On ne s’attendait pas à ce que le Cnajep lance une campagne de promotion de l’éducation populaire, c’est nouveau ?
Mikael Garnier-Lavalley : Faire la promotion de l’éducation populaire, n’est pas nouveau. Pour nous, cela fait 43 ans que ça dure puisque le Cnajep a été créé en 1968. C’est peut-être la forme que nous avons décidée de lui donner qui change. Nous voulons replacer l’éducation populaire dans la vie de tous les jours et rappeler qu’elle participe à la transformation de la vie de nombreux hommes, femmes, enfants, jeunes par les démarches qu’elle engage, les actions qu’elle mène et les implications qu’elle suscite. On a trop souvent l’impression que toutes les initiatives en direction de la population viennent de la puissance publique. Nous sommes là pour rappeler que l’initiative associative y est pour beaucoup et l’éducation populaire plus souvent encore. Nous souhaitons illustrer concrètement ce qu’est l’éducation populaire, sa diversité et ses implantations territoriales.
Vue la forme, notamment financière, des mouvement d’éduc’ pop’, il aurait fallu être plus incisif, non ?
Mikael Garnier-Lavalley : Si par être plus incisif, vous entendez qu’il fallait dénoncer la réduction des financements publics ou l’instrumentalisation des pouvoirs publics, nous n’avons pas besoin d’une campagne pour cela. Cela fait d’ailleurs partie de nos constantes depuis longtemps. Dans les locaux du Cnajep, nous avons une affiche du début des 70′s qui dénonce le danger lié aux réductions du Xe plan. Il nous a semblé plus utile de privilégier une approche globale de mise en valeur de nos actions pour que chacun et chacune se rende compte de l’importance de l’éducation populaire. Notre action vise à s’inscrire dans le temps et à mesure que nous approcherons des élections présidentielle et législatives, il sera temps de mettre sur la table nos propositions et ce que nous attendons d’une politique digne de ce nom.
Vous en attendez quoi de cette campagne ?
Mikael Garnier-Lavalley : Qu’elle permette au plus grand nombre de comprendre ce qu’est l’éducation populaire et son importance dans leurs vies. Que les médias s’y intéressent davantage et mettent en valeur nos actions. Et surtout que nos 73 associations et 22 comité régionaux (les Crajep) se sentent porteurs d’un projet commun, né il y a plus de deux siècles et qui montre chaque jour sa modernité. Il place l’humain au coeur de son action et privilégie la coopération à la compétition. Cela s’exprime avec des nuances selon les mouvements, les territoires et les époques mais les fondamentaux sont constants. Soyons en fiers !
Question Bonus : le Cnajep, il est 100% éduc pop ?
Mikael Garnier-Lavalley : Le 100% c’est un clin d’oeil car on voit mal qui peut dire ce qui est ou pas de l’éducation populaire. Sauf à rentrer dans des débats interminables sur les purs et les impurs. Ce sont les promoteurs des actions qui s’en réclament ou pas. L’histoire récente nous montre que nombreux sont celles et ceux qui ne connaissent pas l’origine de l’action qu’ils mènent ou des méthodes qu’ils utilisent. La campagne vise aussi à leur rappeler que l’éduc’ pop’ n’est jamais très loin…