Fort d’une promotion quasi permanente (voire démesurée) depuis des mois, Born This Way, le second album original de la jeune femme, pouvait difficilement échouer dans les classements mondiaux. Mais une question reste en suspens : que vaut cet album qui a la lourde tâche de succéder au très bon EP qu’est The Fame Monster ? Réponse tout de suite.
A diverses reprises, la chanteuse avait annoncé que l’album serait relativement léger au niveau des textes. Là, il faut reconnaître qu’elle ne nous a pas menti car toutes les paroles sont faciles d’accès et assez correctes à quelques exception près (Highway Unicorn est nullissime). Ceci n’empêche pas Lady Gaga d’aborder divers thèmes comme l’acceptation de soi, la tolérance (cf. Born This Way, Hair) ou dans une moindre mesure le féminisme (Scheiße).
Cependant, l’amour est le thème central de l’album : si cet élément est abordé sous un angle relativement positif (quoique, Yoü And I est assez mélancolique), Gaga ne peut s’empêcher d’y apporter une pointe de provocation soit en livrant un texte sombre et malsain (Government Hooker) ; soit en faisant parfois référence à la religion (Judas ou encore Bloody Mary). The Edge Of Glory, la piste de clôture de l’album, est la chanson qui aborde le thème le moins léger (la mort) car elle fait référence à un événement personnel qui a touché l’artiste (d’où le caractère universel qui se dégage du texte). C’est notamment sûrement pour cette raison que la chanson a trouvée un écho important auprès des auditeurs (moi y compris).
Toutefois, s’il y a bien un domaine où il y a des choses à dire, c’est à l’échelle musicale. Melle Germanotta n’a, pour ainsi dire, pas fait les choses à moitié. Marry The Night, la piste d’ouverture résume assez bien l’ensemble : on a affaire à un puissant disque pop/dance (avec une petite touche de rock comme sur Bad Kids et Electric Chapel) tantôt influencé par les années 90, tantôt par les années 80 avec des références plus ou moins évidentes à Madonna (Born This Way, Heavy Metal Lover…), Queen (cf. Yöu And I, piste assez faiblarde en version studio), Bruce Springsteen (dans une moindre mesure), Frankie Goes To Hollywood (Black Jesus † Amen Fashion) et j’en passe. Seul bémol : Highway Unicorn et l’eurovisionnesque The Queen sont grotesques.
Malgré cette base musicale (parfois trop chargée), on sent chez Gaga une volonté de bousculer davantage le public en livrant des pistes inattendues. A commencer par Americano, une piste euro/dance où l’on retrouve des sonorités latines : si au premier abord, le mélange détonne, la chanson peine à convaincre sur la longueur à cause de son caractère répétitif (et trop décalé). Bloody Mary, l’une des meilleures chansons de l’album, est également à contre courant car l’artiste livre une production pop relativement dépouillée. Et c’est un choix d’autant plus intéressant car le caractère religieux et théâtral des arrangements collent avec le texte signé par l’artiste. Dans un registre radicalement différent, Government Hooker fait mouche : cette production électro/rock/dance plonge l’auditeur dans une ambiance peu rassurante (voire carrément malsaine) mais elle a le mérite de trancher avec le reste de l’album. Scheiße reprend des éléments similaires avec toutefois une différence non négligeable : Lady Gaga livre (avec l’aide de RedOne) une production électro/house aussi agressive que mémorable. Bien joué!
Conclusion : Sans être révolutionnaire, Lady Gaga livre un album studio solide (malgré des productions parfois un peu trop lourdes) qui se révèle être un résumé de ce qui s’est fait en matière de pop mainstream ces dernières années. Je salue également les quelques prises de risques au niveau musical car elles se sont avérées payantes et apportent à l’album une pointe de richesse supplémentaire. Même si le disque a fait une excellente première semaine, un défi de taille attend la chanteuse : faire en sorte que l’album se maintienne par la suite… tout va dépendre de ses choix pour la suite.