tant elle trouve le ton juste à ce sujet avec des thèmes très sérieux et en même tant très clownesque qui nous permet de bien comprendre à quel point au final le monde politique est avant tout un grand cirque où chacun fait son numéro sous le chapiteau pour attirer la gloire d'un public qui n'en demande pas tant. Cette musique permet d'accentuer d'ailleurs le fait qu'avant tout ce film reste une œuvre de fiction et de se détacher un peu de la réalité même si encore une fois l'enchaînement des scènes nous montre à quel point le travail fut très poussé pour collé à la réalité dans certains passages. Dans son thème musical, Nicola Piovani m'as même un peu fait penser à "Parade" de Jacques Tati (qu'il faudrait que je revois d'ailleurs).
Pour résumé, "La conquête" à été pour moi un très bon film politique. Je ne suis pas particulièrement friand du genre en temps normal mais j'ai vraiment été bluffé par le résultat final grâce à un scénario intelligent, des acteurs parfaits et une mise en scène que j'ai trouvé excellente. Portrait sur le pouvoir et la façon d'y parvenir mais aussi portrait d'un homme qui n'hésita pas à sacrifier sa vie privée pour atteindre ses rêves, le film nous entraîne de façon fascinante dans cette univers ou images et communication ont toute leurs importances. On pourrait regretter un peu que certains personnages (De Villepin, Chirac...) soit un peu caricaturé là où Nicolas Sarkozy est traité avec plus de sérieux mais cela apporte en contre partie une bonne dose d'humour qui est loin d'être déplaisante. L'ensemble des acteurs sont juste énorme et j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir devant ce film fascinant et facile d'accès même si il y à beaucoup de chose à dire à son sujet que je risque d'en avoir oublié dans mon avis. Bref, je recommande ce film et je le reverrais sans nul doute avec beaucoup de plaisir.