RENDEZ-VOUS AVEC UN ANGE de Sophie de Daruvar et Yves Thomas

Une femme effacée et timide, virée de son cabinet médical (Isabelle Carré). Un homme égoïste et dur, passionné d’opéra (Sergi Lopez). Un duo sur le déclin, qui se cache tout, qui ne se dit plus rien. Elle, tait la vérité. Lui, la découvre et se met à la suivre partout. On ignore ce qu’elle trafique derrière ces portes closes et des coups de téléphone mystérieux. Lui, tente de percer les arcanes d’une femme, cette inconnue. Rendez-vous avec un film atypique, charmant, atmosphérique- qui avait pour premier titre : Où vas-tu Judith ? L’essentiel en apparence, d’un scénario qui tisse une belle toile de réflexions autour de cette énigme là : que fait la jeune femme de ses journées ? Tout autour d’un mini suspense (rapidement éventé toutefois) : beaucoup de choses. Avant tout, un parallèle inédit et bien mené entre la déliquescence progressive, la lente mort d’un couple à l’écran et la découverte graduelle des activités de la jeune femme.
Cet entrelacement, dont on taira les aboutissants pour ne rien gâcher du plaisir procuré par le film, culmine- joliment- jusqu’au final lumineux où il est tout autant question de mort, au sens propre et figuré, de l’union de deux êtres que de leurs renaissances respectives, l’un et l’autre, l’un sans l’autre. Ce lever de soleil parisien, c’est aussi une illumination impossible à nier : là où se termine leur amour, la véritable beauté de leurs sois éclot enfin. De la soumission, l’héroïne s’échappe. Le rapport dominant/dominé s’inverse. Tout le monde prend alors conscience de la grandeur des petites choses. C’est énoncé sur des airs d’opéra, des filatures insensées, des soupçons grandissants et des non dits qui signifient beaucoup. C’est psychologiquement travaillé, et subtilement interprété. Une belle proposition de cinéma, finalement.