Pauvres riches !

En mai 2010, j’avais présenté la nouvelle tarification des repas dans les cantines scolaires, votée par le Conseil de Paris. A la rentrée 2010-2011, plusieurs mairies d'arrondissement ont refusé d’appliquer ce nouveau tarif. La mairie a dû se tourner vers le Tribunal administratif qui a ordonné aux mairies hors-la-loi de se plier à la décision du Conseil de Paris. Mais certaines d’entre elles ont refusé de rembourser aux familles le trop-perçu !

Je rappelle ici le caractère solidaire du nouveau tarif : toute famille avec un quotient familial mensuel inférieur à 1370 € voit le prix d’un repas baisser. Ce quotient correspond pour une famille avec un enfant à un revenu imposable de 3425 € et de 4110 € avec deux enfants. Un tel niveau de ressources me semble plutôt être celui des classes dites moyennes. Ces baisses sont compensées par une hausse des prix pour les parents mieux lotis. Ceux qui sont le plus pénalisés sont les contribuables avec un quotient familial mensuel supérieur à 2500 €, soit un revenu imposable supérieur à 6250 € avec un enfant et supérieur à 7500 € avec deux enfants. Pour ces infortunés, le prix d’un repas passe de 3,75 € à 5 €. Sur la base de 20 repas pris par mois, ceci entraîne un surcoût par enfant de 25 €.

Une des familles frappées par cette augmentation a demandé si elle pouvait désormais envoyer à l’école ses enfants avec des sandwiches, l’augmentation de tarif ne lui permettant plus de les inscrire à la cantine ! Il est toujours malaisé de se mettre à la place des gens mais il me semble qu’avec un revenu imposable de cet ordre, il devrait être possible de faire face à un surcroît de dépenses exprimé en dizaines d’euros. Si l’on n’y parvient pas, il devient urgent de s’adresser à quelque travailleur social pour apprendre à mieux gérer son budget.

Mais surtout, oser affirmer pareille impossibilité, c’est n’avoir aucune idée des difficultés auxquelles d’autres familles plus modestes sont confrontées et surtout, être étranger à tout sentiment de honte ou de pudeur.