Bruno Gay-Capdevielle
Président du comité de défense et de promotion de l'hôpital de Lourdes
À
Madame Robin-Rodrigo, Députée des Hautes-Pyrénées,
Monsieur Artiganave, maire de Lourdes
Madame la Députée, Monsieur le Maire,
Vous organisez à la mairie de Lourdes le lundi 30 mai, une réunion concernant l'avenir de l'hôpital de Lourdes, et vous avez souhaité que j'y participe. Bien que cela fût pour moi un véritable étonnement de recevoir une invitation de votre part, sachez que je l'accepte volontiers. Je participerai donc à cette réunion en tant que président du Comité de Défense et de Promotion de l'Hôpital de Lourdes.
Maintenant, la surprise passée, je me pose beaucoup de questions sur les véritables raisons qui vous poussent à organiser une telle réunion à moins d'un mois de l'annonce par M Chastel du projet retenu par l'ARS. A ce sujet, puisque vous semblez être, pour l'instant, les seules personnes informées de la date de cette réunion, pouvez-vous nous dire quand et où celle-ci se tiendra ? Comme vous êtes des élus du peuple et que vous êtes sensés nous représenter, il est tout à fait normal que nous ayons cette information. Sachez d'ailleurs qu'il n'est pas impossible que nous organisions un petit rassemblement à cette occasion.
Si je reste persuadé que l'avenir de l'hôpital de Lourdes est un sujet qui vous préoccupe, je n'oublie pas que vous avez soutenu dés le départ, le projet de construction d'un hôpital unique à Lanne, et donc la fermeture des services de Médecine, Chirurgie et Obstétrique (MCO) sur Lourdes et sur Tarbes. Alors que d'autres choisissaient la voie de la résistance, vous préfériez choisir la voie de la collaboration en oeuvrant avec ceux qui mettaient en place la politique de santé de M Sarkozy, en espérant voir votre allégeance récompensée par l'octroi du nouvel Hôpital semi privé à Lanne. Si, comme il n'est pas complètement stupide de le penser, M Chastel décidait de choisir la construction d'une aile publique à coté de la clinique Ormeau-Pyrénées plutôt que le projet de Lanne, vous passeriez alors pour les deux grands perdants politiques de cette histoire. Sachant cela, on peut très bien imaginer (peut-être à tort…) que la réunion que vous organisez, en invitant une majorité de gens favorables au projet de Lanne, poursuit deux buts bien précis : mettre la pression sur l'ARS pour essayer d’emporter in extremis sa décision, et redorer un blason quelque peu terni par le refus que vous avez exprimé dés le départ, de défendre l’existence d’un hôpital MCO à Lourdes. Mais je n’ose quand même pas imaginer que vous aurez l’indécence d’utiliser la communauté hospitalière Lourdaise pour assurer votre promotion. Je reste persuadé que vous refuserez de poser pour les photos des journalistes, aux milieux des cadres et médecins hospitaliers, afin d’éviter de semer le doute dans les esprits des populations qui pourraient voir là une tentative de récupération et de promotion à moindre coût.
Quoi qu'il en soit, et quelques soient vos véritables motivations, cette réunion organisée beaucoup trop tardivement, sans les personnels hospitaliers, les élus et les usagers de l’hôpital de Lourdes, n’est encore une fois que le reflet du manque de sérieux qui a prévalu tout au long de ces trois années de genèse d’un projet toujours pas connu à ce jour.
Madame la Députée, Monsieur le Maire, vous avez tous les deux fait preuve en certaines circonstances, d’inconstance, de manque de vision globale et d’une incohérence affligeante dans vos positions :
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Monsieur le maire :
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En janvier 2007, vous avez annoncé très tranquillement lors de la cérémonie de vœux aux personnels hospitaliers, que la maternité de Lourdes allait fermer pour être remplacée par un service de périnatalité. C’est d’ailleurs cette annonce qui allait être à l’origine de la création de notre Comité de Défense. Quelques semaines plus tard vous annonciez que la maternité avait à nouveau l’autorisation d’exercer jusqu’en 2012…
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En tant que président du Conseil d’Administration de l’hôpital de Lourdes, vous avez voté pour la création du Groupement de Coopération Sanitaire et pour l’ensemble des mesures du " plan de retour à l’équilibre " qui faisait partie du package. Madame la Députée, en tant que membre du conseil d'administration de l'hôpital de Tarbes, a aussi voté toutes ces mesures. Dans ces mesures, il y avait la création d’une réanimation départementale à Tarbes, et donc la fermeture de la réanimation de Lourdes. Vous saviez pourtant que, faute de pédiatre à temps complet, le maintien de l’activité obstétricale à Lourdes dépendait du maintien d’anesthésistes-réanimateurs sur place, 24h sur 24…
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Après avoir validé en 2007 la fermeture de la maternité de Lourdes, et en 2009 la création du GCS et la fermeture de la réanimation de Lourdes, vous reprochez en 2010 au Dr Garnier de vouloir préparer avec l’ensemble des personnels concernés (Anesthésiste-réanimateur, Gynécologue-obstétricien, sage-femme), la transformation de la maternité en centre de périnatalité. Suite à la divulgation de l'affaire sur la presse locale (qui était le "corbeau" ?), vous avez voulu passer pour le redresseur de tort en attaquant médiatiquement ce grand professionnel qu'est le Dr Garnier. Vous oubliez une chose : vous aviez voté toutes les décisions qui devaient amener à la fermeture de la maternité de Lourdes, et vous l’aviez vous-même condamné à terme puisque vous soutenez le projet d’hôpital public-privé de Lanne et son usine à bébés…Juste un petit rappel. Quand votre ami et ancien maire de Lourdes M. Douste-Blazy, fût poignardé sur un trottoir, que ce serait-il passé s’il n’y avais pas eu un service d’urgences, un service d’imagerie médicale, un bloc opératoire, ainsi qu’une réanimation complète et bien équipée ? Si ma mémoire est bonne, le Dr Garnier faisait partie de l’équipe qui a pris en charge votre ami et qui lui a probablement sauvé la vie. C'est la grande différence entre vous et lui : son métier, c'est de sauver des vies. A propos de vies, combien les équipes médicales de notre hôpital en sauvent-elles chaque année ? beaucoup, assurément. C’est aussi cela le sens de mon combat : que l’on donne à tous ces « sauveurs de vie » des moyens humains, financiers et techniques pour qu’ils continuent à prendre en charge, dans des structures publiques proches des populations, les habitants de Lourdes et des vallées, et les touristes et pèlerins qui fréquentent chaque année par millions notre région. C’est aux élus et aux hommes politiques comme vous de trouver tous les moyens nécessaires pour que toutes les missions de services publics puissent être assumées dans les meilleures conditions possibles et en toute sécurité. Alors, qu'attendez-vous ?
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Madame la Députée :
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Comme Monsieur le Maire, dés 2008, sans aucune concertation préalable avec l’ensemble des élus, les salariés et les usagers de l’hôpital de Lourdes, vous avez fait le choix de soutenir un hôpital public unique à Lanne. Ce choix que je ne partageais pas, était défendable car il répondait, pour certains, au manque de médecins et à la question de la proximité de l’hôpital pour les habitants des vallées des Gaves. Jamais vous n’avez envisagé qu’il était possible de maintenir l’hôpital de Lourdes. Quelques mois plus tard, nouveau son de cloche : vous décidiez de défendre un projet de regroupement public-privé sur Lanne pour, disiez-vous, supprimer les doublons. Cette position habituellement défendu par le gouvernement de M Sarkozy et l’UMP, a jeté le trouble chez tous les défenseurs des services publics et au sein même de votre parti : comment une députée qui se dit de gauche, peut-elle ainsi défendre l’hégémonie du secteur privé dans certaines spécialités et refuser de se battre au coté des plus démunis, de ceux qui devront renoncer aux soins car il ne pourront se payer les dépassements d’honoraires qui, en principe, n’existent pas dans les hôpitaux publics de notre département ? Combien d’usagers titulaires de la CMU sont hospitalisés hors urgences dans les cliniques privées du département ? Certains avancent le chiffre difficilement vérifiable de 2,5 %. Une misère…Puisque la loi n’a pas interdit les dépassements d’honoraire mais, de façon hypocrite, demande à ce qu’ils soient faits avec tact et mesure, comment ferez-vous pour imposer aux cliniques privées qui auront rejoint votre hôpital semi-privé de Lanne, le maintien en secteur 1 (sans dépassement d’honoraire) de toutes leurs activités ?
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Vous avez affirmé, à plusieurs reprises, que le projet de Lanne, loin de mettre en péril les hôpitaux de Lourdes et Tarbes, allait les conforter. Vous avez même violemment attaqué par presse interposée, celles et ceux qui, pourtant, ne faisaient que répéter ce que tout le monde savait : toutes les activités de médecine, chirurgie et obstétrique des hôpitaux de Lourdes et Tarbes devaient être regroupées sur le site unique de Lanne. Pourquoi avoir menti délibérément aux populations en leur faisant croire que les hôpitaux de Lourdes et Tarbes resteraient en place, alors qu’il s’agissait uniquement de maintenir sur les deux villes les services de gériatrie et de réadaptation (sur les sites de La Bastide et de l’Ayguerote) ? Alors que vous étiez membre du Conseil d’Administration de l’hôpital de Tarbes et invitée à toutes les réunions organisées sur le sujet par le directeur de la défunte Agence Régionale de l’Hospitalisation, alors que le projet fût présenté sans ambiguïté à l’ensemble des personnels hospitaliers de Lourdes et Tarbes et dans certaines mairies du département, vous avez continué à nier l’évidence et à tenir des propos mensongers pour défendre le projet de Lanne. Inadmissible…
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Afin de clôturer un chapitre qui pourrait prendre la taille d’une encyclopédie, je terminerai par un fait significatif du sérieux avec lequel le projet d’hôpital unique a été mené jusqu’ici : le chiffrage de la rénovation de l’hôpital de Tarbes. Vous avez à plusieurs reprises annoncée que le coût de la construction d’un hôpital neuf à Lanne serait d’environ 168 millions d’euros, alors que d’autres ont chiffré cette construction à environ 240 millions d’euros. Vous avez estimé que la rénovation de l’hôpital de Tarbes allait coûter 1,5 à 2 fois plus cher que la construction de l’hôpital de Lanne, donc, si je reprends vos chiffres, de 252 (1,5 * 168) à 336 (2 * 168) millions d’euros. Comme vous le savez, l’ARS a fait chiffrer la rénovation de l’hôpital de Tarbes à …124 millions d’euros. No comment…
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Si vous êtes, à mes yeux, tous les deux coupables de ne pas avoir fait tout le nécessaire pour qu’un véritable débat démocratique puisse s’instaurer sur un sujet aussi important que l’avenir des hôpitaux de notre département, vous êtes aussi victimes de ceux qui vous ont informés et trompés. Je crois réellement que vous vous êtes fait abusés. Particulièrement vous, Madame la Députée, puisque vous êtes aujourd’hui, pour beaucoup, celle qui a trahi son engagement d’élu de gauche. Vous avez refusé de vous battre pour la sauvegarde de l’hôpital général de Lourdes et défendez avec ardeur un projet libéral, porté nationalement par l'UMP : tout faire pour qu'il n'y ait plus qu'un seul hôpital MCO par département, tout en laissant au privé toutes les activités "rentables". Et maintenant, alors que le comité de défense de l'hôpital de Lourdes depuis 2008, et le Collectif "Hôpitaux Santé 65" depuis juin 2010, ont organisé plusieurs réunions publiques d'information et des manifestations pour la défense des hôpitaux publics des Hautes-Pyrénées, vous décidez soudainement de tenir une réunion " pour échanger et nous accorder sur les propositions à faire pour le devenir de l'hôpital de Lourdes". Et tout cela à quelques jours de l'intervention de M Chastel, alors que les dés sont peut-être déjà jetés!!! De qui se moque-t-on ?
En tant qu'élus du peuple, vous avez bien évidemment toute légitimité pour organiser une réunion concernant l'avenir de l'hôpital de Lourdes. Mais si vous en avez la légitimité, vous n'en avez plus, à mes yeux, la crédibilité. Comment, par exemple, osez-vous dire que vous êtes inquiets depuis la réunion du 22 avril à la préfecture pour "le devenir de l'hôpital et de la maternité de Lourdes dans la configuration de ce pôle de santé unique public/privé " ? Alors que le projet que vous défendez, entraîne la fermeture de la maternité ainsi que celle des services de médecine et de chirurgie de Lourdes (et Tarbes), et leur regroupement sur un site unique, à Lanne ?
Madame la Députée, Monsieur le Maire, vous semblez être, aujourd'hui, isolés sur la scène politique locale sur la question de l'hôpital. Même M Trémège vous a abandonné en rase campagne pour soutenir le projet d'hôpital neuf sur Tarbes. C'est beau l'amitié…
Alors que vous vous entêtiez à défendre le projet de Lanne, une pétition réunissant plus de 27000 signatures, était déposée en préfecture pour le maintien des hôpitaux de Lourdes et Tarbes et le maintien de la chirurgie de Lannemezan. Vous n'êtes pas non plus sans savoir que depuis un an, sept partis politiques (Modem, Europe-Ecologie Les Verts, PS, PC, PG, GU, NPA), deux associations (La Ligue des Droits de l'Homme, Convergences65 pour la défense et le développement des services publics), deux syndicats (la CGT et SUD) se battent au sein du COLLECTIF HOPITAUX SANTE 65, au coté des quatre comités de défense des Hôpitaux des Hautes-Pyrénées (Bagnères, Lannemezan, Lourdes, Tarbes), pour le maintien et le développement des quatre hôpitaux publics du département.
Au sein même de vos partis politiques, des membres imminents continuent à nous soutenir ou rejoignent nos positions. Du coté de l'UMP, je pense par exemple à M Béhague, conseiller général de Luz, qui nous soutient très courageusement depuis 2008. Du coté du PRG, la liste de ceux qui rejoignent nos positions est bien trop longue pour que je la décline ici .
A ce sujet, Madame la Députée, le courrier que vous avez envoyé aux mairies, et que je trouve indigne d'une Députée se revendiquant "de gauche", n'a pas effrayé tout le monde. Pire, il a même choqué certains de vos anciens soutiens, qui se sont officiellement désolidarisés de vos positions. Plusieurs maires PRG ont accepté de voter la délibération que nous leur avons proposée, et des conseillers généraux soutiennent maintenant nos revendications : M Beaucoueste, présent à nos cotés depuis le début, Mme Bourdeu qui a voté notre délibération en conseil municipal, M Brune maire de Baudéan qui a voté notre délibération,… Le PRG, grand parti de gauche, républicain et laïque, a rejoint l’appel national lancé par la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité. La présence à nos cotés de Mme Dubié et de M Brune lors de la journée nationale contre les ARS du 2 avril, laisse aussi à penser que le débat existe toujours au sein de votre parti. Il n'est plus impossible que le PRG 65, à la lueur des éléments nouveaux qui ont émergés depuis sa prise de position initiale (Loi Bachelot, création des ARS, création du Collectif Hopitaux Santé 65, etc…) accepte de rejoindre notre combat. Vous êtes les bienvenus à nos cotés, comme toutes celles et tous ceux qui refusent la privatisation de la santé et se battent pour l’égalité de tous devant l’accès aux soins publics de proximité et de qualité. Comme je l'ai rappelé le 2 avril, personne ne comprendrait que le parti qui va présider aux destinées du conseil général pour les trois prochaines années, ne rejoigne pas les rangs de celles et ceux qui se battent pour le maintien et le développement des hôpitaux publics du département. A un an des élections présidentielles, il est grand temps que les positions de chacun sur l’avenir de notre système de santé, se clarifient. Les masques doivent tomber.
A propos de masque, permettez-moi, Monsieur le Maire, de rappeler plusieurs choses vous concernant et qui expliquent pourquoi vous n'êtes pas, à mon sens, crédible dans le rôle du défenseur des hôpitaux publics.
Vous n'êtes pas, Monsieur le maire, un militant UMP "de base". Vous êtes, si j'en crois le site de l'UMP 65, le secrétaire départemental de la fédération des Hautes-Pyrénées. Que vous le vouliez ou non, votre position au sein de l'UMP 65 fait de vous le représentant local du chef de la bande du Fouquet's, l'ultra libéral ami des puissants, le fossoyeur des services publics, le frère du patron de Malakoff-Médéric, j'ai nommé M Nicolas Sarkozy himself. Vous appartenez au parti responsable de la plus grande régression sociale depuis la seconde guerre mondiale, qui n'a de cesse de demander des sacrifices aux plus démunis alors que, dans le même temps, il fait des cadeaux au plus riches et offre les biens communs de l'humanité aux appétits voraces des multinationales cotées en bourse. Entendons-nous bien, M le Maire, je ne vous reproche pas d'être membre de l'UMP, vous en avez parfaitement le droit. Je vous reproche juste de ne pas assumer la politique libérale de votre parti qui consiste, entre autre, à privatiser la santé en fermant les hôpitaux publics de proximité, et à casser la sécurité sociale pour le plus grand bénéfice des assurances privées. Vous êtes dans le camp de ceux qui, nationalement et localement, ferment nos écoles, nos postes, nos hôpitaux, nos tribunaux, privatisent le secteur de l’énergie et de l’eau, etc… Vous voulez passer pour le pompier de service alors que vous êtes le copain des pyromanes ! Je trouve cela choquant et peu digne d'un homme qui assume ses convictions et son appartenance à un parti politique. Tant que vous ne démissionnerez pas de l'UMP, pensez-vous que beaucoup de monde, à part quelques aficionados, verra en vous un défenseur de l’hôpital de Lourdes et des services publics ? Mais comme je suis un éternel optimiste, je ne doute pas une seule seconde que vous allez convoquer très bientôt une conférence de presse pour dénoncer la politique de ce gouvernement qui n'a de cesse de mettre à mal les trois piliers de notre socle républicain : la liberté, l'égalité et la fraternité. Je suis même persuadé que vous profiterez de l'occasion pour annoncer votre démission de l'UMP…
Monsieur le Maire, je ne viendrais pas à cette réunion en tant que "partenaire social". Je laisse cela à certains syndicats coutumiers du fait, et plus aptes à signer des "accords" de régression sociale, plutôt qu'être au coté des salariés pour demander la récupération des dizaines de milliards d'euros volés chaque année par les financiers à l'origine de toutes les crises et de toutes les guerres. Je serai en face de vous en tant qu'adversaire social, car vous êtes, jusqu'à preuve du contraire, le représentant local de la politique de M. Sarkozy. Comble de l'ironie : la loi Bachelot votée par vos amis, vous donne le rôle d'un simple spectateur impuissant, qui devra se contenter de commenter les décisions prises par M Chastel…
Pour terminer, c'est à vous, Madame la Députée, que s'adressent ces dernières lignes. Sachez que je ne suis pas rancunier, mais que je ne suis pas non plus amnésique. Les propos que vous avez tenus contre ceux qui se battent depuis le départ pour le maintien de l'hôpital de Lourdes, et contre le Collectif "Hôpitaux Santé 65", méritaient largement, à mon sens, une réponse ferme de ma part. C'est fait.
En sachant que j'ai gardé l'ensemble de vos déclarations et de vos courriers, libre à vous maintenant de faire ce que vous voudrez : soit nous enterrons la hache de guerre et nous envisageons de mettre en place une collaboration efficace entre les différents acteurs concernés par le sujet (usagers, salariés, élus), soit vous continuez à avoir la même attitude envers nous.
Pour ma part, je vote pour la première option, car je pense qu'il est maintenant grand temps de se rassembler. N'oublions pas une chose : même si M Chastel le directeur de l'Agence de Régression Sanitaire et Sociale de l'UMP de Midi-Pyrénées, prend sa décision en juin, il y a fort à parier qu'aucun nouvel hôpital sortira de terre avant les élections présidentielles. Et pour nous, c'est déjà une grande victoire puisque rien n'interdit désormais de penser qu'une nouvelle politique de santé pourrait voir le jour dés 2012, et pourrait être à l'origine du sauvetage de l'hôpital de Lourdes.
Car des solutions, il y en a des dizaines. Nous n'avons eu de cesse de les présenter aux cours de nos réunions publiques, avec le concours de spécialistes comme le Dr Christophe Prudhomme, porte parole de l'AMUF (Association des Médecins Urgentistes de France), Jean-Claude Marx, vice-président de la Coordination Nationale, ou Jacques Cotta, journaliste et réalisateur à France 2, qui a brillamment répondu à la question "qui veut la peau des services publics ?"
Pour faire court, ce qui met en grande difficulté l'hôpital de Lourdes et tous les hôpitaux de France, c'est le manque de médecin et le sous-financement de la santé. Ces deux questions peuvent être réglées très facilement par des choix politiques :
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Si le numerus clausus était passé il y a 15 ans à 20 000 médecins formés par an, qui parlerait aujourd'hui du manque de médecin ?
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Le sous financement de tous les hôpitaux publics se monte à environ 1 milliard d'euros. Qu'est-ce qu'un misérable milliard d'euros quand on pense par exemple aux 70 milliards annuels d'exonération sociale que l'on accorde aux entreprises, aux 8,5 milliard de bénéfice fait par le laboratoire Sanofi Aventis en 2009 grâce au remboursement de ses médicaments par la Sécurité Sociale, aux cadeaux fait aux restaurateurs qui, avec la baisse de la TVA, privent chaque année le budget de l'état de plus de 3 milliards d'euros, ou aux 80 milliards d'euros de profit fait par les entreprises du CAC 40, en 2010?
La T2A, la Loi Bachelot, les ARS ne sont que des outils mis en place par un gouvernement ultra libéral, qui rêve de supprimer la Sécurité Sociale pour le plus grand profit des groupes privés d'assurance dont l'un des principaux est dirigé par Monsieur Guillaume Sarkozy, le frère du Président de la République. Mais ces outils peuvent très bien être éliminés dés le lendemain des élections présidentielles.
Le refinancement de la sécurité sociale par des mesures d'urgence, le doublement ou triplement du numerus clausus, la suppression de la loi Bachelot, de la T2A et des ARS, l'interdiction des dépassements d'honoraire, l'interdiction faite à la sécurité sociale de rembourser les actes réalisés dans les cliniques privées à but lucratif qui reversent de l'argent à des actionnaires, sont des mesures urgentes et importantes qui doivent être inscrites dans les programmes politiques des partis qui désirent réellement représenter une alternative à la politique néolibérale actuelle. Quand la politique prend vraiment en compte le bien-être des citoyens, notamment des plus démunis, plutôt que celui des banques, c'est aussi le meilleur moyen d'éviter que la colère ne se traduise par un vote de contestation, pour un parti xénophobe, raciste et antisocial.
Madame la Députée, vous avez déjà montré par le passé que vous étiez une femme de conviction, notamment lors de votre vote au congrès de Versailles contre la modification de la constitution qui permettait l'adoption d'un traité "européen" rejeté majoritairement par les français. Lors de ce "coup d'état constitutionnel" vous avez prouvé, contrairement à certains autres parlementaires "de gauche", que vous étiez attachée aux valeurs de la république et de la démocratie. Ne renoncez pas aujourd'hui à défendre ce qui est certainement un de vos engagements essentiels en tant que Députée et présidente de l'ANEM (Association Nationale de Elus de Montagne) : le maintien des services publics de proximité, pour l'égalité de tous et le développement de nos territoires. Si, comme je le crois, vous ne vous résignez pas à la dérive libérale de notre société, rejoignez-nous pour mener ce formidable combat qui permettra de sauver des vies. Des drames comme celui de cette maman du Louron contrainte de partir accoucher à Tarbes depuis la fermeture de la maternité de Lannemezan, et qui a malheureusement perdu son bébé en arrivant à Tarbes, pourront aussi être évités.
Persuadé de la nécessité d'un large rassemblement pour lutter contre la fermeture des hôpitaux publics de proximité, et conscient de tout ce que vous pourriez apporter à notre combat, je vous le demande très simplement et très sincèrement, Madame la Députée : tirons un trait sur le passé et venez travailler avec nous pour défendre l'égalité de tous les habitants des Hautes-Pyrénées devant l'accès aux soins publics de proximité et de qualité. Votre place est à nos cotés.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame la Députée, Monsieur le Maire, l'expression de ma haute considération.