"Le masculin l'emporte sur le féminin": voila une ancienne règle de grammaire que l'on nous apprend dès l'école primaire. Quatre associations ( L'égalité, c'est pas sorcier, La Ligue de l'enseignement, Le Monde selon les Femmes et Femmes Solidaires) demandent la modification de cette règle qu'elles jugent sexiste et appellent à la signature d'une pétition.
Les féministes mènent une nouvelle bataille contre la "langue française sexiste". Une pétition intitulée "Que les hommes et les femmes soient belles ! " vient d'être lancée pour en finir avec la règle qui veut que "le masculin l'emporte sur le féminin".
Une règle de français bien ancienne
En 1676, le père Bouhours, l'un des grammairiens qui a oeuvré à ce que cette règle devienne exclusive de toute autre, la justifiait ainsi : "lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l'emporte."
Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. Avant le XVIII ème siècle la langue française usait d'une plus grande liberté. Un adjectif se rapportant à plusieurs noms pouvait s'accorder avec le nom le plus proche. Cette règle de proximité remonte à l'Antiquité : en latin et en grec ancien, elle s'employait couramment. Racine était un adepte de cette règle de proximité : " Surtout j'ai cru devoir aux larmes et aux prières, / Consacrer ces trois jours et trois nuits entières." (Athalie, 1691)
Plus de 850 signatures collectées
Depuis le lundi 2 mai un ensemble d'associations dont L'égalité, c'est pas sorcier, La Ligue de l'enseignement, Le Monde selon les Femmes et Femmes Solidaires appelle à la signature d'une pétition baptisée " Que les homme set les femmes soient belles " demandant la reconnaissance et l'application de la règle de proximité qui permet d'accorder un participe passé ou un adjectif se rapportant à plusieurs noms avec le nom le plus proche, qu'il soit féminin ou masculin.
Josette Rey-Debove, collaboratrice des dictionnaires Le Robert, a récemment annoncé: "J'aime beaucoup la règle ancienne qui consistait à mettre le verbe et l'adjectif au féminin quand il était après le féminin, même s'il y avait plusieurs masculins devant. Je trouve cela plus élégant parce qu'on n'a pas alors à se demander comment faire pour que ça ne sonne pas mal."
Aujourd'hui ce sont plus de 850 signatures qui ont été recensées. On y trouve des écrivains mais aussi des écrivaines, des professeurs et des professeures, des sculpteurs et des sculpteures tout comme des infirmières, des boulangers, des militants et militantes. Soulignons juste que les hommes restent malheureusement minoritaires pour le moment dans leur vote.
Les auteurs demandent à l'Académie française de "considérer comme correcte cette règle qui dé-hiérarchise le masculin et le féminin et permet à la langue une plus grande de liberté créatrice".