Le voyage de retour ne fut pas plus gai que l'aller. Cette fois, Paul-André en était à se demander si son union avec cette jeune fille qu'il connaissait si peu, au fond, n'était pas une erreur. C'était une adorable femme enfant, qui avait l'humeur capricieuse des enfants, sans posséder les qualités qu'on attend d'une femme. Ou, si elle les avait, il n'avait pas eu la chance de les découvrir. Il n'avait d'ailleurs rien découvert du tout ! Il se sentait ridicule. Ridicule et piégé. Comment avouer à son entourage qu'après deux jours d'état marital on avait déjà envie de fuir ? Car il en était là : il n'avait à présent qu'une envie, c'était de déposer Kathy chez sa mère et d'oublier les péripéties grotesques de ce mariage insensé !
Pour le rendez-vous mensuel de Stephie, qui nous propose chaque premier mardi du mois d'avouer nos lectures honteuses, je suis restée un moment perplexe : moi qui n'ai honte de pas grand chose, qu'allais-je bien pouvoir dégoter ? Et puis, je me suis dit que ça faisait bien longtemps, au moins vingt ans (ou quinze, mais pas moins) que je n'avais pas lu de romans sentimentalo-cucul la praline (je ne classe pas dans cette catégorie la chick-litt) bien dégoulinant de bons sentiments et de clichés en veux-tu en voilà ! Je me suis donc laissée porter vers ce choix et m'en suis remise au hasard dans le rayon dédié.
Dans ce roman, tout commence par un mariage. Un mariage parfait, tout ce qu'il y a de plus traditionnel, bourgeois, compassé, cul serré. Avec une mariée en blanc afin de ne laisser aucun doute sur sa virginité. Les époux se connaissent depuis l'enfance : tous deux enfants de commerçants ayant une boutique dans la même petite rue de Bourges, ils ont pour ainsi dire grandi ensemble, et ont bien l'air faits l'un pour l'autre. Mais bien vite, les catastrophes s'enchaînent...
Alors je vais le dire tout de suite : ce roman n'a pas du tout répondu à mes attentes, car il s'est avéré beaucoup moins ridicule que ce que je pensais. Pas de pot quand même : je pioche un truc nul et je me retrouve avec un roman pas-si-mal-que-ça tout compte fait. Cela partait bien pourtant : une héroïne tartignolette et insupportable de ridicule, un mariage qui accumule les clichés, de la sortie de l'église à la pièce montée au voyage de noces à Venise. J'avais presque l'impression d'entendre les violons. Oui mais voilà : si l'auteure accumule les clichés les plus éculés, c'est pour mieux tourner en ridicule son héroïne, ses caprices et ses rêves de grandeur. Héroïne que j'ai tellement détestée dès le départ (oui parce que moi, la nenette qui s'intéresse plus aux apparences et au qu'en dira-t-on qu'à son mari avec qui elle ne veut même pas faire de galipettes pour leur nuit de noce alors que bon, ils ne l'ont jamais fait, j'avoue, ça a du mal à passer, j'ai des envies de violence, de la secouer pour lui faire comprendre que flûte, elle a un mec beau, intelligent, plutôt gentil et assez amoureux d'elle pour faire ceinture jusqu'au mariage et elle, tout ce qu'elle voit c'est qu'il a fait une tache de vin sur sa robe... ça mérite des baffes non ? bref). Donc je disais j'ai tellement détesté l'héroïne dès le départ, que tout ce qu'elle faisait provoquait mon hilarité, et que je jubilais à chaque tuile qui lui tombait sur le coin du nez. Catharsis, tout ça. Donc au final j'ai trouvé ce roman plutôt drôle (je veux dire : volontairement drôle) et plutôt bien mené, même si on n'est pas étreint pas le suspens insoutenable de savoir comment ça va finir (bien, la mégère finit par être apprivoisée, si ça vous intéresse).
Les Caprices de Kathy
Marie-Anne DE DONZY
Pocket, 2011
Les autres participants sont chez Stephie