Théorème de Cupidon (Déf.) : deux lignes parallèles ne se croisent jamais, sauf si elles sont faites l'une pour l'autre.
Commençons par un a priori. Une fois n'est pas coutume. A l'Escale Littéraire, vous trouverez très peu voire pas du tout de Chick Lit. Vous y trouverez de la littérature française et étrangère, des romans policiers et une sélection pour la jeunesse. Non seulement nous aimons cela, mais en plus ces rayons sont en phase avec la demande de nos lecteurs assidus. Globalement et pour faire un résumé trivial, dans chaque catégorie de lecture, le travail de tri du libraire est colossal et il a donc tout intérêt à se concentrer sur son "coeur de métier". Pas d' a priori macho ici sur les "romans pour les filles", la librairie est co-gérée par un homme et une femme. Pas non plus de postulat de départ « élitiste » mal placé quant à un genre ou un autre.
Les comédies romantiques agrémentées de « mon dieu mais quelles chaussures vais-je bien pouvoir mettre avec ma robe et mon rouge à lèvre » -toujours sans machisme aucun- ne sont en principe pas ma tasse de thé.
Mais Le théorème de Cupidon est un cas à part. Je me suis régalé ! Ce roman d'amour est surtout plein d'humour et de bonnes références. J'en ris encore. Merci Agnès Abécassis pour ce bon moment en compagnie d'Adélaïde et de Philéas !
Adélaïde est agent d'artistes pour le cinéma. Célibataire plus ou moins endurcie, ses commentaires sur les hommes qui l'entourent sont truculents. Elle a pour elle une bonne dose de répartie, pas mal de recul sur les (ses) relations avec ses congénères, le genre masculin en particulier. Quarantenaire, elle en a assez des histoires sans lendemain et aimerait bien rencontrer quelqu'un qui l'aime comme elle est. Quelqu'un qui soit doté d'un minimum d'humour car elle est directe et exubérante.
Il en va de même pour la deuxième voix de ce roman, Philéas. Réalisateur, il marche dans l'ombre de son célébrissime père. Archi complexé, entre autres par une tignasse rousse indomptable, il aimerait lui aussi « poser ses bagages ». Ironie du sort, ces deux personnages se sont rencontrés ou plutôt croisés, à plusieurs reprises, sans vraiment le savoir ou s'en souvenir et ce depuis longtemps, mais il semblerait que Cupidon soit un peu capricieux en ce qui les concerne...
Chaque tête de chapitre comporte des extraits de dialogues bien connus des cinéphiles. L'ambiance particulière dans laquelle évoluent Adélaïde et Philéas tient sans aucun doute à leurs métiers respectifs dans le monde du septième art.
Certaines scènes sont particulièrement drôles, comme par exemple celle où Adélaïde se fait piéger par ses proches qui l'inscrivent par surprise à un speed-dating, au cours duquel elle verra défiler des prototypes de « boulets ».
Dans une période où le rire se fait (trop) rare (je n'avais pas ri autant depuis Parquet flottant de Samuel Corto -Denoël), on se surprend à envisager qui pourrait incarner à l'écran les personnages de cette comédie jubilatoire, portée par une écriture au scalpel.