C’était au XVIIIème siècle…
« La plus méprisable des nations est aujourd’hui la nôtre, parce qu’elle n’a nulle espèce d’honneur et qu’elle ne songe qu’à l’argent et au repos. Nous touchons à la dernière période de la décadence. »
François-Joachim de Bernis : lettre du Ministre des Affaires étrangères au comte de Choiseul (1758)
Une origine du capitalisme débridé…le début de la fin ?
Partie 4/4
Le 21 mai 1721, Law baisse autoritairement le cours légal de « ses » actions à 5000 livres, lui qui avait garanti quelques mois plus tôt un cours intangible. Personne ne comprend.
Le Régent confie au duc d’Antin : « j’ai fait une étrange sottise en élevant Law….La tète lui tourne. Je ne sais comment m’en tirer. »
D’Argenson conseille de ce séparer de cet écossais.. le 28 mai, le contrôleur général Law est démis de ses fonctions. Des commissaires sont nommés pour vérifier les comptes de la Banque Royale.
Hélas, le perfide Law est de retour le 2 juin et il obtient le renvoi de d’Argenson.
Mais changer le moule ne change pas le goût du pain. Qui rendra l’or et l’argent ? La foule devient mauvaise. On brûle les liasses de papier. On troque actions et billets contre n’importe quoi, des parures, des tableaux, des bibelots, de la vaisselle, des fillettes ou des moutons.
Devant les grilles de la Banque Royale, on s’étripe. Le 10 juillet un garde tire dans le tas. Un mort, un blessé.
Une poissarde s’accroche à la portière de la voiture de Law : »S’il y avait seulement 30 femmes comme moi, tu serait déchiré. », lui jette-t-elle. Le grand homme se sauve…et laisse son cocher se faire écorcher.
La banque Royale ne convertira plus aucun billet.
Même pendant la grande famine de 1709, on ne s’est trouvé si démuni.
Un honnête paroissien de Saint-Eustache se pend après avoir tué femme et enfants.
Le duc d’Antin achète des étoffes pour les revendre avec profit.
Le maréchal duc d’Estrées fait de même avec le café et le chocolat.
Le duc de La Force a raflé toutes les chandelles de Paris pour les mettre aux enchères publiques.
Philippe d’Orléans ne sait comment calmer la tempête.la force ne pourra qu’échauffer davantage les esprits.
Il faut se séparer de cette canaille de Law. Le 16 décembre, il est tapi dans le fond de la chaise de poste de Mme de Prie. Destination Bruxelles.
De son fabuleux projet, ne resteront que des cendres
Printemps 1722.
On n’ose plus se rendre aux bals publics du Palais-Royal qu’en groupe, tant on craint de se voir détroussé par des bandes de malandrins.
L’appât du gain affole jusqu’aux plus nobles cervelles. On couvre de boue des gens fort haut placés.
Princes et marquis en viennent à plonger leurs mains dans le sang.
Le fils d’un grand d’Espagne et de la princesse de Ligne est accusé du meurtre du courtier Lacroix. Une bourgeoise est retrouvée tronçonnée en 10 morceaux dans un sac à grains.
C’est parce qu’il craint que dans le public on le conspue que le Régent va sévir.
On ne veut plus de papier.
A Pâques, on mange souvent plus de fèves rances que d’œufs en chocolat.
(Les bâtards du soleil, Eve de Castro, 1987)
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Edmund Burke, un visionnaire du 18ème siècle :
« Les français se sont montrés les plus habiles artisans de ruine qui aient jamais existé au monde. »
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Il faut refaire la France, disait un orateur
-Comme si elle n’était pas toujours refaite, la pauvre,
Dit le journaliste Aurélien Scholl (1833-1902), à cet endroit du discours.
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Henri Ford, le fabricant bien connu de véhicules automobiles a écrit :
Le véritable but de l’industrie n’est pas de faire de l’argent : l’industriel doit toujours se proposer de fabriquer des objets utiles.
La négation de l’idée industrielle est la spéculation.
C’est par l’atelier qu’il faut financer une entreprise industrielle, non par la banque.
Pour moi, une banque est surtout un établissement sûr et commode pour tenir son argent en réserve, mais je trouve mieux que le banquier me serve des intérêts que de lui en servir moi-même.
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