Il paraît que l'étau se desserre. Sans être populaire, Nicolas Sarkozy serait moins haï. Encore un effort, et les Français l'auront complètement oublié, juste à temps pour l'élection présidentielle de 2012, où le Monarque pourra nous refaire le coup de la Rupture, protectrice cette fois-ci.
Lundi, les médias français étaient tous occupés, dès 15 heures (heure de Paris), à suivre, filmer, commenter l'arrivée de Dominique Strauss-Kahn et d'Anne Sinclair dans les locaux de la Cour Suprême de New-York, les huées d'une petite foule de femmes de ménages convoquée par un syndicat, puis la sortie du prévenu, aux bras de son épouse, avec ses avocats. Le déballage médiatique fut immense pour entendre DSK prononcer le tant attendu « Not Guilty », prononcé par l'ancien directeur général du FMI. La prochaine audience est prévue pour le 18 juillet prochain. Une nouvelle fois, pour le plus grand bonheur du candidat Sarkozy, DSK attirait tous les projecteurs.
Il n'y eut qu'un journaliste américain, blogueur de surcroît, dénommé Leonard Levitt et spécialiste de la police, pour s'interroger sur les curieuses relations entre Ray Kelly, le patron du NYPD (le département de la police new-yorkaise), et ... Nicolas Sarkozy. Son article, le 30 mai denrier, s'intitule « Ray Kelly's French Connection.» Bruno Roger-Petit rapporte l'information. Elle pourrait être de taille. Notre Monarque a lui-même décoré Ray Kelly de la Légion d'Honneur quand il n'était pas encore Monarque, en 2006. En l'an dernier, le même Kelly fut à nouveau invité à Paris pour la remise d'une autre Légion d'honneur, à Alain Bauer, le patron de l'Observatoire de la délinquance, expert ès sécurité nationale. Ces informations ne seraient d'importance si le même journaliste américain n'expliquait pas que la plupart des fuites contre DSK ne provenaient... du NYPD. Cela ne change rien à l'accusation elle-même contre l'ancien patron du FMI. Mais cela éclaire les manipulations potentielles à l'oeuvre au sommet de l'Etat... français.
A en croire Charles Jaigu du Figaro, notre Monarque attend sa « récolte ». Il a conscience que le chemin est encore long pour recouvrer un peu de popularité. Il laisse quelques fidèles s'exprimer en public à sa place. Laurent Wauquiez pour réclamer la fin de l'assistanat; Claude Guéant pour dénoncer ces immigrés qui ne nous « ressemblent » pas ; Eric Ciotti pour proposer la réduction des aménagements de peines.
Eric Ciotti, justement, ancien assistant parlementaire de Christian Estrosi, député-maire de Nice, s'est désormais affranchi de son ancien mentor. Il préfère le Monarque élyséen plutôt que le duc de Nice. Mardi, il remet son rapport sur l'exécution des peines, personnellement demandé par Nicolas Sarkozy en février dernier. Le député des Alpes Maritimes a de graves idées et de grandes certitudes. Ainsi, partant du principe, non prouvé mais si souvent répété, que « 5% de voyous commettent 50% des délits », le voici qu'il suggère l'abandon des aménagements de peines systématiques, la suppression des crédits automatiques de réduction de peine et la création d'un service civique obligatoire pour les mineurs récidivistes les plus durs. Le député, auto-proclamé « expert » ès sécurité à l'UMP, n'a pas convaincu grand monde dans le milieu des magistrats. Ciotti voulait s'atteler au « stock » de peines non exécutées, annoncé à 89.000 (sic !!). « A l'instant T, il y a toujours un stock apparemment important: c'est logique puisque la loi prévoit 4 mois pour exécuter une peine » lui a répondu Benoist Hurel, secrétaire national du Syndicat de la magistrature (SM). Et un député UMP, certes villepiniste, avait rappelé, dans un rapport en février dernier, que 93% des décisions de peine sont exécutées dans l'année, et 96% l'année d'après. Le pauvre Ciotti s'est trompé de curseur !
Le pire est ailleurs : comme à chaque fois, en Sarkofrance, on dénonce la prétendue inefficacité de la justice (magistrats, prisons, etc), mais ... on ne se pose jamais la question des moyens. C'est la seule grande originalité du débat politique sur le sujet en ce moment. Il y a une vingtaine d'années, on caricaturait la gauche comme complaisante et compatissante et la droite comme sans pitié mais efficace. Quelques mesures de Révision Générale des Politiques Publiques plus tard, la Sarkofrance paraît désemparée : le discours este ferme mais la bourse est molle. On n'a plus d'argent pour la Justice ! Reste les paroles....
Le 15 juin prochain, il fera sa conférence de presse, la quatrième du genre depuis bientôt 5 ans. Et comme la précédente, l'ordre du jour sera encadré, nous promettons à l'Elysée. On ne parlera que de ce Grand Emprunt de 35 milliards, objet de marketing politique lancé au plus fort de la crise (en janvier 2010). Sa non-reconduction, en 2011, explique à elle seul les deux tiers du pseudo « redressement » du budget de l'Etat.
Vendredi, le Monarque a confirmé au Parlement qu'il nommait Dominique Baudis à la présidence du Défenseur des Droits, cette nouvelle autorité « indépendante », qu' « Il » a créé lors de la réforme constitutionnelle de juillet 2008. Cette dernière absorbe le Médiateur de la République, le Défenseur des enfants et la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). Cette nomination est le dernier « fait du Prince ». Dans quelle démocratie moderne accepterait-on que l'autorité indépendante censée incarner un contre-pouvoir soit présidée par un nommé par le Monarque ?
Ce mardi, le candidat déboule dans la Nièvre, le fief historique de François Mitterrand. Même en 2007, il l'avait évité. Mais cette fois-ci, c'est du sérieux. Il va parler ... des exportations des productions nivernaises et de l’accompagnement des PME à l’international. Fichtre ! Quitte à visiter la Nièvre, le Monarque aurait pu parler de l'illettrisme. Une association locale, à Nevers, a failli couler pour cause de subvention en baisse. Sarkozy aurait pu expliquer aux 6.000 bénéficiaires du RSA du département combien le « coût de l'assistanat » lui était devenu insupportable.
Ces 6.000 bénéficiaires nivernais avaient de quoi être surpris par les déclarations du jeune Laurent Wauquiez, relayées ensuite par le Figaro, sur ce fichu RSA qui, additionné à d'autres minima sociaux, pouvait procurer plus d'u SMIC de revenu à un foyer évidemment paresseux et profiteur. Le Conseil général de la Nièvre avait pourtant bien fait les choses, en expliquant, dans sa notice, que « L’ensemble des ressources du foyer est pris en compte pour la détermination du montant du RSA ». Et pour être bien sûr d'être compris, le Conseil général avait même pris soin de préciser la formule qui déduit du montant du RSA tous les revenus d'activité du foyer, et les aides au logement.
Qu'importe ! Ce mardi, Nicolas Sarkozy a décidé de parler des exportations des PME, et de rien d'autres. Il visite une entreprise de fabrication de parquets, qui a a perdu tous ses débouchés à l'export avec la crise. Dans une grande salle de la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Nièvre installé sur un ancien site Henkel, on lui a dressé sa traditionnelle table ronde. Il parlera, filmé par les caméras d'Elysée.fr. Il écoutera, toujours filmé par les caméras d'Elysée.fr, des questions préparées à l'avance, pour répondre, en lisant discrètement ses fiches ou, au choix, en utilisant l'un de ses exemples déjà rabâchés de multiples fois. Sur les PME et l'export, laissez-nous deviner... Le candidat vantera la suppression de la taxe professionnelle (tout en omettant de rappeler que cette dernière avait été remplacée par d'autres prélèvements). Et il oubliera de commenter la prochaine hausse de près de 5% des tarifs de l'électricité atomique de notre EDF nationale à l'encontre des entreprises.
Comme d'habitude.
Ami sarkozyste, où es-tu ?