Alors la première peinture dont je vais vous parler, et qui se situent en fait en huitième position selon l'échelle de Mucha, donc cette première huitième peinture s'intitule "Après la bataille près de Grünwald" ("Po bitvě u Grunwaldu", "Nach der Schlacht bei Grünwald oder Tannenberg"), et fut peinte en 1924. Ah oui, parce que les armées en présence s'organisaient près de "Grünwald" pour les chevaliers teutoniques, et près de "Tannenberg" pour les Polono-Lituaniens, la bataille "près de Grünwald" s'intitule aussi "Schlacht bei Tannenberg" dans les livres d'histoire allemands, "Bitwa pod Grunwaldem" dans les livres d'histoire polonais, "Žalgirio mūšis" dans les livres d'histoire lituaniens, et "Grünwald suğışı v" dans les livres d'histoire tatars. Ca peut sembler compliqué, mais on se parle bien de la même bataille.
Contexte
Bon, les détails, vous les trouverez dans Wikipédia, à nouveau, plutôt condensés, les détails. Maintenant les détails vraiment détaillés, je vous renvoie vers les "Annales seu cronicae incliti Regni Poloniae" de Ioannes Dlugossius. Vous y trouverez jusqu'à la couleur et le nombre de pennons pour chacune des armées (pennon: étendard porté au moyen âge par les chevaliers aux ordres d'un seigneur. Par extension, unité de combat dirigée par ce chevalier). Notez toutefois que la réalité historique est quelque peu... bousculée par l'élan épique et patriotique. Et pour ceux qui n'aiment pas lire, il existe aussi un film en couleur d'Aleksander Ford sur ce sujet.
Sinon en gros, le contexte, c'est que les chevaliers teutoniques catholiques voulaient en découdre avec les Lituaniens païens, et comme les Teutons occupaient le territoire de la PLogne (comme en 39), ben les Polacs s'allièrent aux Lithus contre eux, afin de les fout' à la porte du pays (comme en 45). Et parce que les Slaves, c'est une grande famille (Alfons était emprunt d'idéaux moraux panslaviques), les Polaco-Lithus furent rejoints par les Bohémiens, les Moraves, les Biélorusses, les Tatares (après les grandes invasions de Gengis Khan, nombreux Tatares s'établirent en Europe de l'Est, Lituanie en particulier, fin XIV ème siècle, où ils se spécialisèrent dans la restauration [steak]). Dans les rangs anti-Teutons, l'on put également dénombrer 138 pirates de la Baltique, 26 Ukrainiens sans papiers, et 17 Slovaques d'identité magyare.
La scène
Le tableau de 610 x 405 cm (en couleur) se situe à l'aube du lendemain de la bataille, au levé du soleil sur fond de nuage bas, l'astre éclairant d'une pâle lueur blafarde la pile de cadavres froids en avant plan. Sur un monticule, le roi "Władysław II Jagiełło" et son escorte contemplent silencieux l'immonde carnage, partagés par un sentiment de fierté suite à leur incontestable victoire (ça c'est le souverain), et une nausée légitime devant toute cette viande morte (ça c'est l'humain). Notez comme Wladyslaw se couvre la face de son châle, afin de prévenir les miasmes putrides d'atteindre sa noble truffe. L'on peut penser qu'Alfons partagea ces mêmes sentiments 6 ans après la fin de la grande guerre. Une victoire, certes, mais à quel prix? Tout ça pour ça!
Au centre, légèrement à la droite cependant, sur sa cape frappée de la croix teutonique, symbole de l'ordre, gît le grand maître des chevaliers teutons, "Ulrich von Jungingen". Au dessus du Teuton, légèrement à droite cependant aussi, un patriarche orthodoxe bénit et recommande à dieu tout puissant les âmes des défunts tout morts. Derrière lui, sur la gauche du tableau, un tatare prie Allah. Serait-ce le grand khan "Jalal ad Din", meneur de la horde? Notez les capes teutonnes qui jonchent le sol, comme pour bien marquer la défaite des vaincus. Notez également le cheval en avant plan, une flèche (ou un carreau d'arbalète) plantée dans le flanc. Vous retrouverez ce même symbole dans Guernica de Picasso, un cheval avec une lance plantée dans le flanc. Alors on peut y voir ce qu'on veut, et y en a velu sous le coude, mais comme disait Picasso lui-même à propos de son oeuvre, "le cheval est un... cheval". Et faut avouer qu'un cheval mort, là, juste devant, ça fait mieux qu'un panier de concombres espagnols, non?
A l'autre bout du tableau, à gauche, 2 tatars portant la classique chapka en poil de bouc trempée 6 mois dans les tripes d'une charogne de yack diarrhéique (procédé original et biologique pour éloigner les mouches) dévisagent les cadavres ennemis.
Derrière Wladyslaw et son monticule se trouvent les chefs alliés en armure. L'on peut reconnaître en particulier le grand duc lituanien Vitold (i.e. "Vytautas"), curieux personnage tantôt païen, tantôt catholique, tantôt pro-Teuton, tantôt pro-Polac. A ses côtés son frère "Lengvenis" (i.e "Simeon Lingwen"), commandant en chef des 3 pennons de Smolensk, et militaire adroit si l'on en
De sa jeunesse, on ne sait pas grand chose, sinon que très vite, il sombra du côté obscure de la force, et devint mercenaire, pilleur, gangster à son propre service, comme au service des puissants qui voulaient fout' le foin sur les terres d'autres puissants. En l'époque, c'était un vrai métier, fouteur de m... sur les terres des autres, afin qu'ils aient de quoi s'occuper et ne pensent pas à venir faire de l'ombre (dans la politique par exemple, aujourd'hui, un métier équivalent est exercé par les soubrettes de l'hôtel Sofitel de New York :-) Sa première vraie grosse connerie dûment consignée dans les annales du pays remonte à 1397, lorsqu'avec une poignée de potes, il alla piller les domaines des chapitres de "Kroměříž" et "Olomouc", comme c'était de coutume en ces samedi soirs où les discothèques n'existaient pas encore. Evidemment, cela déplut sérieusement à l'évêque (de "Olomouc") Nicolas, qui prononça aussitôt l'excommunication sur la tête des vilains bougres. Mais après l'intervention du margrave "Jošt" de Moravie, la promesse de faire repentance et ne jamais plus rapiner les domaines de l'évêque, l'excommunication fut levée en 1403 (curieux qu'un hussite se sente concerné par une excommunication catholique?). Qu'à cela ne tienne, il en restait plein d'autres des domaines, et "Jan Sokol z Lamberka" n'était ni en manque d'idée, ni en manque de commande. Ainsi en grimpant les échelons du gangstérisme semi-légal d'ampleur industrielle (aujourd'hui on parlerait de terrorisme d'état, ou de secret-défense), notre forban se retrouva au contact du roi "Václav IV", pour le compte duquel il prit en charge le pourrissement de la vie des "Rožmberk", noble famille du Sud de la Bohême soutenue par les Habsbourg, et qui prenait aux yeux du souverain que trop d'importance. Et justement, trop d'importance prenaient également les chevaliers teutons au Nord, qui, soutenus par le pape, s'en voulaient envahir la Prusse (alors païenne) et la Lituanie. Et tout ça, ben ça faisait beaucoup trop de cathos au Nord (Teutons), à l'Ouest (Teutons) et au Sud (Habsbourg, presque Teutons). Aussi lorsque le roi plonais "Władysław II Jagiełło" lui demanda de lever une armée de mercenaires et venir se joindre à la bonne fête près de "Grünwald", qu'il y aurait grillade-merguez en fin de journée, "Jan Sokol" ne se fit point prier.
Anecdotes
Alors selon Jan Długosz, le commandeur "Werner von Tettingen" de "Elbląg" fut pris de panique lors de l'attaque, et battit lâchement en retraite jusqu'à sa ville, où il fut chassé par la population tellement la honte leur pesait sur les épaules. D'autres sources prétendent qu'il fut gravement malade (et trop vieux), et ne put prendre part au combat.
Toujours selon Jan Długosz, le commandant tchèque "Jan Sarnovský" se comporta comme "Werner", sauf que lui fut chassé de la couche maritale par son épouse, tellement la honte lui pesait sur les épaules (à elle, mais pas trop à lui).
Et encore selon Jan Długosz, après l'affrontement, les ruisseaux au bas du champ de bataille aurait tourné au rouge vif à cause du sang des chevaliers massacrés à la tonne, à la hache et Allah akbar. En fait l'origine pourpre est tout' autre. Lorsque les Slaves et leurs alliés atteignirent le QG de campagne des Teutons, ils y découvrirent le magasin (de campagne aussi), et tout particulièrement les nombreuses barriques de vin sur lesquelles ils se jetèrent goulûment. Voyant cela, et afin d'éviter que la fête militaire ne se termine comme un congrès du parti con-muniste, Wladyslaw fit percer les tonneaux dont le contenu se répandit dans les ruisseaux, à la grande joie des truites et des pêcheurs.
Sous les con-munistes, les historiens soviétiques essayèrent vainement d'expliquer la victoire polaco-lituanienne par la présence parmi le commandement de généraux russes aux cotés des vainqueurs dans l'un des (sinon LE) plus grands conflits moyenâgeux d'Europe. Aussi l'on pouvait lire dans les livres d'histoire des années 60, que le "parti des forces polono-soviétiques gagna la bataille contre l'impérialisme fasciste teuton". Mais aujourd'hui, l'on sait qu'il n'en fut rien, que malgré tous les efforts des historiens archéologues bolcheviques, pas une trace de général russe ne fut retrouvée. Parmi la troupe à boucherie oui, y avait des Russes (et encore, signalons qu'en l'époque, Smolensk n'était pas russe mais lituanienne), mais aux commandes de la direction, non, pas un seul Ruskof.
Alors pour ceux qui voudraient se rendre sur le champ de bataille de "Grünwald", sachez tout d'abord que ce n'est pas en République Tchèque mais en PLogne. Ensuite si vous souhaitez toujours vous y rendre, sachez encore que c'est vraiment loin, au Nord de Varsovie, entre la capitale et Gdansk. Et si vous avez encore et toujours l'intention de vous y rendre, sachez qu'il n'y a pas d'autoroute, que des routes de campagne étroites avec des trous gros comme celui de la Sécu en plein milieu (des routes). Et si malgré tout ça, vous insistez encore obstinément pour vous y rendre quand même, sachez que ma copine "Małgorzata", originaire de la région, affirme que même les lycanthropes (particulièrement nombreux en ce pays) assistent à la messe quotidienne matin et soir. Enfin bon, si vraiment après tout ça cependant néanmoins, ben c'est là: 53°29'13.737"N, 20°7'21.779"E.