en poste.
La Chine avait, en effet, pour ligne de conduite de ne pas suivre les recommandations et résolutions internationales exigeant l’application
et le respect des standards démocratiques universels, au motif de l’exception culturelle. Le verrou chinois a donc sauté et avec lui les certitudes de ces régimes arabes selon lesquelles leurs
peuples seraient immatures pour la démocratie ou encore ces balivernes sur les menaces étrangères et la main étrangère… Pour la première fois depuis le début du printemps libyen le 19 mars, les
autorités chinoises ont pris contact avec les insurgés libyens regroupés autour du Conseil national de transition (CNT). “L’ambassadeur de Chine au Qatar, Zhang Zhiliang, a rencontré ces derniers
jours Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition”, a annoncé le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei, dans un communiqué, souhaitant que l’avenir de la Libye
puisse être décidé par le peuple libyen. Il s’agit là du premier contact officiel entre la Chine et les forces d’opposition libyennes.
Membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU disposant du droit de veto, la Chine s’était abstenue lors du vote en mars, ouvrant la voie à des frappes aériennes contre la Libye. Depuis, Pékin
s’est montré très critique des conditions d’application de cette résolution par les Occidentaux et a appelé maintes fois à un cessez-le-feu. En outre, la Chine est en affaire avec la Libye de
Kadhafi.
Fin février, Pékin devait organiser l’évacuation de près de 50 000 de ses ressortissants employés dans les hydrocarbures, la construction, les chemins de fer ou les télécoms en Libye. La Russie,
qui avait adopté une position similaire lors du vote à l’ONU, s’est également résolue depuis le sommet de Deauville en France du G8 à réclamer le départ de Kadhafi. Moscou, qui est le premier
fournisseur d’armes de ce dernier pour une facture de 4 milliards de dollars par an, s’apprête, selon la promesse de Medvedev, à reconnaître le CNT. Le président russe avait également annoncé
lancer une ultime médiation entre Bengazi, la capitale des insurgés et Tripoli toujours aux mains de Kadhafi, mais il a dû être refroidi par l’échec cuisant de l’UA dont le médiateur, le
président sud-africain Zuma vient de faire un voyage sans succès dans la capitale libyenne.
Depuis le 19 mars, date à laquelle les opérations militaires de l’OTAN ont commencé, la Libye est en proie à des attaques aériennes quotidiennes.
Mais ni ces raids ni les défections qui se succèdent ne poussent Kadhafi à abandonner le pouvoir qu’il monopolise depuis près de quarante-deux ans. Face à sa résistance tenace, le secrétaire
général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a annoncé la semaine dernière une prolongation de trois mois de la mission de l’Alliance en Libye, dont le terme était initialement prévu en fin juin.
Avec l’enlisement du conflit, le Congrès américain a demandé des comptes à Barak Obama.
Le président américain doit lui fournir sous quatorze jours un rapport expliquant pourquoi il n’a pas demandé au Congrès son feu vert avant de lancer les opérations, comme il doit aussi fournir
une estimation de la durée, de l’ampleur et du coût des opérations contre Kadhafi prévues par le commandement américain. Lancée mi-février, dans la foulée des révolutions de l’Égypte et de la
Tunisie voisine, le printemps libyen et la répression s’ensuivit ont causé entre 10 000 et 15 000 morts, a fait savoir l’ONU.
Au bilan des combats s’ajoute la catastrophe humaine, avec près de 1 200 personnes décédées ou portées disparues, alors qu’elles tentaient de rejoindre l’Europe en bateau. En tout, pas moins de
890 000 personnes ont fui les violences en Libye.
Article publié le 05/06/11 sur liberte-algerie.com