par Nicolas Cerbelle, le 04-06-2011
A Roland-Garros
Roger, merci pour ce merveilleux match. Est-ce le meilleur que vous ayez joué en 2011 ?
Roger Federer : Oui, je pense. Enfin, j'espère. Parce que je pense que l'on a joué à un très haut niveau. Je pense avoir très bien joué aujourd'hui. Cela a été un démarrage difficile, j'ai pu breaker, puis il a débreaké parce que c'est comme ça qu'on joue l'un contre l'autre. C'est en général un match très intense, Novak est tellement bon... Et je voulais que le match soit aussi physique que possible. J’y suis parvenu. Le premier set et le début du deuxième ont été la clé du résultat au quatrième set. J'étais donc fort mentalement. Je savais qu’il fallait conclure et éviter de revenir demain (samedi). Mais cela a été un très très grand match des deux côtés.
Est-ce qu'à un moment, vous vous êtes dit que vous pourriez perdre ce match ?
Roger Federer : Non, très honnêtement, j'avais tout à fait confiance. Je savais que ce match était à ma portée. Même si j'ai perdu le troisième set, je savais que je pouvais le battre, en tout cas c'était ce que je ressentais.
Vous êtes donc celui qui a stoppé Djokovic (41 victoires consécutives), vous avez aussi parfois arrêté Nadal. Avez-vous quelque chose contre ceux qui essaient de battre les records ?
Roger Federer : Non, mais eux aussi m'ont arrêté de temps en temps. J'ai voulu jouer un grand match et atteindre la finale de Roland-Garros. Je suis ravi de pouvoir le faire. Je n'ai pas encore gagné le tournoi. Le trophée est toujours en jeu, et j'ai hâte de jouer contre Rafa qui est mon véritable rival depuis toutes ces années. Je me souviens encore de notre première finale à Miami, et c'est comme s'il fallait que Rafa soit toujours en finale à Roland Garros…
Vous n’avez jamais battu Nadal à Roland-Garros. Etes-vous confiant pour la finale de dimanche ?
Roger Federer : On sait très bien combien de fois il m'a battu ici à Paris (Ndlr : notamment lors des finales 2006, 2007 et 2008). Mais je suis heureux de n'avoir jamais abandonné sous prétexte qu'il m'avait battu ici et je n'ai jamais arrêté d'y croire, c'est pour ça que j'ai gagné Roland-Garros en 2009 et que c'est l'une de mes plus belles victoires. J'ai à nouveau la possibilité de battre Rafa et de remporter ce trophée ici à Paris. Je sais qu'il faudra que je joue un tennis extraordinaire, j'en suis bien conscient mais j'ai déjà franchi une étape considérable aujourd'hui. Et je vais bien me préparer pour la finale évidemment.
Considérez-vous que ce soit l’un de vos trois meilleurs matches sur terre battue ?
Roger Federer : Oui, au vu de l'importance, c'est clair que c'est l’un des matches les plus attendus de ma carrière. Et être au meilleur de ma forme quand ça compte comme ça, c'est clair que cela rend les choses très constantes. Je suis très fier de ma performance aujourd'hui. Cela va certainement rester comme une victoire plus spéciale que d'autres, c'est sûr.
Quand vous jouez des coups incroyables comme aujourd'hui et que vous sentez que le public se régaler, avez-vous conscience de cela sur le moment ? Est-ce que cela nourrit votre motivation ?
Roger Federer : Oui, beaucoup même. Ce serait normal en Suisse, mais quand je joue à l'étranger et que je reçois une telle ovation, et que les spectateurs sont à ce point derrière moi, cela me rend très heureux et très fier. Cela me fait plaisir de jouer dans une telle ambiance. C'était un très, très grand match, tout le monde l'attendait, c'était plein et l'ambiance était incroyable. J'aimerais les remercier pour ce spectacle. Cela m'a certainement aidé pour gagner aujourd'hui.
Depuis l'Open d'Australie 2010, vous n’aviez plus atteint la finale d'un Grand Chelem. Le temps vous a-t-il paru long ?
Roger Federer : Non pas vraiment. Je ne passe qu’à un point de celle de l’US Open (Ndlr : contre Djokovic)… Mais je savoure, je suis en finale contre Rafa. Je pense que j'ai une bonne chance de gagner même s'il est au meilleur de sa forme.
On a l'impression que vous n'êtes pas tout à fait conscient du niveau de jeu extraordinaire que vous avez produit. De nombreux observateurs - comme Fabrice Santoro ou Patrice Hagelauer – disent qu’ils n’ont pas vu un premier set de cette intensité depuis 20 ans…
Roger Federer : Ah oui ! (Rires) Je le sens quand même ! C'est nous qui avons couru. Quand 3 à 5 jeux durent une demi heure, que chaque point se gagne à l'arrache, et qu’il faut sortir un coup de dingue pour faire un point, je suis le premier à m’en rendre compte.