Dans "Libération", Bernard Guetta s'est extasié sur le dernier discours de Barack Obama à Londres :
"Si vous êtes de ceux qui pensent que l’Occident est fini, c’est un texte à lire. Si vous pensez, comme tant de gens de par le monde, que les Occidentaux sont bien trop gras et repus pour retrouver le dixième de l’énergie des Asiatiques, que leurs taux de croissance ne rattraperont jamais plus ceux de la Chine, du Brésil ou de l’Inde, que l’Afrique émergera bientôt à son tour et que la civilisation occidentale a amorcé son déclin, lisez le discours prononcé, la semaine dernière, par Barack Obama devant le Parlement britannique. Passé largement inaperçu, proprement inaudible tant il heurte le sens commun, il dit que, non, ce siècle est bien au contraire, et plus que jamais, celui de l’Occident puisque son modèle économique, «la libre entreprise», s’est imposé sur les cinq continents et que les libertés individuelles qu’il avait codifiées soulèvent le monde arabe après l’avoir emporté de l’Europe méridionale à l’Amérique latine et de l’Europe orientale à l’Afrique du Sud. Une civilisation dont les valeurs suscitent une adhésion aussi universelle n’est pas près de s’éteindre, disaient chaque paragraphe de ce discours, mais ce n’est pour autant pas à l’autosatisfaction que Barack Obama vient d’appeler l’Europe et l’Amérique. Au faîte de son influence, a-t-il expliqué, l’Occident ne pourra continuer à rayonner que s’il reste lui-même en se réattelant aux quatre nécessités fondamentales que sont celles d’investir dans l’éducation ; de réguler un marché qui «peut faillir» ; d’assurer à ses citoyens une couverture maladie, des indemnités de chômage et une retraite et, comme il l’avait fait contre le nazisme, d’unir ses forces dans la défense de la liberté. Dans sa volonté de remobiliser l’Occident, Barack Obama a proposé (...)"
A quelques centaines de mètres de la City, le président des Etats-Unis a flatté le monde du Big Business et a confondu l'auto-organisation des peuples et des groupes avec "la libre entreprise". Les collectifs et notamment les collectifs de gratuité se retrouvent tous privatisés ! Les ténors du Big Business à Londres ont sans doute souri de voir ce Métisse dans lequel coule le sang de son père africain, dont les semblables il y a peu étaient encore les esclaves de la vieille aristocratie anglaise au Kenya, défendre l'influence et le génie de ces "maîtres". Il leur a ainsi donné la preuve de son "intégration". C'est le drame des élus issus des peuples qui accèdent aux plus hautes responsabilités : soudainement placés en situation de fréquenter le "beau linge", ils en perdent la tête, deviennent pipeulolâtres comme les autres, et vivent le reste du temps en admiration devant les puissants et les riches. Avant son élection, Barack Obama disait pis que pendre de "Washington". Depuis son élection, il est anesthésié par le cordon militaro-sanitaire qui l'entoure. Il est perdu, mais il est heureux. En outre, il vient vendre les "valeurs occidentales" au premier rang de laquelle se trouverait "la liberté" alors que son pays est en tête dans la création et l'utilisation de moyens de coercition contre les citoyens, alors que l'Etat américain est le champion dans la dénégation des droits civiques, historiquement (les années 50-60), et factuellement (le Patriot Act vient d'être reconduit). Lorsqu'il énonce les "quatre nécessités fondamentales que sont celles d’investir dans l’éducation ; de réguler un marché qui «peut faillir» ; d’assurer à ses citoyens une couverture maladie, des indemnités de chômage et une retraite et, comme il l’avait fait contre le nazisme, d’unir ses forces dans la défense de la liberté", il ferait mieux de les méditer et de faire ce qu'il faut aux Etats-Unis pour lutter contre l'extrême-droite américaine si puissante plutôt que de venir donner des leçons aux autres. Car à cause de cette extrême-droite idéologique et économique si puissante, le monde est en danger.