Nicolas Sarkozy se lance dans le Web 2.0 : la forme plus que le fond

Publié le 31 mars 2009 par Michael Pierlovisi

Lorsque le journal les Echos titre en première page (bon, presque, tout en haut à gauche pour être exact) de son édition d’aujourd’hui que « Sarko se lance dans le Web 2.0 », je me suis bien évidemment intéressé à ce « nouveau » tournant dans la stratégie de communication Online de la présidence.

Après Ségolène Royal qui criait au pillage de son concept de « de démocratie participative » par l’ex-candidat Barack Obama (et dont la plateforme « Citizen Briefing book » en a été l’illustration sur le Web), c’est au tour de l’Elysée, par l’intermédiaire de François de la Brosse, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, d’affirmer que

Barack Obama nous a copiés et ce n’est pas le seul. Gordon Brown aussi vient de lancer 10 Downing Street TV sur le modèle de Sarko TV et PRTV

Au cœur du sujet, le succès du site elysee.fr qui aurait franchit en mars la barre des 2 millions de visiteurs uniques mensuels et la mise en chantier de deux projets estampillés 2.0 : France.fr (conçu en commun avec Matignon et l’Elysée) et la refonte de Gouvernement.fr (qui remplacera Premier-ministre.gouv.fr).

Mais finalement, que signifie exactement cette « lancée dans le Web 2.0 » ? Pas grand-chose si l’on se base sur le portail Elysee.fr présenté comme l’exemple à suivre… Disons plutôt que le Web 2.0 tel qu’il est conçu par l’entourage du président se limite à la forme (jusqu’à un certain point) plutôt qu’au fond.

Commençons par les éléments les plus visibles de cette plateforme 2.0 : le fameux portail vidéo PR TV que les américains et les anglais nous envient (une version Relance TV est également disponible pour les amateurs), un fil d’actualités avec de vrais morceaux de RSS à l’intérieur, une rubrique Edito du président qui n’a rien d’une tribune d’opinion personnelle ou encore l’Elyséethèque qui propose de télécharger les discours du président, les documents des diverses conférences de presse, etc.

Ajoutez y quelques visuels sur la page d’accueil, un dégradé bleu en guise de charte graphique et voici l’Elysée 2.0. Vous l’aurez deviné, ce site n’a rien d’une véritable plateforme 2.0. S’agirait-il d’un problème de définition ? Après tout, vu la connaissance de Frédéric Lefebvre sur le sujet, la question peut se poser légitimement…

Un petit détour sur Wikipedia à la rubrique Web 2.0 nous apprend ceci:

on qualifie de Web 2.0 les interfaces permettant aux internautes d’interagir à la fois avec le contenu des pages mais aussi entre eux, faisant du Web 2.0 le web communautaire et interactif.

Retour sur l’Elysee.fr et premières constatations. A quel moment est il possible pour les visiteurs d’interagir avec le contenu des pages et/ou entre eux ? Ce n’est pas l’option Ecrire au président qui n’est qu’un simple formulaire de contact qui fera illusion (ne vaudrait-il d’ailleurs pas plutôt jouer la transparence et préciser que l’on écrit à un membre de son cabinet qui pourra éventuellement le transmettre à son supérieur ou l’inclure dans sa note hebdomadaire ?), même constat pour la fameuse RP TV. Tout au plus êtes vous autorisé à envoyer à un ami et par email le lien de la vidéo que vous visionnez.

Quant à la possibilité de récupérer cette vidéo afin de bloguer dessus ou de la partager avec votre communauté (site de partage, réseau social, etc.), c’est une tout autre histoire…

Au final, à aucun moment n’avons-nous un point de vue personnel d’un membre du cabinet sur un sujet spécifique, une quelconque analyse ou opinion qui apporterait un véritable contenu au portail. Même le site la maison blanche propose un blog, certes officiel et parfois ennuyeux, qui accueille les notes de certains experts sur les sujets du moment.

Rebecca Adelman of the Department of Health and Human Services tells us about a new report that turns the debate over the costs of health reform on its head.

A aucun moment le visiteur ne bénéficie du même niveau de transparence (certes limité mais qui a le mérite d’exister) que Recovery.org sur les dépenses engagées par l’état ou n’est encouragé à émettre ou partager une proposition comme cela a été le cas avec le fameux « Citizen Briefing book » ouvert juste avant l’investiture de Barack Obama.

Tout cela ne signifie pas pour autant qu’il faille suivre aveuglément l’exemple américain. Il serait simplement plus sage de stopper cette propension à louer le niveau d’engagement de la présidence française dans le monde du 2.0.

De deux choses l’une, soit l’Elysée nous gratifie avec ses deux prochains portails d’une véritable approche communautaire, soit les fameux spin doctors 2.0 font amende honorable et avouent clairement leur objectif : remettre au gout du jour avec quelques gadgets bien placés une stratégie de communication Online et des outils d’un autre temps…