« La classe Américaine »
Après Sébastien Loeb en Rally, la France tient enfin son nouveau pilote d’élite en la personne du Manceau Sébastien Bourdais. Mais c’est qui ce Bourdais ? Surdoué aux volant de sa caisse, « Bastoun », comme on le surnomme, nous arrive tout droit des USA. Où l’histoire d’un frenchie qui a tout raflé au pays de l’oncle Sam.
2004 : champion en Champ Car. 2005, 2006, 2007 : rebelote, Bourdais réalise le quadruplé. Incroyable. Et oui car, en manque de reconnaissance européenne et après avoir essayé presque toutes les catégories possibles et imaginables, le pilote français avait été contraint de s’envoler pour l’autre rive Atlantique. Pari réussi donc puisque c’est aux States qu’il se créa son palmarès au volant des fusées de l’équipe Newman-Haas dirigée par un certain Paul Newman, acteur-réalisateur de génie (les plus cinéphiles d’entre vous ne manqueront pas de reconnaître quelques titres de films de ce dernier) et aussi passionné par le doux bruit du moteur de ses engins de course.
Dès sa première course en Champ Car, il occupa même déjà la pole position, à l’instar d’un certain Nigel Mansell en 1993. Et après une première année satisfaisante (4ème du classement + élu « Rookie of the Year »), place donc à 4 ans de règne sans partage, du jamais vu dans la discipline …
« Ce monde à part »
Les 500 Miles d’Indianapolis en 2005, les 12 heures de Sebring en 2006 (victoire), les 24 Heures de Spa en 2003 (victoire) … Sébastien touche à tout et le plus souvent avec beaucoup de brio. Comme en 2007 quand il participe à la maison aux 24 Heures du Mans (accompagné de Stéphane Sarrazin et Pedro Lamy) avec à la clé une superbe seconde place aux manettes de la Peugeot 908 n°8, juste derrière une de ces fameuses Audi. À n’en pas douter, ce n’est que partie remise pour le mangeur de rillettes. À noter également qu’il est le seul tricolore à avoir remporté l’IROC (International Race Of Champions), épreuve dominée traditionnellement par les lascars du NASCAR. En 2005, il devenait même le premier vainqueur non-Américain depuis 13 ans à triompher dans cette épreuve.
Et si « Bastoun » a trouvé sa voie dans l’automobile, il peut bien remercier Patrick Bourdais, son père, celui qui plongea dès son plus jeune âge le fiston au milieu des roues de secours et des traces de cambouis. Né le 28 février 1979 au Mans, Sébastien est en effet rapidement bercé par le bruit des moteurs avec notamment les perfs de papa qui participe cinq fois d’affilée aux 24 Heures du Mans de 1993 à 1997. Mais dès Noël 1989, Bourdais avait connu son « Heure magique », quand il reçu son premier Kart. Et vite arrivent les bons résultats : Champion de ligue Maine en 1991 ou champion de ligue cadets en 1993, entre autres. Suite logique : les monoplaces. Second en Formule Renault en 1997, champion de France de Formule 3 en 1999, victorieux sur Formule 3000 en 2002, Seb se fait bien vite un nom dans le sport automobile français. À tel point que durant l’été 2002, il est tout proche de s’engager avec l’écurie F1 «Arrows» avant que celle-ci n’arrête tout pour cause de faillite. On appelle ça la poisse, tout simplement.
« Le verdict »
Heureusement, l’épisode ricain de la carrière du frenchie va tout changer et à l’aube de siffler ses 32ème bougies, Bastoun est désormais assuré de piloter en F1 cette saison ! Il était temps. Le voilà enfin rentré dans « le clan des irréductibles ». Engagé par le team «Torro Rosso» pour cette nouvelle saison (contrat de 1 an renouvelable), l’heure est donc venue pour lui de faire « le grand saut » et d’ainsi réparer « l’arnaque » du siècle, celle de n’avoir pas vu plus tôt sur TF1 le prodige Bourdais briller sur les pistes de Magny-Cours, d’Interlagos ou bien d’Indianapolis. Au tricolore désormais de renvoyer les minots du circuit à leurs études et de prouver que son expérience va faire la différence.
Associé au jeune Allemand Sebastian Vettel, le nouveau Taureau Rouge sait cependant que les miracles seront rares à aller chercher cette saison tant la hiérarchie F1 est bien établie. « L’affrontement » avec les Ferrari, McLaren, BMW ou autre Renault est donc a priori très déséquilibré. “Je sais que l’on espère beaucoup de moi, surtout en France. Mais j’ai encore beaucoup à apprendre en F1. Mon objectif sera de me qualifier correctement, et si je parviens à marquer quelques points par-ci, par-là, je serai très content“, déclarait, conscient, le jeune marié et père de famille.
Et si l’on oublie le petit intérim de Franck Montagny sur « Super Aguri » l’année dernière, il faut remonter en 2004 et Olivier Panis sur « Toyota » pour retrouver trace d’un français en Formule 1…
De quoi certainement redonner envie à certains de troquer la sieste du dimanche après-midi contre un bon grand-prix devant son écran plat !
Vidéo - Tout le sport, France 3 - Sébastien Bourdais :
Source photo
Benoît Louis