C’est devant une salle copieusement garnie et même trop petite pour accueillir tout le monde que Martine Aubry et Bertrand Delanoé ont participé à l’étape messine des rencontres du changement hier soir à la foire internationale de Metz.
La gauche messine s’était largement mobilisée pour cette visite et c’est Dominique Gros lui même qui avait accueilli Martine Aubry et Bertrand Delanoé en gare de Metz une heure auparavant . On trouvait là pèle-mêle Messieurs Lekhadir, Scuderi, Belhaddad ou mesdames Kaucic et Pallez. Le président de la région Lorraine , Jean Pierre Masseret a également fait acte de présence et on notait également la présence de nos voisins meurthe-et-mosellan Miche Dinet, président du conseil général, et Matthieu Klein.
Lorsque la première secrétaire et le maire de Paris entre dans la salle dans un joyeux brouhaha médiatique, il est encore beaucoup question parmi les militants de l’affaire DSK. Mais place à la bonne parole de la rue de Solférino et des orateurs qui s’enchainent.
Mr Todeschini, sénateur et premier secrétaire de la section de Moselle du PS ouvre le bal par une leçon d’humilité et de réalisme : « L’UMP laisse la France dans un tel état qu’il faudra faire des choix entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas » . Dominique Gros oppose lui le bouclier social que propose les socialistes au bouclier fiscal de Sarkozy et en profite pour faire un peu de promotion pour sa politique culturelle.
Arrive le maire de Paris Bertrand Delanoé qui ne restera à Metz que deux petites heures (mais à sa décharge il faut dire qu’il vient régulièrement à Metz où il a des attaches comme il le rappellera lui-même.
Il débute par une éloge de notre ville et de son maire »la politique c’est avant tout l’histoire et vous aussi ici à Metz , vous avez fait autour de Dominique (Gros) ,mon ami Dominique,en 2008 basculer l’histoire et je suis extrêmement fier de ce que vous êtes, de ce que vous avez fait, et que Metz soit enfin reconnue bien au delà de ses frontières comme une ville juste, comme une ville innovante« .
Puis il évoque le long processus qui aura permis la maturation du projet socialiste et rentre dans le vif du sujet « Après tant d’années d’arrogance , il faudra qu’il y ait une manière de rendre justice aux français (…)la gauche aux responsabilités leur rendra justice. »
Il énonce quelques mesures phare selon lui de ce projet : l’égalité salariale entre hommes et femmes, le droit au mariage et à l’adoption pour tous, le droit au mourir dans la dignité ,le droit au logement, le droit de vote aux élections locales pour les étrangers, la fin du cumul des mandats :« on ne pourra gagner en 2012 que si nous sommes vraiment de gauche mais la gauche est un mensonge quand elle est démagogique et ne se donne pas les moyens de rendre justice et d’avoir une politique dynamique (…) c’est pourquoi il faudra avec le courage de dire aux français que oui, il faudra faire des efforts pour des priorités , l’éducation, la santé, la formation,la sécurité,la justice… »
Enfin concernant les primaires, il parle d »une « audace démocratique (…) il faudra que les candidats parlent aux français de leur vie et non de leur nombril ».
C’est enfin au tour de Martine Aubry ; elle aussi commence par un petit clin d’oeil appuyé à Metz : « Metz est The Place to be, c’est la ville qui bouge , qui devient attractive; elle multiplie les tacles à Nicolas Sarkozyet à l’UMP « Comment peut-on croire qu’un homme tout seul puisse tout traiter ? d’ailleurs il ne traite plus rien… » ; sur la défiscalisation des heures supplémentaires : » c’est la mesure la plus imbécile qui soit ». « la réaction du président quand les jeunesses tunisiennes et égyptiennes se sont levées, le silence et l’inquiétude »« En France tout augmente, les loyers, le gaz,l’essence…sauf les impôts pour les riches ». Sur les affaires « j’en ai marre d’avoir à demander des démissions; faudrait-il faire des lois pour demander aux ministres de ne pas se servir ? »
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Elle évoque la finance et l’économie « tout continue comme avant, (…)les dividendes ont été multipliées par 7 dans les grandes banques,(…)il faut remettre l’économie devant la finance« . Elle propose ainsi que l’impôts sur les sociétés soit ramené à 20% pour les entreprises qui réinvestissent leurs bénéfices dans l’entreprise et à 40% pour celles qui redistribuent des dividendes,suggère une taxe de 0,05% sur les transactions financières (soit 200 milliards de recettes possibles en Europe) souhaite la création d’une banque publique régionalisée pour aider les entreprises, réduire l’écart des salaires, actuellement de 1 à 400 , de 1 à20. Elle propose la suppression des exonérations fiscales pour les entreprises qui n’entameront de discussion sur l’égalité salariale entre hommes et femmes.
Comment ne pas parler aussi des services publics en ces temps de casse : « le service public, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas » : « Il faut adapter les services publics à chacun ».
Sur la question du logement : « sur les 33 milliards d’euros dépensés dans le cadre de la politique du logement en France, un tiers , soit 11 milliards ,sont des cadeaux apportés à ceux qui sont déjà propriétaires et qui achètent et qui spéculent etc…sur ces 11 milliards on en prendrait à peine la moitié et on pourrait construire 150000 logements sociaux chaque année (…); dans chaque construction de plus de 15 logement nous imposerons un tiers de logements sociaux au minimum »
Elle propose la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires qui coûte 3,5 milliards d’euros qui serviront à financer les 300000 emplois d’avenir prévus dans le projet socialiste ; elle évoque aussi la création de l’allocation d’autonomie pour les jeunes pour permettre à chaque jeune d’être égal devant les études, avant de revenir à la question des retraites pour lesquelles elle souhaite la possibilité pour les personnes ayant des travaux pénibles de partir de 60 ans mais aussi la cotisation à la sécurité sociale des stock-options et des bonus.
Enfin, concernant le nucléaire, elle se prononce personnellement pour une sortie progressive mais admet que le projet socialiste parle plutôt de sortir de la dépendance vis à vis du nucléaire.
Après les discours et les réponses aux questions du public, Martine Aubry a eu droit à une chaleureuse ovation du public mais sans plus ; pas de « Martine Présidente » , pas de jeunesse en transe , l’heure était plutôt à la pédagogie.
Et après plus de deux heures de réunion tout ce petit monde pouvait s’en aller accueilli à la sortie par des militants de Couleurs gaies venues rappeler leurs revendications ; l’un d’eux portant une pancarte où il était inscrit « Mr Gros est-il d’accord avec tous les points du projet socialiste ? » , ce à quoi l’intéressé a répondu en souriant « très bonne question »…auquel il a répondu chez nos confrères de Lor’actu .
Retrouvez l’intégralité des interventions de Dominique Gros, Bertrand Delanoé et Martine Aubry
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