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L’Etat est-il un emprunteur comme un autre ?

Publié le 06 juin 2011 par Letombe

etat1.png La crise financière de 2008 a révélé au grand jour les agences de notation comme arbitre des marchés financiers. Ces agences ne sont pas des acteurs des marchés financiers au sens où elles n’achètent pas ou vendent des actifs, en revanche elles ont un rôle informationnel sur la qualité d’une émission d’actif. Ainsi, ces agences s’occupent d’estimer la probabilité qu’un agent voulant se financer pourra rembourser sa dette à terme. L’Etat, devant aller sur les marchés financiers pour se financer, est également noté par ces agences de notations comme n’importe quel agent économique. Les bons du trésor (dette de l’Etat) étaient considérés comme l’unique actif sans risque du marché et obtenait ainsi la meilleure note.

Avant 2008, les notations de dettes souveraines pouvaient varier sans que cela n’ait un impact significatif sur le taux d’emprunt des Etats concernés. Mais en 2008, un nouveau paramètre entre dans le prix : l’engouement médiatique avec comme faiseur d’opinion les agences de notation. En effet, les marchés financiers ne vont plus se contenter de changer leur taux d’emprunt dès qu’une note diminue, les agents vont d’abord spéculer sur un potentiel abaissement de la note d’un Etat souverain. Cette anticipation, ou rumeur, de baisse de note va immédiatement se concrétiser par une hausse du taux d’emprunt de l’Etat, le mettant en difficulté, ce qui entraine une baisse de sa propre note. Cette baisse de note effective va, une nouvelle fois, provoquer une hausse du taux d’intérêt auquel l’Etat est soumis. Ce cercle vicieux, la Grèce, le Portugal et l’Espagne l’ont subi de plein fouet.

L’Etat est-il un emprunteur comme un autre ?

Dès lors, les agences ont acquis un nouveau pouvoir pour faire basculer un Etat dans la banqueroute en émettant une « mise en observation assortie d’une perspective négative » d’un Etat, autrement dit, l’agence annonce qu’elle pourrait diminuer la note d’un Etat ce qui laisse place à la spéculation. Et pourtant, ce sont ces mêmes agences qui en 2007 donnaient la meilleure note aux sub-primes.

La réponse européenne est pour le moment insuffisante face aux problèmes que posent les marchés financiers et les agences de notation sur la dette des Etats. L’Union Européenne a mis en place en 2010 un Mécanisme Européen de Stabilité (MES) ayant pour but de d’assister les Etats en difficulté économique. Un an plus tard, on voit que cela est toujours insuffisant. Plusieurs solutions sont possibles pour endiguer ces spirales, la première serait de réviser le traité européen afin d’autoriser la banque centrale à racheter les dettes publiques quand il y a des tensions sur les taux des dettes souveraines, comme cela se fait aux Etats-Unis (voir conférence de presse de Bernanke le 27 Avril dernier). La deuxième solution plus de long terme serait de mettre en place un trésor public européen ayant la tâche d’émettre des bons du trésor européens (eurobons) en cas de rumeur ou spéculation, néanmoins cela pose la question d’une Europe fédérale.

Dans l’état actuel, l’austérité budgétaire imposée par l’Union Européenne et la hausse des taux d’intérêt de la banque centrale dans son objectif de lutte contre l’inflation finira par tuer la demande intérieure européenne.

MJS


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