Magazine Culture
Un bref coup d’œil jeté dans la salle suffit à constater la chose: Un baiser papillon est calibré pour un public féminin, tout plein de problématiques féminines, enrobé dans de la jolie guimauve, chaude et dégoulinante, à mi chemin entre le Marc Lévy dévoré sur la plage, et le Marie Claire du mois. Soit une compilation très rose bonbon de questions existentielles, pour les 7 à 77 ans: comment éduquer son gosse (Cécile de France), comment combler son désir d’enfant (Elsa Zylberstein), comment faire face au cancer (Valéria Golino), comment accepter la mort lorsque l’on est une gamine, comment assumer son passé lorsque l’on est vieille (Edith Scob). Rien que ça. Saupoudré de chansons sirupeuses, emballé dans des instantanés de vie désincarnés, décoré d’un Paris de carte postale, le tout sonne incroyablement faux, et fait défiler une galerie de personnages insipides, tous aussi figés les uns que les autres.
L’édulcoration maximale des drames mis en place (le médecin qui sympathise avec sa patiente, le fils rebelle qui s’entiche d’une prostituée ukrainienne, l’actrice de théâtre qui couche avec le brûleur de bagnoles), et l’inscription de ces malheurs de bobos parisiens dans un contexte socio-politique ridiculement exploité (faut voir cette séquence surréaliste des émeutes en banlieue, filmée sur du bon vieux rap!) finissent de tuer dans l’œuf cette tentative, ratée dans les grandes largeurs, d’explorer le filon du film choral. Au public féminin, on rappelle quelques noms (Céline Sciamma, Catherine Corsini, Léa Fehner) qui ont su étreindre la condition féminine de manière cinématographiquement, dramatiquement, humainement plus intense que ce catalogue-ci, chiche en sincérité, beau parleur, et qui fleure bon le copinage.