C'est une foule hétéroclite, mélange de vieux punks portant des blousons tagués anarchy et no future, d'amateurs de new wave et de rockers fans de classic rock, qui peuple les travées de l'AB, ce samedi soir.
Pensez donc, un concert de P.I.L ça ne se rate pas, surtout que le band, devenu culte, est plutôt avare de prestations live.
Lorsqu'en 1978, Johnny Rotten enterra les Sex Pistols, un voyage en Jamaïque aux sources du reggae et une rencontre avec le fantasque Jah Wobble
vont l'amener à fonder P.I.L, souvent cité comme un des groupes les plus novateurs et provocants de la période post punk.
Et ce groupe là ce soir est dans nos murs.
20h30 précises, John Lydon, Lu Edmonts, Bruce Smith et Scott Firth déboulent sur scène.
Les quatre hommes attaquent fort et le son semble a priori nettement meilleur que lors de la première partie.
John Lydon, veste crème , chemise blanche et pantalon froissés ne doit apparemment pas faire la fortune des blanchisseuses, ni utiliser beaucoup de titres services pour faire son repassage. On le
croirait fraîchement sorti d'une essoreuse tournant à 2000 tours minute.
"We are Public Image Limited ! Good Evening !" Derrière le band un espèce de filet de pêche aux larges mailles entoure le logo célèbre en black and
white.
Les basses hypnotiques attaquent nos cages thoraciques tandis que les riffs cinglants nous trépanent insidieusement...
"This is not a love song"... John est toujours aussi exubérant, épileptique, habité.
Ses mimiques valent le coup d'oeil et son chant incantatoire fascine. Le public peu à peu est emporté dans la
Le chanteur danse comme un pantin désarticulé, sautant sur place, grimaçant, le regard halluciné. C'est clair il est le pôle d'attraction principal du groupe, les autres membres demeurant plutôt
statiques.
Un concert de P.I.L s'apparente à une longue transe syncopée, interrompue parfois quelques rares instants par les interpellations du maître de cérémonie.
"I can't hear youuuu !?"Un long trip sous acide peuplé de cris désespérés et de guitares stridentes et dansantes.
PIL est incontestablement influencé par le rock expérimental allemand (Neu !,Can etc..) et produit un rock lyrique et dansant sur fond de basses reggae/dub hypnotiques et d'arpèges de guitare
cristallins.
"This is a song about friends....Hello friends ! Are you my friends...? lance t-il au public. I need to know that before to continue.."Et c'est
"Disappointed".
"I'm a Warrior...! I Take no quarter !" le public exulte. Les titres s'enchaînent sans temps mort.
Pour le profane on rentre dans un concert de Public Image Limited quelque peu interloqué, puis au fil des minutes cette musique vous happe et ne vous lâche plus jusqu'au bout du voyage.
"Religion" sera un des temps forts du show. John mime le christ en croix et anime cette grand messe post punk jubilatoire et décadente.
Un dernier "Belgiuuuuuum...." et les quatre regagnent les backstage. Il est 22h00.
L'AB frôle l'orgasme et s'apprête à jouir.
"Thank you this is PIL ! This is what you want, this is what you get !"Ca y est l'AB envoie la purée, c'est jouissif, orgasmique, une petite mort
extatique..
"Thank you for coming !""I could be wrong..I could be right... "Rise" suivi de Open Up portera l'estocade finale et fera chanter le public .
Ovation.
PIL aura joué 110 minutes.
Une dernière présentation des musiciens : "This is Lu, Bruce & Scott !!! Goodnight !"Ladies and gentlemen, Public Image Limited has left the
building...
Une énorme claque.
Setlist : Public Image/Home/Albatros/This is not a love song/Poptones/Death disco/Ease/Flowers of romance/USLS1/Don't ask
me/Warrior/Bags/Religion.
Bis: Bad life/Rise/Open up.
JPROCK