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"Les Anonymes", "Le Léopard", "Morts pour rédemption"

Par Vierasouto

"Les Anonymes" de JD Ellory
Après avoir frappé fort avec "Seul le silence", Ellory a écrit "Vendetta" que je n'ai pas lu, puis, ce troisième livre sorti cette année "Les Anonymes". Visiblement, ce brillant auteur de thrillers nouvelle manière aime changer radicalement d'univers. Ici, on a affaire à ce qu'on pourrait appeler un thriller politique, ambitieux, trop sans doute, mêlant l'histoire individuelle d'un homme et le récit des exactions de la CIA, en prenant comme exemple la guerre civile au Nicaragua, les années 80 et Bush.
Le livre alterne deux parties pour les fusionner vers le dernier tiers, d'une part, l'enquête de l'inspecteur Miller, d'autre part le journal d'un anonyme qui remue ses regrets. Une femme est dévouverte morte sans son appartement avec de multiples contusions, une étiquette nouée autour de son poignet, une odeur de lavande. Il s'agit du cadavre de Catherine Sheridan qui a été assassinée selon le même protocole que trois autres femmes précédemment, les quatres victimes n'ayant apparemment aucun point commun entre elles que d'habiter seules. Miller et son coéquipier vont enquêter sur "le tueur au ruban" sans aucune piste. En creusant un peu le CV des victimes, Miller se rend compte que ces femmes n'existent pas pour l'état civil, tous leurs papiers d'identification renvoient à des comptes bidon. Le journal de l'anonyme parle de son enfance tragique, son père menuisier, sa mère mourrante, de sa rencontre avec la femme de sa vie.
Il n'y a pas vraiment d'intrigue choc dans ce thriller mais des quantités de sous-intrigues, le livre est d'ailleurs autant un drame humain, un procès des hommes politiques qu'un thriller. Le style fluide, on s'attache aux personnages tout en trouvant le temps un peu long. Comme il se dégage une mélancolie vénéneuse de ces pages, le lecteur finit par accepter de s'enliser avec Miller, flic amer, accusé à tort  du meurtre d'un proxénète, obsédé par la vision du corps de Catherine Sheridan, avec John, mystérieux professeur de littérature, dans leurs remords, leurs regrets, leur douloureuse quête de vérité, leur dépression invalidante qui les empêche de vivre autrement qu'en se forçant à faire les choses. "Les Anonymes" n'a pas la force de "Seul, le silence" mais Ellory possède l'essentiel : le style, la construction si particulière en spirale de ses livres, la noirceur  diffuse des grands écrivains américains.
"Le Léopard" de Joe Nesbo

Harry Hole est visiblement un vieille connaissance pour les lecteurs de Joe Nesbo, ancien musicien et nouveau king du polar norvégien. Mais dans "Le Léopard", le célèbre inspecteur Harry Hole est fatigué, démoli de l'intérieur, du genre à ne pas faire long feu dans les romans suivants, ce dont se  sert habilement l'écrivain, on le débusque en Asie où il a fui après l'affaire du "Bonhomme de neige" qui a disloqué sa famille. Toxico, SDF, Hole se noie tranquillement dans les méandres de Hong Kong.
On retrouve plusieurs femmes assassinées à Oslo de manière ignoble, une boule de métal à lames tranchantes ayant provoqué une hémorragie buccale, puis générale. Des femmes d'origine sociale différente, l'une est députée, l'autre prostituée, etc... Incapable de trouver le moindre indice sur le serial killer responsable de ces meurtres, la brigade criminelle envoie chercher Harry Hole pour lui demander de reprendre du service. A ces fins, on dépêche
à Hong Kong la belle Kaja Solness, lieutenant de police, pour le convaincre. Harry accepte de revenir à Oslo pour une seule raison : son père, avec qui il ne s'entendait pas, est agonisant dans une clinique, il serait temps de faire connaissance.
Le livre énorme (presque 800 pages) prend son temps. Il y a l'enquête sur le serial killer, les retrouvailles entre Harry et son père, le souvenir traumatisant de son enquête sur "Le Bonhomme de neige", sorte de Hannibal Lecter, qui lui a fait quitter la police, ayant perdu sa femme et son fils. Et puis, en parallèle, le récit joue d'une guerre des polices pas très palpitante pour le lecteur où la brigade criminelle se dispute l'enquête avec une autre antenne de la police, la Kripos, dirigée par le cruel et ambitieux Mickael Bellman, amant de Kaja. Il y aussi une histoire d'amour assez plate entre Harry et Kaja. En insert, quelques textes des pensées du serial killer par ci par là, sans grande conviction. Le livre est tellement dilué qu'on ne retrouve l'intêret que vers la fin du livre quand l'auteur se souvient de reserrer le récit sur la traque du serial killer et offre un rebondissement bien tardif. Les quelques voyages à Hong Kong, au Congo, au Rwanda, meublent plus qu'ils ne servent le livre qui est finalement plus un portrait d'Harry Hole, flic désabusé, cassé, étoile déchue, qu'un thriller haletant...



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