Quelque part dans un Paris encore ensoleillé, on a rencontré la voix de Karaocake histoire de comprendre un peu mieux son univers.
Qu’est ce qui t’as donné envie de faire de la musique ?
J’ai commencé à jouer toute seule chez moi. Je voulais en faire depuis longtemps mais je n’étais pas vraiment musicienne et assez timide. Un ami m’a aidé à enregistrer le premier morceau mais c’était plus un besoin, le besoin de se retrouver avec soi-même, dans ma chambre, de trouver des mélodies. Après j’ai fait des tournées, j’ai rencontré des gens et on a fini par faire un disque à trois. Rien n’a changé. L’idée c’était d’avoir envie de raconter des histoires et j’avais toujours eu envie de chanter.
Justement comment es-tu passée du solo au groupe ?
J’ai commencé toute seule en 2006 et deux ans après j’ai fait ma première tournée avec François Virot et un amis canadien de Ok Vancouver Ok avec qui j’ai tourné 3 fois. En rentrant du Canada j’ai joué à la release party de François Virot. A cette soirée Julien (de Clapping Music) m’a dit que je devais vraiment essayer de travailler avec Stéphane (Domotic) un très bon ami à moi avec qui j’avais vraiment envie de travailler mais il n’avait pas le temps. Il avait un peu besoin que je fasse mes preuve. Le concert lui a plu alors on a commencé à travailler en janvier 2009 puis Tom s’est greffé au projet. On a fini l’enregistrement l’été dernier et ça s’est super bien passé. Je veur par là dire que ça fonctionnait très bien à trois et j’avais pas envier de porter ces morceaux toute seule. Il y avait une certaine cynergie.
Karaocake, un nom un hybride, un peu comme comme ta musique, c’est de là que ça vient ?
J’ai un père fan de jeux de mots, j’ai donc grandi avec. La vérité c'est que ça vient de Carrot Cake parce que c’est le seul gâteau que je savais faire et un jour j‘en ai apporté au festival "Sous la Plage" à Paris où jouait Domotic. On ne se connaissait pas à l’époque, c'est un festival un peu dans l’esprit de la Vilette Sonique, dans un parc avec une ambiance pique-nique. J’avais fait un Carrot Cake et je lui ai demandé s’il ne voulait pas faire de la musique avec moi car je n’avais pas envie d’etre toujours sur le devant de la scène et il a accepté. Le nom Karaocake n’a donc absolument rien à voir avec le Karaoke. J’aime bien ce nom mais je comprends que l’on puisse le détester mais au moins ce n’est pas un mot qui existe comme les Doors...
Ton album est très intimiste, très sincère parfois légèrement naif, et tourne beaucoup autour de l’univers de l’enfance. Es ce que c’est quelque chose de volontaire ?
Très intime, oui, parce que je les compose dans ma chambre, seule. On ne peut pas faire plus intime. C’est très frontal au niveau des paroles mais très minimal. Naïf aussi parfois parce que c’est le côté « les première mélodies que l’on fait ». Je cherche en quelque sorte l’honêteté et l’intégrité. Dire de manière assez franche et directe ce que l’on peut ressentir plutôt que de faire des histoires un peu compliquées à message. Après « It won’t take a whole week » par exemple est très désabusée, ce sont forcément des choses qui me sont arrivées. « Eeeeeriee» est peut-être plus naïve dans le sens où c’est effectivement un morceau inspiré par l’idée de l’enfance. Pour moi c’est une période très importante. J’ai encore du mal à m’en détacher. C’est pour moi le moment le plus confortable et le plus agréable. Et j’aime bien l’univers de l’enfance, la littérature et les dessins. C’est lié au confort de la chambre, une espèce de cocon dont on a du mal à s’extirper.
Que penses-tu des comparaisons avec Broadcast ou Au Revoir Simone ?
Tom, Stéphane et moi sommes ultra fan de Broadcast. C’est hyper flateur. Il se trouve que Trish (chanteuse de Broasdcast) a écouté l’album et elle nous a envoyé un mail pour nous dire qu’elle avait bien aimé. On était très contents. La comparaison avec Au Revoir Simone est bizarre parce qu’on connaissait hyper mal. Stéphane n’avait jamais entendu une seule note du groupe, Tom non plus et moi je connaissais les tous premiers trucs comme « Stay Golden ». Ce n’est absolument pas volontaire. Si on écoute mes demos avant d’avoir travaillé avec Stéphane et Tom je pense qu’il n’y a aucun lien avec Au Revoir Simone si ce n’est qu’il y a une voix avec des synthés. Une coïncidence un peu lourde à porter car c’est systématique. Je dirais qu’il y a une douceur et un délicatesse chez Au Revoir Simone qui leur va très bien mais qu’il n’y a pas forcement dans Karaocake qui est plus sombre et plus brut.On a fait leur première partie. C'était une bonne expérience.
Quelle est ta pire expérience lors d’un concert ?
Au Pays Bas, lors de ma première tournée, je n’avais aucune connaissance technique et le casio que j'avais était un cadeau. C'était dans un squatt punk au Outresh, les gens étaient très gentils. Des punks assez costauds, je pensais que ma musique n'allait pas passer. A l’époque j’étais toute seul et pendant le concert je sais pas ce que j’ai fait mais mon synthé avait déjà un peu de mal et à un moment il s’est tout simplement arrêté, je pensais qu’il était mort. J’étais presque au bord des larmes et j’ai fini sur un petit Yamaha sur lequel je ne pouvais pas jouer toutes les notes. J’étais vraiment mal alors qu’en fait j’avais juste baissé tous les niveaux sans m’en rendre compte et j’avais oublié de changer les piles. Il y a aussi eu quelques concerts un peu loose à Berlin où il n’y avait personne, quelques un mal organisé aus Etats Unis, c’était chiant mais rien d’autre. Je pense qu’il y en a d’autres à venir mais ça va.
Qu’est-ce que tu aurais envie de changer dans ton album ?
Pas grand-chose. Je voudrais chanter encore mieux, chanter encore plus juste. Je pense que le prochain sera moins pop, plus crade avec plus de bidouillage en essayant de faire abstraction d’Au Revoir Simone. Je changerais juste le tracklisting parce que l’ordre des chansons c’est ce qui était vraiment le plus difficile à faire.
Le webzine s’appelle Clandestines, si tu avais la chance d’être dans la peau d’un personnage pendant 24h, qui choisirais-tu ?
George Orwell. J’aime tous ses livres et il a été très impliqué politiquement et était assez extreme. Il a par exemple vraiment vécu dans la rue quand il a écrit « In and out in Paris and London ». C’est quelqu’un de visionnaire dans son écriture.