Lüger [Giradiscos]
Avril 2011
Il est improbable que ce groupe – ils sont cinq – soit espagnol. Le fait qu'ils soient fascinés par le rock allemand l'est encore plus. Je voulais dire krautrock ; un rock expérimental militant né à la fin des sixties. Sur leur Bandcamp, ils citent Faust et Neu! parmi leurs inspirations, mais leur ton est bien plus moderne : ils n'expérimentent qu'en envoyant le pâté. Le chant est rare, et ce n'est pas si mal, car la voix de Daniel Fernández n'est pas transcendante et peut se révéler excessivement nasillarde. Leur son, attraction principale, est dévastateur. Lüger, c'est une musique qui ne recule jamais : des boucles de synthé, entêtantes à souhait, sont cadencées par une batterie-automate taillée au centième de seconde. On aurait aimé plus de pistes – on n'en compte que sept – et une voix plus belle ou, pour faire plus simple, inexistante. Tout n'est jamais comme on le voudrait. C'est certainement mieux ainsi. Ce n'est pas pour autant qu'on ne se fait pas plaisir. L'introduction façon « voyage au cœur des récifs de corail néo-calédoniens » est longue, mais lorsque vient l'explosion sonore soudaine de Swastika Sweetheart – clip invraisemblable –, on est comblé ; et que dire de l'animalesque Portrait of a Distant Look ! Lüger, personne n'en parle, mais c'est frais, original et inspiré. On espère qu'ils franchiront un jour les Pyrénées.♫♪