À chacun son rythme

De l’atome à la galaxie, tout bouge constamment. Quelle que soit l’échelle de grandeur, chacun évolue à son rythme. Chacun a son mouvement. Un cœur bat partout. Tout le temps. Dans la pierre, la rose, la rivière, la mésange. Et nous.

Notre galaxie trotte nonchalamment dans l’espace. Emportant dans son sillon des milliards d’étoiles. Notre soleil épouse sagement son mouvement. Entraînant dans sa ronde celle qui s’active au clavier et vous qui la lisez…

Mais qui donc réprime, comprime, opprime, supprime son rythme naturel?

Eh bien, c’est nous, chers humains. Nous, gens soi-disant civilisés. Nous, esprits conditionnés à respecter tout, sauf nos élans intérieurs.

Pourquoi? Parce que déjà tout-petits, on nous impose des horreurs… horaires.

Manger à telle heure. Se coucher à telle heure. Se lever à telle heure. Travailler à telle heure. Être en vacances à telle date. Se caser à tel âge. Prendre sa tablette, euh… sa retraite à tel moment.

Avec un rythme ainsi programmé, que devient notre spontanéité? On profitera des congés annuels pour l’écouter. On se couchera à l’heure qu’on veut. On se lèvera quand ça nous tente. On mangera quand on a faim.

Une longue série d’impositions pour un bref répit d’abandon.

Je sais. Vous allez me dire que vous n’avez pas le choix. Je vous comprends. Je connais bien cet endroit. Laissez-moi vous proposer une alternative. Elle m’est inspirée de la nature. Mon maître ces temps-ci.

J’oublie de respirer? Je regarde un bouleau se gonfler le feuillage sous la caresse du vent. J’oublie de rire? J’écoute une tourterelle gazouiller sa joie d’exister. Ils me rappellent d’accepter ce qui est. Ne serait-ce qu’un instant.

Je m’endors? Je ferme les paupières. J’ai faim?  Je prends une collation. Je suis triste? Je laisse monter les larmes. Je suis gaie? Je partage avec un bon public.

Sans juger. Ni résister. Naturellement.

Je sens la vie circuler en moi. Légère. Vibrante. Fluide. Petit à petit, je découvre mon rythme d’aujourd’hui. Ô comme il a changé depuis 58 ans!

Le vôtre aussi. Probablement.

Notre corps, nos relations, notre carrière, nos possessions, notre environnement, nos opinions ont aussi un rythme. Ils se font tantôt roche, cascade, glacier, buisson. Tantôt tortue, lézard, gazelle, lion.

Dans le jardin de l’amour, rien n’est statique. Nul n’est en plastique. Tout palpite! Au diapason de nos pulsions individuelles. À l’unisson du rythme universel.

Tout ce qui existe participe à la divine mélodie du vivant. Ici. Maintenant.

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