Alors que tout ce que le monde politico-médiatique occidental et helvète compte de bien-pensants se pâme devant les différents « printemps » de jasmin ou … de sang des pays du Maghreb, annonciateurs enfin d’une transition démocratique, la Suisse, « démocratie modèle », régresse chaque jour en terme de démocratie réelle.
Elle a passé en trente ans de l’exemple historique niais de la Landsgemeinde qui sent la crotte au régime actuel faussement démocratique entièrement détenu par les puissances de l’argent.
Bien entendu, une telle phrase va être taxée de slogan pur et simple. Or l’exemple concret des dysfonctionnements de nos institutions démontre le contraire.
En hausse de 15 % par rapport à 2009, le nombre de mandats d’administrateur détenus en 2010 par des parlementaires fédéraux s’élève à 2045. Dont près des deux tiers sont en mains bourgeoises ou extrémistes de droite. Chaque parlementaire bourgeois détient en moyenne 12 mandats d’administrateurs.
On ne doit dès lors plus parler de lobbying, mais simplement de corruption. Ces mêmes parlementaires font en effet aussi partie des formations politiques arrosées copieusement, en tant que telles, par les industries et la finance.
C’est donc dire qu’une fois assis dans leur fauteuil, les deux tiers des parlementaires fédéraux ne peuvent plus voter en leur âme et conscience, mais uniquement en fonction des intérêts financiers commerciaux qu’ils défendent. Cet état de fait se retrouve, mutatis mutandis, au niveau des cantons et bien sûr aussi au niveau des communes.
Dans nombre de communes du Nord Vaudois par exemple, les syndics que le peuple vient de réélire siègent dans différents conseils administration en violation complète des règles morales régissant le conflit d’intérêt. Tantôt dans une industrie locale, tantôt dans une entreprise de production d’énergie, tantôt dans le bâtiment ou la promotion immobilière, etc.
Continuer de tolérer ce type de « petits arrangements » revient à miner le système de l’intérieur. L’électeur ne sait en effet plus ce qui motive exactement celui pour lequel il a voté, même avec réticence. Ce même complexe de faits est l’une des causes de l’augmentation de l’abstentionnisme, et surtout de la mort à petit feu d’un exemple démocratique.
Rien ne permet de justifier deux casquettes. Rien ne permet non plus de justifier un financement de partis qui ne soit pas transparent. Mais ces deux mamelles de la politique suisse sont des chasses-gardées que personne n’ose combattre.