La musique adoucit les mœurs, dit l’adage. Mais elle améliore aussi les performances physiques. Plusieurs études scientifiques réalisées ces dernières années aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne le démontrent. La première du genre a été menée en 1991, à l’Université du Tennessee. Les professeurs Copeland et Franks établissent que la musique améliore les performances d’endurance des coureurs en 1996. Le professeur Mills, de l’Académie d’Alabama, étudie sur des collégiens l’influence de la musique pendant différents exercices. Il les sépare en trois groupes : ceux qui s’entraînent sans musique, ceux qui s’exercent en écoutant de la musique lente, et ceux qui s’entraînent en écoutant de la musique rapide.
Charges de travail plus élevées
Les conclusions sont claires : les deux groupes de collégiens qui s’entraînent en musique voient leurs performances physiques augmenter. En 1999, l’étude réalisée sur vingt-quatre volontaires (hommes et femmes) par les professeurs Szabo, Small et Leigh, du département des sciences humaines de l’Université anglaise de Nottingham, corrobore ce résultat. Les sujets qui écoutent une musique au tempo rapide et rythmé peuvent fournir une charge de travail physique sensiblement plus élevée, de 5 à 7% supplémentaires. Le fait que la musique ait des bienfaits avérés sur les performances des athlètes s’explique aussi de manière physiologique.
Les ondes alpha
Le cerveau humain émet en effet en permanence des ondes cérébrales .Or la musique joue sur les ondes dites « alpha », dont le rythme oscille entre 7 et 14 cycles par seconde. Le rythme « alpha » est l’état qui voit les deux hémisphères de notre cerveau fonctionner en parfaite harmonie, ce qui permet d’avoir une vision plus globale des situations, une meilleure concentration, ainsi qu’une perception accrue. Il permet également de mieux gérer les états de stress et les états émotionnels, de prendre un contrôle conscient du fonctionnement de notre corps, de nos organes, et de nos réactions physiologiques. Lorsque le cerveau émet des ondes « alpha », nous sommes aussi beaucoup plus à l’écoute de notre intuition, autrement dit, nous savons ce qu’il faut faire au moment où il faut le faire. « Ce qui est justement le propre de l’athlète de haut niveau, conclut l’entraîneur Guy Ontanon.
Le 2 Novembre 2006, Gäel Monfils se révèle au grand public en bousculant le numéro 3 mondial Lleyton Hewitt lors du tournoi de Bercy. Le gamin de 18 ans se fait aussi remarquer en débarquant sur le court affublé d’une capuche. Les écouteurs scotchés aux oreilles. « La musique permet de m’évader. Je suis dans un autre monde, avant les matches, j’écoute du rap américain ou du dance all. Quelque chose de tonique qui me fait bouger, qui me motive », confie le tennis-man français, dont la méthode n’est pas novatrice. Dans les années 80, son aîné Lyan Lendl, triple vainqueur de Roland Garros, trimbalait déjà son lecteur de cassette portable dans les vestiaires. Aujourd’hui, le phénomène s’est généralisé : il illustre l’évolution des mœurs dans la préparation mentale des sportifs. La musique gagne du terrain. Dans le bus qui les conduit au stade, sur la piste d’échauffement, au cœur du vestiaire. Elle accompagne les athlètes jusqu’au plus près de l’instant de vérité: la compétition. Simple effet de mode lié à l’explosion des nouvelles technologies ou véritable recherche d’une concentration maximale ? « Aujourd’hui, la musique est partout, tout le temps. C’est un vrai phénomène », explique le préparateur mental Jean-Marc Labhouz, qui à collaboré avec l’ancien numéro 1 mondial de squash Thierry Lincou et qui travaille actuellement avec la skieuse Laure Péquegnot et le skipper Jean-Pierre Dick. Les lecteurs MP3 ont remplacé walkmans et lecteurs CD, mais l’objectif reste le même : s’isoler, évacuer le stress, se motiver, une manière en quelque sorte de se « doper « au son. Chaque athlète possède sa façon de rentrer dans la compétition, juge Guy ontanon, l’entraîneur de Christine Arron. Certains ont besoin de s’extérioriser pour évacuer le stress, d’autres cherchent à se couper du monde extérieur pour être mieux à l’écoute de leur corps ».
Sur un air de Carmina Burana
La musique participe autant à la préparation individuelle qu’à la solidification d’un groupe. En 1998, grâce à Vincent Candela qui leur a fait écouter la chanson lors d’un trajet en bus, les bleus ont établi l’union sacrée autour de « I will survive » de Gloria Gaynor. A Nantes, le président Rudi Roussillon à lui aussi suggéré à son ancien entraîneur, Serge Le Dizet, de mettre de la musique dans le vestiaire pour remotiver l’équipe après une saison catastrophique. « Il fallait que les joueurs retrouvent une âme de guerrier » , se souvient Le Dizet . Le 28 mai 2005, c’est gonflé à bloc par « Carmina Burana », l’opéra de Carl Orff, que les Canaris avaient sauvé leur peau en ligue 1, face à Metz. Dans le championnat anglais, le phénomène est institutionnalisé. « On écoute de la musique dans le vestiaire avant chaque match et du coup l’ambiance est assez relax », témoigne ainsi Didier Drogba, l’attaquant ivoirien de Chelsea. A chaque équipe sa chanson : cette saison, le refrain de « Seven Nation Army », le hit des Whites Stripes, est devenu l’hymne des joueurs.
Avec les écouteurs, sur la photo, c'est Maxime, l'un de mes sportifs parisiens !
Pour contacter Maxime : [email protected]