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Dominique de Villepin parait en situation intermédiaire à l'exemple d'une sorte de course de lenteur quasi-généralisée pour s'engager dans la campagne active pour la présidentielle 2012.
La présidentielle française est actuellement entre deux âges. Elle est engagée sans être engagée réellement tout en l'étant ... C'est le "jeu" du moment de candidats qui le sont sans l'être tout en l'étant probablement ...
Il n'est pas sûr que l'opinion apprécie à terme ce rapport à la présidentielle qui est d'abord un rapport à l'opinion publique.
Parmi les présidentiables, il en est un qui incarne désormais tout particulièrement cette situation intermédiaire : Dominique de Villepin.
Il a occupé très tôt le terrain en incarnant la diversité, voire même l'opposition, dans la majorité présidentielle. Aujourd'hui, il n'est plus seul à incarner la diversité dans cette majorité face aux radicaux (Borloo) ou à la droite populaire appelée à monter en puissance une fois qu'elle aura trouvé son porte voix.
Il a occupé le créneau des nouvelles technologies sous toutes leurs formes : du réseau social dédié à la présence sur Facebook ou Twitter. Mais aujourd'hui cette gamme est pareillement mise en oeuvre par les autres candidats éventuels. Les médias sociaux vont indiscutablement occuper une place à part en 2012. L'équipe Obama vient de recruter Harper Reed pour renouveler son offre. Mais les médias sociaux ne feront pas l'élection. Et surtout, le choix des médias sociaux sera une étape majeure entre les incontournables et les nouveaux.
Il a corrigé son image de diplomate en effectuant des déplacements en régions qui ont été l'occasion de corriger son image initiale et montrer son intérêt comme ses qualités pour les questions intérieures. Mais cette "plongée" en régions l'a été au rythme de deux déplacements par mois en moyenne ... Rythme probablement insuffisant pour corriger efficacement une image. D'ailleurs la presse, volontairement ou pas (?), le ramène systématiquement aux questions internationales, preuve si besoin était que l'ancrage de base peine à être corrigé.
Dans la déclaration de candidature, il a choisi d'attendre écartant toute idée de "prime au lève tôt". C'est un choix stratégique majeur. D'ordinaire, les candidats "émergents" partent tôt pour profiter d'espaces de communication quand le nombre de candidats est encore peu élevé.
En réalité, bon nombre des candidats pour 2012 calquent une partie de leurs décisions sur la campagne 1995 qui a été à l'opposé de celle pour 2007. Une campagne brève pendant laquelle l'opinion a beaucoup bougé. Ce parallèle devrait probablement mieux intégrer trois nuances majeures.
1) Balladur était peut-être un "bon" gestionnaire mais indiscutablement un tempérament peu habitué aux campagnes électorales à la différence de J. Chirac. Ce n'est pas le cas de Nicolas Sarkozy qui a le tempérament et l'habitude des campagnes électorales.
2) La spécificité de J. Chirac, alors à sa troisième présidentielle, est indiscutable. Depuis les législatives de 1978, à chaque élection, il avait quadrillé le territoire français dans des conditions qu'aucun autre candidat à ce jour n'a effectué.
3) La place des sondages a beaucoup évolué sur ces 16 dernières années. Ils constituent aujourd'hui le véritable tour qualificatif. Une part très élevée de l'opinion se détermine en fonction du gagnant donné par les sondages. Ne pas être en perspective du second tour marginalise et donc fragilise dans un système techniquement auto-entretenu. Désormais, l'enjeu n'est pas d'attendre février pour voir une inversion des tendances mais d'être toujours en course en février parce que l'opinion va se structurer en fonction des indications des sondages sur le second tour.
Pour toutes ces raisons, l'actuelle "période intermédiaire" est intéressante parce qu'elle risque de s'avérer à terme celle des rendez-vous manqués pour plusieurs des présidentiables 2012.