BAD BONN KILBI26, 27, 28 mai 2011
Oui, oui, oui, on est un peu à la traine avec notre chronique du Kilbi, on regrette et on compense avec une photo de chat. Bref, après avoir crié aux monts et merveilles en découvrant la programmation du Bad Bonn Kilbi en mars dernier, l'antenne suisse de TEA a finit par y mettre les pieds le week-end dernier. Et figurez-vous que pour une première, c'était une grande première. Chronique en deux volets d'un festival fait de beaucoup de hauts et de quelques bas (parmi lesquels, le spasme de la mort que se sont payé mes jambes lors du dernier concert). On espère que vous n'en avez pas déjà marre.
"Putain mais il est où ce Bad Bonn?"
Il y a 50 ans, un petit bout de patrimoine fribourgeois se noyait dans les eaux d'un tout nouveau lac. Le hameau en question avait beau abriter les plus anciens thermes du pays, il fut sacrifié pour l'électricité que fournit dès lors le barrage de Schiffenen. Depuis, de l'eau a coulé dans les turbines (de la vapeur aussi, mais on essaie d'arrêter) et le nom "Bad Bonn" subsiste encore, grand et blanc sur la façade d'un petit club perdu au milieu des champs.
Perdu, c'est le mot. On m'avait dit "10min à pieds, tout droit, en sortant de la gare" mais comme j'ai commencé par sortir de ladite gare du mauvais côté, j'étais pas rendue. Départ du bon pied, donc, dès le jeudi. Par la suite, j'ai trouvé le chemin balisé, et même décoré avec, euh, fantaisie alors c'est allé tranquillou. Pour info, la bonne sortie, c'est celle vers la fabrique de fromage.
JEUDI// Premier jour et premières impressions.
Contrairement à l'envergure de sa réputation, le Bad Bonn en tant que salle est vraiment tout petit. Pareil pour les deux scènes dont il est flanqué pour l'occasion. En gros, la "grande" scène ressemble fort à la "scène lacustre" de Festi'neuch (à la différence près qu'au lieu de feuillus, ce sont des conifères qui agitent leurs branches à l'arrière plan) tandis que la "B-Side", à peine plus petite, est surtout plus basse (et le sol sous la tente est parsemé de copeaux de bois qui te piquent le cul).
J'ai à peine le temps de faire le tour que déjà commence le set de Disappears. L'étonnement de voir un groupe tendance shoegaze programmé si tôt cède très vite la place à un grand sourire satisfait. "Superstition" s'avère être la bande son parfaite de ma première bière et comme ils jouent quand même bien (sans toutefois transcender leurs morceaux), cela suffit à me mettre direct dans le bain pour la suite. Même que les mimiques du chanteur sont tellement fascinantes que c'est à peine si j'ai remarqué le Steve Shelley (Sonic Youth) grassouillet et souriant à la batterie.
"Panda Bear c'est un gros beauf en fait"
Ensuite, grosse erreur de la soirée: je décide de manger alors qu'il y a Nisennenmondaï. Les premières notes ne m'inspirant rien et mon ventre criant famine, je n'y voit pas d'hérésie sur le coup. Ce n'est que plus tard, en entendant les échos enthousiasmés de spectateurs conquis, que je me mets à regretter un peu le, parait-il, "show en crescendo, à la fin psyché/kraut servi par 3 japonaises quasi impassibles". D'ailleurs depuis, j'entends parler de Nisennenmondaï partout, c'est con.
Quoi qu'il en soit, ce manquement m'aura quand même permis d'apercevoir les Animal Collective se balader incognito dans le festival. Malheureusement, force est de constater qu'ils ne paient pas de mine en civil. Non, vraiment, entre Avey Tare fluokid et Panda Bear en gros sweat difforme rouge et chapeau mou, il ne manquait plus que Deakin avec des tongs pour former une brochette maléfique. Je n'ai pas vraiment osé les aborder pour une séance streetstyle donc il faudra que vous vous imaginiez la chose. Cela dit, ç'aurait pu être cool d'avoir les couilles de les aborder tout court. J'ai pas. Second regret de la soirée.
Tarzan aime bien taper.
Après ça, y avait Swans. C'était bien, l'un des grands succès du jeudi. Quoi que, leur espèce de folk industrialisée à tendance chamanique n'a pas vraiment suffit à envoûter la totalité de l'assemblée. Qu'à cela ne tienne, au moins le percussionniste aux allures de Tarzan offrait à lui seul un spectacle assez golri. Ca a aidé à faire apprécier l'ensemble. Tout particulièrement lorsqu'on a appris qu'en vrai, il s'appelle Thor Harris, hihihihi. Bon, à ce stade, vous avez sûrement de bonnes raisons de croire que j'ai passé tout le festival à me gausser de ce qui m'entourait sans me soucier de la musique. C'est faux. Déjà parce que c'est pas très gentil, ensuite, parce que les concert suivants m'ont plutôt fait un effet totalement inverse: entre joie, dégoût et transe. Finit de rigoler.
Leçons de déhanché par un éminent vieillard ricain blond et ventripotent.
Est donc venue l'heure des très attendus Queens of the Stoneage dont le concert fut encore l'objet de débats jusque dans les coulisses du concert des Black Lips, tant il est loin d'avoir fait l'unanimité. D'un côté, on a pu considérer la machine parfaitement huilée qui envoie du bois. On a pu être contaminé par le grand plaisir plutôt communicatif qu'affichait le groupe. On a aussi pu, au passage, relever le sex appeal très prononcé que dégageaient par moment les déhanchés de Josh. Mais surtout, voir le premier album incarné en live était vraiment très très cool. Des chansons comme "Regular John", "If Only", "Mexicola" ou "Walkin On The Sidewalks" (tout l'album en fait) ont fait leur petit effet. Mais pourquoi diantre on en est pas restés là? Sachant que l'album fait environ trois quarts d'heure, on aurait été parfaitement rendus. Sauf que non, 45min vu par QOTSA c'est juste l'apéritif d'un show interminable pour gros bras en furie. A ce stade, le charme est carrément retombé et Josh me faisait penser à papa Tommy aka l'australien qui grillait des saucisses grosses comme ses bras. Le genre de mec à prendre la bidoche beaucoup trop au sérieux quand tout le monde attend simplement de manger. Là, pareil, QOTSA sortent le Best Of alors qu'on se satisfaisait très bien du premier LP, sans chichis excessifs.
"Sesesesesesesesiiiiiiiiiiiiiiililalaaaa"
C'est là qu'on enchaîne avec Animal Collective qui ne pouvaient pas mieux tomber. Un véritable coup de frais qui fait du bien à l'indie cred. D'autant plus que beaucoup de gens ont débarrassé le plancher après QOTSA alors on avait la voie libre. Trop top conditions. Bon, après, j'avais lu ça et là que leurs concerts sont souvent déconcertants, qu'ils ne jouent rien de connu, qu'on a l'impression qu'ils font de la cuisine sans se préoccuper du public et blah blah blah. Alors oui, c'est vrai, il y a de ça. Mais c'était quand même à mon sens le meilleur concert de la soirée. Bien sûr, le son était pourri. Oui, Panda Bear à la batterie, ça semble bizarre. Mais quand même quoi, Animal Collective, c'est ouf! Ca clique et claque dans tous les coins, ça pépie tu sais pas d'où, ensuite y a Avey Tare qui chante ou hurle et puis Panda Bear qui agite ses baguette, le tout accompagné de beats dub (parfois un peu lourds, ok) et de quelques riffs. Moi j'appelle ça une sacrément bonne mixture. En tout cas, la fatigue aidant peut-être, j'ai été transportée. Et ce même si la forme était finalement toujours la même, comme une onde sinus qui croît pour décroître et croître à nouveau. Bref, l’expérience était à vivre en totale immersion, autrement, je veux bien croire qu’on se soit fait chier sec. Mis à part ça, on a pu reconnaître quelques bribes de Merriweather Post Pavilion ("Brother Sport" et "Summertime Clothes" en clôture) et on a déjà notre préférée de l'album à paraître (qui sonne peu près comme ça : "sesesesesesesesiiiiiiiiiiiiiiililalaaa" si ça peut vous donner une idée), parfait pour terminer cette première soirée sur un petit nuage.