Pénible, voila comment je qualifierais mon entrée dans ce roman couronné aux États-Unis par le prix Pulitzer 2010. La narration est totalement décousue, oscillant entre le présent, le passé et des considérations ultra techniques sur l’horlogerie. Une sorte de maelstrom indigeste et sans grand intérêt. Et puis, alors que j’étais sur le point d’abandonner, le miracle s’est produit. A la page 70, au début de la seconde partie, l’histoire se focalise sur la jeunesse de George, et plus particulièrement sur les événements qui ont poussé son père à fuir le foyer. L’écriture devient fluide, limpide, et l’on découvre la rudesse de la vie dans l’Amérique profonde des années vingt. Cinquante pages lumineuses qui justifient à elles seules la lecture du roman.
Paul Harding prend son temps. Il oscille avec talent entre les descriptions contemplatives de la nature, la violence incontrôlable d’une crise d’épilepsie ou encore les fulgurances de l’esprit en perdition d’un mourant. Son texte, à la fois pastoral et lyrique, enchaîne les tableaux comme autant d’images miniatures ciselées avec une précision d’orfèvre.
Un roman inégal mais qui mérite d’être lu pour peu que l’on aime la littérature, loin de tout effet de mode et d’une quelconque recherche d’action ou de divertissement à tout prix. .
Les foudroyés, de Paul Harding, Éditions Le cherche midi, 2011. 186 pages. 15,00 euros.