Cet opus « Feel it break » suit donc le déjà très prometteur « Beat & the pulse » et confirme le potentiel Austra. C’est à la fois lumineux et sombre, lyrique et pop, mélodique et mélodramatique. Cette force tient à la beauté de la voix de Katie et à ces beats qui procurent ce côté obscur de la pop.
Dès le premier titre (très bonne chanson d’ouverture) « Darken her horse », la voix angélique et céleste de Katie S. s’impose sur un beat envoûtant et la suite ne s’en éloigne pas (trop ?).
Austra propose donc des titres à la fois aérien, pop et d’un lyrisme incroyable. « Lose it » (un des meilleurs morceaux de l’album avec « The beast ») est probablement le titre qui définit le mieux le travail de ce groupe. C’est un mélange agréable de beat électro légèrement contrebalancé par cette voix cristalline avec un phrasé magnifique.
La rythmique entêtante et un brin pop se fait sentir parfaitement sur « spellwork » et « beat and the pulse » (qui, déjà, sur le EP, se révélait sublime). Un tourbillon ne peut que nous saisir sur « The Choke » qui se révèle comme une lente chute dans un puits sans fond, mais dont, on ne se lasse pas.
Dans cette profusion de beat, voix et pop sombre, certains titres se démarquent en étant soit trop métallique et gênant (« the villain ») ou simpliste et déjà entendu (« hate crime »). Quant à « The Future », il est, soit trop futuriste pour mes (vieilles) petites oreilles, soit ce son électro trop répétitif saturé de synthés ne sied pas à cet album et n’a rien à y faire.
La fin de l’album ouvre de grandes perspectives à Austra qui enchaîne trois morceaux captivants, intemporels et comme interstellaires. « Shoot the water » possède ce parfait mélange entre les sons et la voix et « The noise » est un pur moment de beauté musicale, avec une douceur allant crescendo et une voix quasi magique.
Austra offre donc un album limpide, expérimental (mais cependant à la quasi portée de tous), avec ce beat incroyablement aérien, cette voix séraphique et grandement maîtrisée, des montées harmoniques renversantes sur un fond électronique, qui, quelque fois, peut paraître daté et passéiste.
« Feel it break » est un disque majestueux, sublime et obscur qui ouvrira la porte à d’autres merveilles si notre ange (forcément déchu) continue à écrire des paroles aussi étranges et à nous trimballer dans ce voyage irréel de l’âme.