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Du G20 au G8 de Deauville

Publié le 06 juin 2011 par Alex75

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A Deauville, la semaine dernière, la réunion du G8 a rassemblé les chefs d'Etats et de gouvernements des Etats-Unis, de la Russie, de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie, du Canada et du Japon, les 26 et 27 mai. Une réunion - symbole de la démesure contemporaine, avec un déploiement de 16 000 policiers, mais aussi des experts par milliers, des communicants par milliers, des manifestants par milliers, et des journalistes en pagaille. Le bilan de ce sommet a été présenté comme positif, le maire de Deauville, Philippe Augier, estimant que la manifestation bénéficiera largement à la station balnéaire du Calvados, célèbre pour ses planches et son festival du cinéma américain, qui s'y tient chaque année, depuis 1975. Y ont été abordés la question du nucléaire, du printemps arabe, du FMI, de la croissance et d'internet.

 Du G20 au G8 de Deauville

Le G8 (pour “Groupe des huit”), c'est ce groupe de discussion et de partenariat économique réunissant les huit pays, parmi les plus puissants économiquement. Les dirigeants du G8 se réunissent chaque année, lors du sommet réunissant les chefs d'Etats ou de gouvernements, ainsi que les présidents de la Commission et du conseil européens (ainsi que pour certaines activités, des représentants d'autres pays ou d'autres unions internationales, invités à participer). VGE expliquait à l'époque, qu'il avait eu l'idée de rencontres informelles, lors du G5 de 1975, réunissant les Etats-Unis, la RFA, le Royaume-Uni, le Japon et la France. Suite au premier choc pétrolier, ce G5 informel est initié, suivi d'une série de réunions. C'était aussi la nostalgie de l'équilibre européen du XIXe, derrière ces sommets épisodiques rassemblant les monarchies européennes, qui se cachait derrière cette fausse simplicité dont Giscard avait voulu faire sa marque. Le contexte de la guerre froide entrait également en ligne de compte, l'URSS bloquant sans cesse le conseil de sécurité de l'ONU, par ses “niets” répétés, sans oublier ce fantasme de directoire mondial, cher à la France, hantée par le déclassement mondial, depuis la défaite de 1940. C'est toujours cette volonté hexagonale de rester une grande puissance, au moins par le verbe, mais qui a indéniablement son importance symbolique. D'abord G5 de façon informelle, rapidement devenu G6, avec l'ajout de l'Italie, puis G7 avec l'intégration du Canada (1976) et G8 (1998), réunissant dans les années 80, 70 % de la richesse mondiale.

Durant la seconde moitié des années 90, avec l'émergence de la Chine et de l'Inde, ces pays dits émergents sont devenus les concurrents redoutables de nos pays, par le rythme effréné des déménagements d'usines et délocalisations, les transformant en “porte-avions industriel“. Dans le monde en 2007, le G8 rassemble 13,1 % de la population mondiale et produit environ 58 % du PIB mondial, plus que 40 % en 2011. Au XXIe siècle, plusieurs membres du G8 plaident pour un élargissement du groupe, pour inclure les “cinq“, c'est-à-dire les principaux pays émergents : Chine, Inde, Afrique du Sud, Brésil et Mexique. Invités jusqu'ici, au cas par cas, ils seront désormais associés aux grands débats du G8 sur les thèmes cruciaux comme le climat. Le G8 est ainsi devenu le G13, puis le G20 pour faire plaisir et inclure les amis de l'Amérique (Arabie saoudite, Turquie, Australie…). A savoir un vaste forum bavard et vain, où émergent et s'affrontent les intérêts nationaux. Les occidentaux sont rapidement déclassés, désignés comme responsables de cette crise financière, ayant fait exploser l'économie mondiale, mais aussi de bien d'autres maux : pollution, réchauffement, etc… Mais les occidentaux sont également devenus des débiteurs impécunieux et arrogants, qui ont le culot de faire la leçon de morale, à leurs créanciers chinois ou arabes.

Ils ont ainsi préféré retourner dans le giron du G8, on le comprend aisément. Mais avec un Obama, “père prodigue“, qui n'aime ni le G8, ni Sarkozy. Le président américain a d'ailleurs rechigné à se déplacer, n'annonçant sa venue qu'au dernier moment. Il laisse les Français et les Anglais se débrouiller en Lybie. Il a insisté auprès de Merkel, pour sauver l'euro, l'an dernier et faire passer les Allemands à la caisse. Mais il ne supporte pas que l'on remette en cause, la gestion irresponsable du dollar. Aucune décision concrète n'a été tirée, sur la sujet de la régulation d'internet, mais les pays du G8 s'engagent sinon, à plus de coopération sur le nucléaire et à l'adoption de normes de sécurité plus strictes, le drame de Fukushima ayant été dans tous les esprits. Nicolas Sarkozy a cependant précisé que le G8 n'était pas le “directoire du monde“, le dossier de la nomination de Christine Lagarde, n'ayant pas été avancé, juste abordé. Un partenariat a également été proposé, à l'aune des révolutions arabes, via notamment un prêt de 30 milliards d'euros accordé à l'Egypte et à la Tunisie, et un renforcement de la coopération économique, sur le long terme, par les outils européens créés à la chute du mur de Berlin. Mais n'ont pas été abordés les questions qui fâchent, notamment d'ordre monétaire.

Il est vrai, en 1975, Giscard demandait déjà à Ford, une gestion monétaire plus responsable, à l'époque. Mais en 2011, à savoir trente-six ans plus tard, les Américains continuent à inonder la planète de leur monnaie, sans se soucier des conséquences. De Gaulle avait déjà expliqué avec maestria, à l'issue des accords de Bretton Woods, les avantages inouïs que les Américains tiraient de leur diplomatie-monétaire, le dollar servant de monnaie-référence. Le problème de la gestion monétaire de l'euro n'a pas été abordé, non plus, outre quelques problématiques de surface rapidement survolées, telles l'épineuse problématique des révolutions arabes et la question du nucléaire. Et ce sommet du G8 n'y changera rien en profondeur, dans l'immédiat.

   J. D.


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