Créée en 1987 à New York pour protéger et préserver les forêts primaires et la biodiversité, l’association Rainforest Alliance déploie ses actions dans plus de 70 pays. Elle a contribué au lancement du label du développement durable FSC.
De 2009 à 2010, les montants consacrés par Rainforest Alliance à ses programmes sont passés de 30,8 à 35,2 millions de dollars. La gestion forestière (15,4 M$) et l’agriculture (10,9 M$) sont privilégiés, mais l’ONG intervient également dans le tourisme, le climat et l’éducation.
Il s’agit de budgets significatifs, dans la mesure où dans un autre registre les Fairtrade Labelling Organizations (FLO) ont affiché un budget de 11,2 millions d’euros en 2009.
Le chiffre d’affaires des produits Rainforest Alliance Certified™ a atteint 12 milliards de dollars en 2010. Ce niveau élevé tient à l’accessibilité des produits, qui sont largement distribués comme chez Walmart, Costco, Safeway, Home Depot et Sam's Club. De plus, l’ONG investit sans cesse des domaines nouveaux comme en 2010 la canne à sucre, les fleurs (Kenya) ou encore le lancement de la nouvelle norme SAN pour la production durable de bovins. En comparaison, les ventes de produits équitables labellisés Fairtrade/Max Havelaar ont totalisé 3,4 milliards d’euros en 2009.
De 2007 à 2010, les ressources de l’association verte ont bondi de 66%, grâce à une hausse de 92% de ses redevances, mais aussi grâce à un soutien sans faille de fondations (notamment la Bill & Melinda Gates Foundation, The Rockefeller Foundation, Fondation Ensemble) et de gouvernements (United Nations Development Programme, Norvège, Pays Bas, Equateur) et d’entreprises (Unilever, Ikea, Kraft Foods Global, Inc., The Estée Lauder Companies Inc, Nestlé Nespresso S.A., Mars Incorporated ou encore le mexicain Grupo Bimbo).
Le montant des redevances représentent 32% de ses ressources. Les agriculteurs paient des indemnités journalières et prennent en charge les frais de voyage des techniciens et des auditeurs. Comme ces visites sont effectuées par des organisations locales, l’association new-yorkaise estime que ces coûts sont souvent inférieurs à ceux d'autres systèmes de certification.
Les producteurs payent pour leur part des frais annuels de certification basés sur la taille de leur exploitation. Pour les plus petits agriculteurs, d’autres sources de financement sont expérimentées afin d'impliquer davantage les acteurs de la chaîne d'approvisionnement dans le partage de coûts de certification, qui doivent rester modestes. Contrairement au commerce équitable, il n’y a pas de prix minimum garanti.
Les entreprises payent également depuis octobre 2010 une redevance de participation, liée au chiffre d’affaires généré. La commission, dont le règlement est sous la responsabilité des importateurs de café, s’établit à 0,15$ par pound de café vert enregistré sur le marché.
L’association Rainforest Alliance bénéficie selon elle de l’'intérêt pour les certifications indépendantes en agriculture durable et de la volonté des entreprises d’apporter des preuves d’engagement face à la demande des consom’acteurs en matière de développement durable et de transparence. 5% des compagnies de Fortune 500 sont d’ores et déjà affiliées à cet écolabel.
Promoteur d’une culture responsable, UTZ CERTIFIED (anciennement Utz Kapeh) a aussi connu un bon exercice 2010 avec 4,4 millions d’euros de revenus (+42%). Les redevances, qui ont bondi de 62%, représentent 60% du total. Les ventes de café certifié, en provenance notamment du Brésil et du Vietnam, ont progressé de près de 50%, sous l’effet d’une forte demande du marché, devenue mainstream, en provenance d’acteurs comme Migros, Sara Lee et Ahold Coffee Company.
The Cocoa Program a été initié en octobre 2007. Depuis lors, UTZ CERTIFIED a travaillé avec de nombreux acteurs de la filière comme Cargill, Mars, Ecom, Nestlé, Royal Ahold et Heinz Benelux. Des initiatives ont même vu le jour comme The Steering Group, qui outre des entreprises, comprend la Dutch Sustainable Trade Initiative, Solidaridad, Oxfam Novib et le WWF International.
De son côté, le Marine Stewardship Council (MSC), qui a été créé par le WWF et Unilever, a vu ses ressources passes de 8 à 9,8 millions de livres entre 2009 et 2010 (comptes clos au 31 mars 2010). Il existait début 2010 près de 5.000 références de produits de la mer certifiés représentant un chiffre d’affaires global de plus de 2 milliards de dollars (+30% en un an.) Les deux pays les plus engagés dans ses programmes sont les Etats-Unis et la Norvège. Cependant, il faudra voir l’évolution de ce label, qui a été critiqué par plusieurs scientifiques. Greenpeace et le Pew Environment Trust le jugent également trop laxiste.
Cependant, dans la jungle des labels, il n’y a pas que des gagnants. Selon l’enquête de Novethic (le commerce équitable n’échappe pas à la crise) du 13 mai dernier, l’étude annuelle conduite par l’institut Infoscan Census IRI, qui analyse les ventes effectuées par 5.700 hyper et supermarchés en France, le commerce équitable marque le pas dans l’hexagone. Le chiffre d’affaires des produits équitables les plus courants (café, thé, chocolat… hors textiles et fruits frais) a en effet chuté de 2,4% en 2010, alors qu’en 2009, il avait bondi de 8 % en 2009… Alors que Max Havelaar France a dû réduire son effectif, les marques de distributeurs, qui sont en général meilleur marché, auraient dans le même temps progressé de 4,6 %.
De même, le chiffre d’affaires de Remei AG, qui assure la promotion du label BioRe, dans le coton équitable, a atteint 21,2 millions de francs suisses sur son exercice 2010, clos fin mars, en baisse de 22%. L’activité a même glissé de 30% sur 2 ans. Dans la confection, la société a souffert d’une forte pression sur les prix et de la faiblesse du dollar.
Bien qu’il soit sorti de l’ombre, il est possible que le commerce équitable souffre aujourd’hui de la multiplication des standards. En mai 2008, le Cirad, institut français de recherche agronomique au service du développement des pays du Sud et de l’outre-mer français, signalait que les nouvelles normes telles que Utz, Rainforest Alliance ou encore Bird Friendly font toutes référence à des degrés divers, au développement durable. Pour Benoît Daviron, économiste à l’UMR Moisa,
«il y a un risque de dilution du commerce équitable sous l’effet de sa propre stratégie d’alliance et de la montée en puissance des labels concurrents»En dehors de l’acquisition de la taille critique, il apparaît que la confiance du consommateur final dans le choix des fournisseurs et la qualité de l’audit sont aussi essentiels. Pour les experts de la Table ronde pour une économie cacaoyère durable (RSCE), le label doit avoir un sens clair, son application doit être cohérente et le système de certification dont il provient doit être accessible. En outre, le certificateur doit être en mesure d’accompagner les petits producteurs de manière simple et à un coût raisonnable.
Pour plus d’efficacité et de clarté, Fairtrade, Rainforest Alliance/SAN et UTZ CERTIFIED ont décidé en février 2011 de travailler ensemble pour réduire le niveau de complexité et les coûts financiers supportés par les producteurs. “Nous sommes en train de développer des outils et des supports qui permettront d'adhérer à différents standards. Nous soutenons la certification effectuée par une tierce partie indépendante et reconnaissons la nécessité d’augmenter l'efficacité des audits. Nous travaillons aussi conjointement dans la recherche de coopérations futures pouvant bénéficier aux producteurs.”
Pour aller plus loin :
Coffee & Conservation
Une étude récente réalisée au San Salvador a montré que pour une petite exploitation la mise aux normes pour le label Rainforest Alliance ou l’homologation de Starbucks Cafe Pratices, revient à 156$ l’hectare.
Le cas de BIRD-FRIENDLY est aussi évoqué… “How much does eco-certification cost?” 11.04.2011
http://www.coffeehabitat.com/2011/04/cost-of-eco-certification/
13/04/2010 ; Le label Rainforest Alliance ne connaît pas la crise
http://ong-entreprise.blogspot.com/2010/04/le-label-rainforest-alliance-ne-connait.html
ReedMonitor.org: Rainforest Alliance’s “inadequate verification report” in Guyana. 18/05/2011
http://www.redd-monitor.org/2011/05/18/rainforest-alliances-inadequate-verification-report-in-guyana/
Sur le commerce équitable
Fair Trade USA : la crise n’affecte pas le commerce équitable aux Etats-Unis. 30.05.2011
http://ong-entreprise.blogspot.com/2011/05/la-crise-naffecte-pas-le-commerce.html
Solidaridad s’est rapproché des grandes entreprises pour avoir plus d’impact…29/04/2011
http://ong-entreprise.blogspot.com/2011/04/solidaridad-sest-rapproche-des-grandes.html
Cargill's Work to Improve Cocoa Farmers' Livelihoods Recognized With US National Award…01.10.2010
http://www.csrwire.com/press_releases/31200-Cargill-s-Work-to-Improve-Cocoa-Farmers-Livelihoods-Recognized-With-US-National-Award?tracking_source=rss&utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+csrwire%2FPRfeed+%28CSRwire.com%29&utm_content=Google+Reader
Voici quelques exemples de réalisation de Rainforest en 2010, tirés de son communiqué de presse :
Rainforest Alliance a certifié l’an dernier 3,7 millions d'hectares de forêts selon les normes FSC (+6% par rapport à 2009), la surface totale des forêts certifiées FSC par l’ONG dans le monde s’élevant à 63,1 millions. Les forêts certifiées FSC préservent les sols et l'eau, réduisent les déchets, limitent la déforestation et procurent un habitat pour la vie sauvage. Les travailleurs des exploitations forestières certifiées bénéficient de bonnes conditions de travail, d'une sécurité sociale, d'un logement décent et leurs enfants ont accès à l'éducation. À ce jour, Rainforest Alliance a certifié 47% des forêts labellisées FSC dans le monde.
Le thé certifié Rainforest Alliance s’est développé dans 11 pays. Plus de 120.000 tonnes de thé certifié ont été produites en 2010, soit une augmentation de 53% par rapport à 2009. Ce qui représente environ 3,2% de la production mondiale. Tetley, n°2 mondial du thé, s’est engagé à s'approvisionner auprès de plantations certifiées Rainforest Alliance pour l'ensemble du thé de sa marque Tetley d’ici 2016.
Tesco, la plus grande chaîne de supermarchés au Royaume-Uni a introduit des barres de chocolat sous sa propre marque, fabriqué à 100% de cacao certifié et portant aussi le sceau Rainforest Alliance.
Rainforest Alliance a aussi lancé un site Internet dédié au tourisme durable, VoyageResponsable.org, qui propose aux consommateurs éco-futés un outil de recherche pour trouver des établissements ayant une démarche responsable en Amérique Latine et dans les Caraïbes. À fin avril 2010, 590 entreprises se sont engagées dans le programme Tourisme Durable de Rainforest Alliance (+34% en un an).
Le communiqué de presse complet du 28.04.2011: Rainforest Alliance affiche une forte croissance en 2010
http://www.rainforest-alliance.org/fr/newsroom/news/annual-growth-2010
Sustainable Fishing Initiatives