Célébritude = médiocritude ?

Je me pose une question depuis un petit moment. Enfin disons plutôt que je me la suis posée avec l’aide d’une copine la semaine dernière devant un verre de rosé et la meilleure Buratta de Marseille. On a commencé à parler de célébrité, de stars, de people. Et là, même constat, on a eu la même interrogation : c’est quoi la célébrité aujourd’hui ? Et surtout à quoi ça tient ? Parce que des célébrités il en naît une à peu près tous les quart d’heure. Mais d’où sort cette pépinière ? Y a t-il quelque part une pouponnière de stars prêtes à éclore ? Est-ce que des scientifiques fous auraient découvert le gène du people ? Parce que ça fuse de partout, ça explose, ça jaillit. Il y a 4 ans c’est Clovis Cornillac qui squattait les écrans de cinoche, maintenant c’est Jean Dujardin. Audray Tautou est retournée avec les nains de jardins et s’est pris dans la tronche une flopée de petites actrices aux dents longues et bien acérées. « Salut Audrey, ravie de t’avoir rencontrée, passe le bonjour à Cécile de France ». Un premier rôle dans un grand film et puis s’en va, oust, du balai ! Faudrait quand même pas qu’on s’attache. C’est pas pour rien que les actrices se lancent toutes dans la réalisation (avec plus ou moins de bonheur), elles ont compris qu’elles étaient une denrée périssable. Vaut mieux poser ses fesses derrière une caméra, le siège est moins éjectable. Et en fait, en réfléchissant plus avant, je crois qu’on est arrivés à une explication. Elle vaut ce qu’elle vaut, elle n’engage que nous. En fait la célébrité se résume à très peu de chose : mettez 1/4 de bonne gueule, plutôt jeune, plutôt canon, ajoutez 1/4 d’attachée de presse bien tenace. A ne surtout pas négliger l’attachée de presse, c’est elle qui va dire « écoute chérie, je t’ai décroché le Grand Journal, tu vas voir on va te lécher le cul ça va être magnifique, tu n’auras rien à dire, juste à hocher la tête de temps en temps avec un air modeste. Si t’es pas capable d’être modeste, fais la gueule comme Monica Belluci, ça passe aussi ». A cette petite mixture ajoutez 1/4 de papa-maman. Ca aide pas mal ce genre de truc, la fifille Delon en sait quelque chose. Ca marche aussi avec tonton-tata ou parrain-marraine. Même si on sait tous que c’est très compliqué d’être une fille de, bien sûr. On nous le serine assez. En même temps c’est vrai que j’échangerais pas mon père contre Gérard Depardieu, j’imagine la honte de la Julie à chaque fête de l’école « non non le gros monsieur qui sent le vin, c’est pas mon père, j’vous jure ». Permettez moi juste de mettre à part une « fille de » qui mérite toute ma reconnaissance parce qu’elle est vraiment douée j’ai nommé Léa Drucker. Une vraie « fille de » qui fait exception aux tombereaux de clones qu’on nous envoie par pelletées. Et enfin pour finir, ajoutez 1 / 4 de coucheries. Ouais ça marche toujours ce genre de truc. Faut savoir coucher utile. Après, les doses sont réparties différemment selon les célébrités, celle-ci a une attachée de presse un peu mauvaise mais elle compense en couchant beaucoup. Ou celui-là a vraiment une sale tronche mais son père a labouré le terrain du cinéma avant lui. Vous allez me dire, mais, Valérie, tu as oublié le talent, t’es folle ou quoi. Non, non, je ne l’ai pas oublié, c’est eux qui n’y ont pas pensé.