Ceux qui espéraient une profusion de jeu, à l'aune des intentions affichées par les deux protagonistes durant la saison de Top14 en auront été pour leurs frais.Comme la quasi-totalité des finales disputées sous l'ère professionnelle, la rencontre entre le Stade Toulousain et le Montpellier Hérault Rugby club n'aura pas été l'apothéose que les plus optimistes appelaient de leurs voeux. Certes, il y eu du combat et l'appreté des affrontements fut portée à un haut niveau d'intensité. Mais pour le reste, comme il fallait s'y attendre, la rencontre aura surtout été l'occasion d'admirer la science tactique des coaches des deux camps.
A ce jeu, le maître Novès a encore une bonne longueur d'avance sur son jeune adversaire Fabien Galhié. Une longueur d'avance et aussi celle du banc des remplaçants du Stade Toulousain. Lorsque ceux qui entrent en jeu sont, pour la plupart, aussi forts que ceux qui en sortent, cela vous donne nécessairement un surcroît d'assurance quant au sort de la rencontre. Au-delà, on ne peut que constater la supériorité Toulousaine qui a patiemment usé un adversaire moins frais et qui donnait l'impression de tourner à la limite du surrégime.
Car il a fallu de la patience au Stade Toulousain pour prendre définitivement l'ascendant sur le MHRC, et plus encore pour prendre l'avantage au score (71ème minute). Montpellier fut une fois de plus remarquable d'intelligence, jouant habilement avec les règles du rugby, en particulier celle du hors jeu. La réussite héraultaise dans ce domaine fut contrariée néanmoins puisque les joueurs de Fabien Galthié disputèrent 20 minutes de la partie en infériorité numérique. Comme contre Castres et le Racing. Mais leur adversaire du soir, bien que dans un jour moins favorable, a fait parler l'expérience et le savoir faire tactique.
On sentait pourtant les Toulousains moins à l'aise, moins sereins que d'habitude. A croire que le fait de jouer contre ses copains troublait Louis Picaomles ou que de disputer leur dernier match en rouge et noir perturbait un Cédric Heymans ou un David Skréla. Ce dernier pratiqua un rugby assez moyen et connut une réussite au pied suffisamment inquiétante pour qu'on se demande si elle n'allait pas coûter le match à son équipe. Tout comme la sortie anticipée de William Servat, blessé, alors que la mêlée Toulousaine était ballotée par son homologue Montpelliéraine.
Ajoutez à cela des ballons d'attaques mal négociés (un pas de trop, un crochet intérieur plutôt qu'un deux contre un...) et vous aurez les ingrédients d'une défaite. Mais ce qui sépare une bonne équipe d'une grande, c'est justement la capacité à faire face à l'accumulation de détails négatifs, sans se laisser submerger par eux. C'est précisément ce à quoi parvint le Stade Toulousain.
La victoire, même longue à se dessiner, est donc tout sauf illogique. Sur ce match, comme au vu de l'ensemble de la saison, Toulouse méritait d'être couronné. Quant à Montpellier, sa défaite de 5 petits points, après avoir mené les deux tiers de la rencontre, révèle à la fois son potentiel et sa marge de progression. La présence de Fulgence Ouedraogo fut essentielle au mental et à la cohésion du groupe, mais son efficacité fut amoindrie par sa blessure. Quant à François Trinh-Duc, il a prouvé à l'évidence qu'il a franchi un pallier qualitatif.
Ainsi s'achève cette saison 2010-2011 qui sacre le meilleur représentant du Top14, sur la scène hexagonale et continentale. Sa domination sans partage, ou presque, il la doit pour beaucoup à son manager, Guy Novès. Il se murmure que ce dernier pourrait partir. On n'en est pas encore là. Mais si cela devait se confirmer, force sera de constater que l'emblématique coach Haut-et-Garonnais aura réussi sa sortie.