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DSK – Confidences explosives de la femme de chambre

Publié le 06 juin 2011 par Labasoche

DSK – Confidences explosives de la femme de chambre

L’ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn a plaidé lundi devant un tribunal pénal de New York « non coupable » d’avoir tenté de violer une femme de chambre d’hôtel, une décision attendue qui ouvre la voie à la tenue de son procès devant un jury. L’ancien ministre socialiste français a ainsi rejeté l’ensemble des sept chefs d’accusation, dont crimes sexuels, tentative de viol et séquestration, dont il fait l’objet suites au témoignage sous serment de la victime présumée, une femme de chambre de 32 ans d’origine guinéenne. En plaidant non coupable, « DSK » ouvre la voie à l’organisation de son procès public, qui pourrait avoir lieu dans les prochains mois et lors duquel il devra affronter la victime présumée (qui témoignera), dont les autorités américaines n’ont pas révélé l’identité.

S’il avait plaidé coupable –ce qui eût été un coup de théâtre, ses avocats ayant toujours affirmé qu’il niait les faits– M. Strauss-Kahn aurait pu négocier une réduction de peine avec l’accusation. Il garde toutefois la possibilité de le faire jusqu’à son procès.
Il comparaîtra à nouveau devant la justice le 18 juillet.

La plaignante témoignera au procès

Cette brève audience (7 minutes) était la troisième depuis l’arrestation de DSK il y a trois semaines. Sitôt celle-ci terminée, les avocats des deux parties se sont affrontés devant la presse, donnant un avant-goût des joutes juridiques qui devraient avoir lieu jusqu’au procès.

La décision de « DSK » de plaider non coupable est « une déclaration forte et éloquente », a dit un de ses avocats, Benjamin Brafman, un ténor du barreau de New York, dont la stratégie consiste depuis le début de l’affaire à rejeter les accusations dont fait l’objet son client.

« Il va apparaître clairement qu’il n’y a pas d’élément fort montrant qu’il y a eu contrainte dans cette affaire, toute suggestion du contraire n’est tout simplement pas crédible », a-t-il assuré. Dominique Strauss-Kahn jouera donc la carte de la relation consentie.

Riposte, par média interposé, de l’avocat de la victime présumée : « c’était une agression sexuelle terrible », a affirmé Me Kenneth Thompson. La victime présumée « est une femme digne et respectable » qui témoignera contre l’ancien patron du FMI, a-t-il ajouté.

« Elle va venir devant ce tribunal, elle va s’asseoir dans le box des témoins et elle va dire au monde entier ce que Dominique Strauss-Kahn lui a fait », a déclaré Kenneth Thompson, défenseur de la jeune femme.

Contre enquête

Le jugement tombe, lourd de mépris et de sous-entendus: «Cette femme n’est rien!» L’homme qui prononce ces mots, Abdoulaye, un émigré guinéen installé depuis vingt ans aux Etats-Unis, est pourtant proche de la famille de Nafissatou Diallo, la jeune femme de chambre de 32 ans d’origine guinéenne qui accuse Dominique Strauss-Kahn de tentative de viol. «C’est une femme qui travaillait dur, ne parlait à personne et que nous-mêmes ne connaissions pas dans notre communauté», poursuit-il.

Installés dans un salon à bow-window, à l’étage d’un modeste pavillon de briques d’un quartier résidentiel du Bronx, des immigrés guinéens, commerçants ou chauffeurs de taxi, passent leur dimanche à deviser en regardant la télévision. La conversation roule en pulaar, la langue des Peuls, l’ethnie à laquelle appartient Nafissatou Diallo, qui représente 40% de la population en Guinée et au moins 80% des quelque 4000 immigrés guinéens de New York, si l’on en juge par le score réalisé ici par Cellou Dalein Diallo, le candidat peul à la présidentielle de 2010 en Guinée.

Double traumatisme

Dans cet appartement du Bronx, qu’un cousin de Nafissatou Diallo partage avec sa femme et deux autres colocataires, on évite soigneusement de parler de l’affaire devant des étrangers. Et l’on se méfie des journalistes, surtout s’ils sont Français. Il s’agit de ne pas faire de faux pas, une procédure judiciaire étant en cours. Mais aussi de sauver ce qui reste d’honneur. Car, dans la culture peule, une femme violée souille toute sa famille. «Ces femmes sont souvent victimes d’un double traumatisme, étant ensuite rejetées par leur mari, leur famille et leur communauté», rappelle Gaëtan Mootoo, un chercheur d’Amnesty International qui a enquêté sur les nombreux viols commis à Conakry par des militaires, lors du massacre par l’armée de 156 manifestants civils, le 28 septembre 2009, dans un stade de la capitale.

La famille de Nafissatou Diallo est harcelée par la presse internationale, qui propose de fortes sommes d’argent pour des interviews exclusives et la photo de la jeune femme, encore introuvable. Elle se sent dépassée par les événements. Au risque de paraître ne pas soutenir la plaignante, la sœur aînée et le frère de Nafissatou Diallo, Hassanatou et Mamadou, eux aussi émigrés aux Etats-Unis, ne disent rien et se replient sur eux-mêmes. Ils redoutent, plus que tout, les ragots et les rumeurs qui circulent déjà au sein de la communauté peule de New York. «Vous allez gâter notre nom si on accepte de vous rencontrer, on va nous accuser d’avoir touché beaucoup d’argent pour vous parler», affirme une amie intime de Hassanatou Diallo, déclinant tout rendez-vous.

Un fond de machisme

Chez Chérif Mamadou Diallo, qui se présente comme un cousin de Nafissatou Diallo,(ils sont tous frères ou cousins) les langues se délient tout de même, au bout de quelques heures. Les femmes ne disent rien, par pudeur, tandis que les hommes ne cachent pas se poser beaucoup de questions, comme tout le monde. «S’il s’agit d’une manipulation, comme le pensent les Français, pourquoi avoir choisi une pauvre femme de chambre illettrée venue de Guinée et qui ne comprend rien à la politique?» se demande Assane, chauffeur de taxi. «Etait-elle d’accord ou pas d’accord pour un rapport avec DSK?» s’interroge Mohammed, immigré de longue date aux Etats-Unis, bon musulman, pas prêt à défendre la réputation de la jeune femme a priori. Un certain machisme se ressent, dans cette communauté guinéenne où ce sont les hommes qui parlent et qui décident, et où l’on se montre assez prompt à douter de la moralité des femmes qui ne sont pas mariées ou remariées, comme c’est le cas pour Nafissatou Diallo.
Ce qui est certain dans cette affaire DSK va y laisser sa chemise…


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